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Que s’est il passé il y a 8200 ans ?

Il y a 8200 ans en arrière. La Terre sort à peine d’une longue aire glaciaire quand la voici confrontée à un véritable cataclysme ! Le climat de l’Atlantique Nord est complètement bouleversé et un grand froid s’ installe sur cette partie du globe… Ce scénario glacial, révélé par les prélèvements d’un chercheur de Chicago, est-il à craindre dans le futur ?

Torbjörn Törnqvist est spécialisé en sciences de la terre à l’Université de Chicago en Illinois. C’est en analysant des prélèvements de tourbe (datation des dépôts au radiocarbone/évaluation de la tolérance végétale au sel) réalisés dans les marécages du delta du Mississipi en Louisiane pour une étude sur les modifications du niveau de la mer dans le Golf du Mexique qu’il a enfin la preuve de l’apparition brutale d’une montée des eaux il y a 8200 ans ! Un phénomène que de nombreux géologues et climatologues s’ accordaient à imaginer sans en avoir de preuves tangibles jusqu’à présent. « Certains soutiendraient qu’il s’agit du changement de climat le plus dramatique de ces 10 000 dernières années ! » s’exclame même le chercheur…

 

Une étude canado-américaine démontre que le déversement dans l’Atlantique d’un gigantesque lac, aujourd’hui disparu, aurait provoqué le refroidissement du climat européen il y a 8200 ans. Le lac Agassiz aurait rompu sa barrière de glace, vestige de la dernière période glaciaire, et se serait ensuite répandu dans l’Atlantique.

Cette importante masse d’eau froide aurait provoqué un refroidissement du climat européen pendant 200 ans. À son apogée, le Aggasiz s’étendait de l’ouest du Manitoba au Québec, et vers le sud jusqu’au Dakota du Nord et au Minnesota, soit une superficie d’environ 350 000 kilomètres carrés. Il était plus de deux fois plus grand que les actuels Grands Lacs à la frontière américano-canadienne.

Les chercheurs estiment que ce colossal déversement d’eau douce a peut-être perturbé les courants de l’Atlantique Nord, car l’Europe, où le climat est tempéré par les eaux chaudes du Gulf Stream, a connu un brusque refroidissement.

Une baisse qui, au Groenland et en Europe, aurait atteint il y a 8200 ans entre 8 et 15 degrés.

Alors que la glace fond lors d’une période de réchauffement constant (par exemple à la fin d’un age glaciaire), trop d’eau douce provenant de la glace fondue peut quelque fois se mélanger dan l’Océan Nord Atlantique.  De plus l’eau de surface se réchauffe, alors que l’eau profonde reste froide.  L’eau ne peut plus couler et dans ce cas la circulation océanique peut être stoppée dans la région.  Nous appelons cet état ‘l’événement Heinrich’. Dans le pire des cas les scientifiques considèrent possible qu’un réchauffement global cause une fonte des glaces telle que cet événement survienne.  Le ‘gulf stream’ lui-même ne s’arrêterait pas parce qu’il est créé par des vents. Mais sans l’apport d’eau chaude du courant Nord Atlantique, les régions de l’Europe et de l’Amérique du Nord pourraient se refroidir en dépit du réchauffement global.

Les informations que livrent les carottes de glace renforcent la crédibilité du scénario d’une chute des températures de 10° en 10 ans. De nombreuses carottes suggèrent qu’il y a environ 8 000 ans, s’est produit un soudain retour à une «mini-période glaciaire», qui a duré environ 400 ans. Le déversement dans l’Atlantique d’eaux de fonte venues de lacs canadiens en est, selon Taylor, la cause la plus probable: elles ont interrompu le Tapis roulant qui transportait la chaleur. «L’accroissement des flux d’eau douce en direction des océans était important, mais pas si différent de celui que l’effet de serre pourrait provoquer, écrit-il dans un article récent de la revue American Scientist. Paradoxalement, le réchauffement de la planète pourrait refroidir brutalement l’Est de l’Amérique du Nord, l’Europe et la Scandinavie.»
Alors, à quand un nouvel arrêt du Tapis roulant? Nous n’en savons rien. Les modèles informatisés n’ont toujours pas déterminé quel seuil critique de densité de l’eau de mer interromprait le Tapis, ni quelles concentrations de gaz à effet de serre seraient nécessaires pour libérer les quantités requises d’eau de fonte. 

Et aujourd’hui :

«Je croyais que les changements climatiques étaient lents et ne m’affecteraient jamais personnellement, avoue Kendrick Taylor. Aujourd’hui, je sais que notre climat pourrait changer sensiblement de mon vivant.»

Un éminent expert vient d’adresser cette mise en garde: certains pays de l’Atlantique Nord pourraient entrer dans un climat arctique en 10 ans. Autant dire en un clin d’œil à l’échelle géologique. A l’échelle humaine, une telle rapidité de changement climatique est très probablement insupportable. Une économie, une agriculture seraient-elles capables de résister à un bouleversement aussi soudain?

sources : http://www.rac-f.org/ / http://www.radio-canada.ca/ / http://www.sciencepresse.qc.ca/ / http://www.atmosphere.mpg.de/ / http://www.unesco.org/

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