Le volcan Uturuncu, connu sous le nom de volcan « zombie », montrerait des signes de réveil après 271 000 ans. Qu’en est-il réellement ?
Un volcan bolivien, longtemps endormi, connu sous le nom d’Uturuncu, ou volcan « zombie », montre des signes de réveil après 271 000 ans selon certains médias. Situé dans la cordillère des Andes, il a récemment enregistré une activité sismique et des émissions de gaz accrues. Grâce à des données satellitaires et terrestres, des scientifiques ont détecté un phénomène de soulèvement unique, appelé « sombrero », où le centre s’élève tandis que les bords s’enfoncent, ce qui suscite des inquiétudes quant à une possible éruption.
L’Uturuncu est situé en Bolivie, dans la province de Sud Lípez au Sud du département de Potosí, à 35 kilomètres de la frontière avec l’Argentine et un peu plus de 60 kilomètres de celle avec le Chili. Il se trouve à 330 kilomètres au sud-sud-ouest de Potosí et 410 kilomètres de Sucre, et 600 kilomètres au sud de La Paz. La localité la plus proche est San Pedro de Atacama, à 130 kilomètres au sud-ouest, au Chili. Le sommet s’élève à 6 008 mètres d’altitude, dans la cordillère Occidentale des Andes, ce qui en fait le plus haut du Sud-Ouest de la Bolivie. Il se trouve non loin de la laguna Colorada, la laguna Verde et le salar d’Uyuni.
Il s’agit d’un volcan en semi-sommeil : des fumerolles sont présentes et certaines mesures, depuis 1990, font état d’un gonflement de 1 à 1,5 centimètre par an sur une zone entourant le sommet. Sa dernière éruption remonterait à 271 000 ans. D’après les déformations du sol, la chambre magmatique serait en activité depuis 1992. Des mesures ont relevé une activité sismique plus sensible entre 1996 et 2003, qui se serait encore accrue à la suite des puissants séismes du Chili en 2010. L’accroissement du volume magmatique suggère une possible éruption prochaine, mais les volcanologues ne peuvent qu’en exprimer la simple hypothèse.
L’indice d’explosivité volcanique (VEI) de l’Uturuncu ne peut pas être déterminé précisément, car aucune éruption holocène (moins de 12 000 ans) n’est connue. Toutefois, une hypothèse raisonnable sur le VEI de ses éruptions passées peut être formulée à partir de plusieurs éléments géologiques et géophysiques :
- 1. Composition des laves : dacites
Les laves de l’Uturuncu sont dacitiques, riches en silice.
Les magmas riches en silice sont plus visqueux et ont un potentiel explosif élevé, car ils piègent facilement les gaz.
Hypothèse : le volcan pourrait produire des éruptions explosives (VEI ≥3) si la pression des gaz n’était pas libérée progressivement.
- 2. Éruptions passées : effusives
Les dernières éruptions connues (~250 000 ans) étaient effusives, avec peu ou pas d’explosivité.
Aucune trace de dépôt ignimbritique (nuée ardente massive) n’est associée à Uturuncu lui-même.
Hypothèse : ses éruptions observées étaient de VEI 0 à 1, voire 2.
- 3. Présence d’un large réservoir magmatique actif
Des données satellites (InSAR) ont montré une inflation du sol depuis les années 1990 : ~1 cm/an.
Cela suggère un grand corps magmatique à 15–20 km de profondeur (le « Altiplano-Puna Magma Body »).
- Hypothèse : Uturuncu pourrait être en préparation pour une future éruption potentiellement explosive, avec un VEI hypothétique élevé (3 à 6), si une déstabilisation se produisait.
- Synthèse de l’hypothèse sur le VEI de l’Uturuncu
Éléments considérésVEI hypothétiqueÉruptions passées (effusives)VEI 0–1Composition du magma (dacite)VEI potentiel 3–5Réservoir magmatique profond et actifRisque futur : VEI 4–6 (potentiel latent)
- Conclusion
Bien que le VEI passé d’Uturuncu soit estimé à 0–1, la nature de son magma et l’existence d’un système magmatique actif en profondeur suggèrent qu’en cas d’éruption future, il pourrait atteindre un VEI de 4 à 6 (plinien à sub-plinien).
Cependant, malgré son surnom inquiétant, Uturuncu ne serait pas près d’entrer en éruption selon d’autres informations contradictoires. De nouvelles recherches montrent que ses troubles proviennent de l’activité hydrothermale, et non de la remontée de magma. Cette nouvelle étude, fruit d’une collaboration entre l’Université d’Oxford, l’Université des sciences et technologies de Chine et l’Université Cornell, a utilisé les signaux détectés lors de plus de 1 700 tremblements de terre pour réaliser une imagerie haute résolution du système de plomberie de la croûte superficielle sous Uturuncu. D’après les résultats, l’agitation « zombie » d’Uturuncu est due au mouvement de liquide et de gaz sous le cratère, avec une faible probabilité d’éruption imminente.
Cette analyse détaillée a identifié d’éventuelles voies de migration ascendante des fluides chauffés par la géothermie et a montré comment les liquides et les gaz s’accumulent dans les réservoirs situés directement sous le cratère du volcan. L’équipe de recherche estime qu’il s’agit de la cause la plus probable de la déformation au centre du système volcanique, et que le risque d’une véritable éruption est faible. Credit ox.ac.uk
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