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Du magma encore chaud sous les volcans d’Auvergne

Ca chauffe toujours sous les volcans endormis de la Chaîne des Puys: des chercheurs français ont découvert un gigantesque réservoir de magma encore liquide, à quelques kilomètres de profondeur. Pas de quoi toutefois faire craindre un réveil imminent des géants d’Auvergne.

Des chercheurs français ont découvert qu’un gigantesque réservoir de magma encore liquide vivait là, à quelques kilomètres de profondeur . A l’origine de cette brûlante découverte, des chercheurs du Centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG) qui entendaient cartographier la « plomberie » souterraine entre le Puy-de-Dôme et le Sarcoui, deux volcans distants de cinq kilomètres et situés à l’ouest de Clermont-Ferrand.

« Notre travail initial consistait à comprendre par où était passé le magma, comment était organisée la tuyauterie lors de sa montée vers la surface », explique Lydéric France, maître de conférence au sein de cette unité mixte de recherche du CNRS et de l’Université de Lorraine.

Pour ce faire, l’équipe de scientifiques a broyé des échantillons de roche (trachyte) non altérée par les conditions météorologiques puis analysé les isotopes de l’oxygène contenus dans ses cristaux pour obtenir des informations sur la contamination par la croûte terrestre du magma lors de son transfert vers la surface et lors de son refroidissement.

-du magma encore chaud-
Grâce à une étude comparative de diverses contaminations, les chercheurs ont pu redessiner l’enchevêtrement des différents tuyaux et réservoirs acheminant le magma depuis sa source, située à 30 kilomètres sous terre. Les données révélèrent une surprise de taille: la contamination des morceaux de roches étudiés était identique, malgré la distance séparant le Puy-de-Dôme du Sarcoui, certes voisins mais séparés par plusieurs autre volcans.
Seule explication possible, « le magma a pris un seul et unique chemin et provenait d »une même chambre magmatique située à 10, 12 kilomètres de profondeur », résume Lydéric France, l’un des auteurs de cette étude relayée dans le blog du Monde « Passeurs de sciences » et bientôt publiée dans la revue scientifique Lithos.

Avoisinant les 6 à 15 kilomètres cube, son volume serait tel que le magma n’aurait pas encore eu le temps de se refroidir pendant les millénaires qui se sont écoulés depuis les dernières éruptions, jugent encore les scientifiques qui s’appuient par ailleurs sur de précédents calculs réalisés en 2013 par l’Université d’Orléans pour renforcer leur thèse. Le magma serait donc encore « partiellement liquide », et prendrait la consistance d’une « bouillie cristalline. Le robinet est coupé mais il a encore de l’eau dans la citerne. Si la zone n’est plus volcaniquement active, elle l’est encore magmatiquement », poursuit Lydéric France.

A Clermont-Ferrand, la découverte de ce réservoir insoupçonné a suscité l’enthousiasme des vulcanologues locaux. « C’est un résultat remarquable qui ouvre la voie à une série de nouvelles études géophysiques pour affiner la compréhension du modèle des chambres magmatiques », selon le directeur du Laboratoire Magma et Volcans, Pierre Schiano, en marge l’inauguration jeudi du nouveau bâtiment de cette unité de recherche.
« La chaîne des Puys contient encore d’énormes énigmes scientifiques. C’est un objet de recherches actuel et encore une source de résultats publiables au meilleur niveau mondial », se réjouit le volcanologue Pierre Boivin, chercheur retraité du CNRS. Selon lui, la découverte d’une tel bouillon de lave prouve une nouvelle fois qu' »un réveil du volcanisme en Auvergne est possible. Comme une usine, la chaîne des Puys est encore en état de fonctionner, la tuyauterie fonctionne » .

Pas de panique, assure toutefois la communauté scientifique. Les volcans d’Auvergne étant monogéniques – ils n’entrent qu’une seule fois en éruption -, le magma ne peut pas remonter par leurs cheminées désormais scellées. « Le magma devra alors se frayer un autre passage pour remonter en surface et fracturer la roche sous la contrainte exercée, ce qui générera de la sismicité.Ce sont des signes avant-coureurs que nous sommes parfaitement en mesure de détecter. On s’en rendra forcément compte », rassure à son tour le responsable scientifique du Réseau sismologique d’Auvergne, Jean Battaglia.

source : http://france3-regions.francetvinfo.fr/

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