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Un monde sans cancer 3

L’incroyable défense des éléphants contre le cancer élucidée. Très peu d’éléphants meurent d’un cancer. Pourtant leur grande taille et leur longévité devraient favoriser le développement de cette maladie. Des chercheurs américains viennent de percer le secret anticancer de ces pachydermes.

On les savait intelligents, sociaux et altruistes, joueurs, capables de rituels de deuil, ou encore météorologues… mais les éléphants sont aussi plus forts que le cancer ! C’est ce que viennent d’expliquer des chercheurs américains dans une étude publiée jeudi 8 octobre 2015 dans la revue JAMA. Après avoir analysé toutes les données disponibles sur la mort naturelle des éléphants d’Afrique (Loxodonta africana) et d’Asie (Elephas maximus), les auteurs ont trouvé que « le taux de mortalité due au cancer pour les éléphants est de moins de 5% ». Un chiffre surprenant par rapport au taux de mortalité pour cette maladie qui est, chez l’homme, de 11% à 25%. L’arme secrète des pachydermes pour lutter contre le cancer ? Elle s’appelle TP53 et c’est un gène. Explications.

Le paradoxe de Peto

Logiquement, plus un animal est grand et vit longtemps, plus il risque de développer un cancer. Car les grands animaux ont plus de cellules et donc plus de risques qu’une mutation délétère responsable d’un cancer y survienne au moment de leur division (une étape essentielle lors du renouvellement cellulaire). De même, plus un animal vit longtemps, plus ses cellules se divisent pour assurer ce renouvellement. Or, il s’avère que, chez les mammifères, la mortalité due au cancer n’augmente pas avec la taille, ni avec la l’espérance de vie d’une espèce. Par exemple, les humains, qui ont beaucoup plus de cellules et vivent bien plus longtemps que les souris, ont a peu près le même risque de mourir d’un cancer que ces dernières. C’est ce que les scientifiques appellent « le paradoxe de Peto », établi dans les années 1970. Une hypothèse pouvant expliquer cela serait que les grands mammifères auraient développé des stratégies leur permettant de déjouer le cancer. Celle du champion de la lutte contre cette maladie, l’éléphant, vient justement d’être mise au jour.

TP53. Pour comprendre la résistances des éléphants, les scientifiques ont étudié un gène crucial chez les mammifères dans la prévention du cancer, appelé TP53. De fait, ce gène code pour une protéine, p53, qui « surveille » les cellules. Lorsque l’ADN de l’une d’elles est endommagé, le gène entre en action : parfois il répare les dégâts, d’autres fois il bloque la division cellulaire, d’autres fois encore il provoque l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire par autodestruction. Les personnes possédant d’ailleurs une version défectueuse de TP53 (on parle de syndrome de Li-Fraumeni) ont 90% de risques d’avoir un cancer au cours de leur vie. Ce qui démontre le rôle primordial de ce gène dans le contrôle des mutations délétères : TP53 est alors qualifié de « gène suppresseur de tumeur ». Or l’homme possède un seul TP53 (en deux « versions », ou allèles), alors que, d’après les auteurs de l’étude publiée dans JAMA, les éléphants en ont… vingt (soit quarante allèles) ! Afin de comprendre comment, dans l’intimité de la cellule de l’éléphant, le cancer est combattu, les chercheurs ont soumis des échantillons de cellules à des tests en laboratoire. Le Dr Schiffman et son équipe les ont ainsi bombardés de radiations, de produits chimiques (connus pour endommager l’ADN) et d’UV. Dans tous les cas, la réponse de la cellule éléphantine a été la même : elle s’est suicidée. Reste à déterminer comment, précisément, les éléphants utilisent leur vingtaine de TP53. « La nature a déjà compris comment prévenir le cancer. À nous d’apprendre comment les différents animaux parviennent à résoudre le problème, afin que nous puissions adapter ces stratégies pour prévenir le cancer chez l’homme », conclut le Dr Schiffman.

source : http://www.sciencesetavenir.fr/

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