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Un feu souterrain menace les derniers habitants de Centralia

Depuis plus de cinquante ans, le feu ravage les sous-sols de Centralia en Pennsylvanie. A l’origine de cet incendie: un amas d’ordures qui a mis le feu aux strates de charbon sous la ville.

Le camion de pompier étincelant garé au milieu de Centralia ne servira sans doute jamais. Car le feu qui ravage cette ville de Pennsylvanie, dans l’est des Etats-Unis, est souterrain et seul le temps – sans doute un siècle ou deux- parviendra à l’éteindre.
Tel est l’étrange destin de ce bourg à quatre heures de route de New York, qu’un feu de charbon qui s’est déclaré voilà 50 ans en sous-sol a transformé en ville fantôme.

Sur une population d’environ 1.000 habitants, moins d’une douzaine de personnes sont encore là, résistant farouchement aux ordres du gouvernement d’évacuer les lieux. Jalonnant des rues aux noms de fruits (Plum street, Apple ou Grappe), subsistent des panneaux défraîchis, lampadaires et lignes téléphoniques, ainsi que quatre cimetières, mais il n’y a presque plus de maisons.

Le feu, qui continue de se consumer en rongeant les strates de charbon de cette région longtemps minière, n’est pas visible mais on le sent.
De la fumée s’échappe du sol craquelé et brûlant de la route 61, aujourd’hui impraticable et couverte de graffitis, complétant ce tableau de fin du monde.
Les visiteurs, en particulier les journalistes, ne sont pas les bienvenus.
« Ma mère me tuerait si elle me voyait vous parler », lance un homme depuis le seuil de sa maison.

Des ordures ont mis le feu au charbon
Une légende raconte qu’au XIXe siècle un prêtre catholique aurait maudit Centralia en déclarant: « Un jour cette ville sera effacée de la surface de la Terre ».

La vérité est plus terre à terre: en mai 1962, un amas d’ordures brûlantes est entré en contact avec la couche de charbon qui se trouve dans le sous-sol de la ville.

Plusieurs opérations ont été tentées afin d’éteindre le feu, notamment le creusement de tranchées, mais l’incendie s’est propagé à tout le réseau des anciennes mines de charbon.
Les habitants de Centralia ne se sont aperçus des risques que progressivement: le taux de monoxyde de carbone dans l’air a grimpé, la route s’est craquelée, puis en 1981, un garçonnet a failli être englouti dans une crevasse soudainement apparue sous ses pieds.
Dans les années 1980, le Congrès américain a débloqué 42 millions de dollars afin de racheter les terrains aux résidents. Dix ans plus tard, les autorités de Pennsylvanie utilisaient leur droit de préemption sur toutes les propriétés, poussant le reste des habitants à la porte.
Mais cela n’a pas empêché une poignée d’irréductibles de s’accrocher à leur maison.
« Cela fait 50 ans que j’habite ici », jette un homme de son perron avant de claquer la porte. « Je n’aime pas changer d’adresse ».

Plus de 100 ans pour éteindre l’incendie
Anne Marie Callahan Devine, maire de Centralia de 1985 à 1993, raconte que les habitants se sont sentis abandonnés par les autorités.
« Le gouvernement a trouvé plus facile et moins coûteux d’exclure les gens, plutôt que d’éteindre le feu », s’insurge l’ex-élue. « Ils estiment qu’il faudra entre 100 et 300 ans pour que le feu s’éteigne. C’est triste ».
Tout le destin de cette région est lié aux éléments qui occupent son sous-sol, dont l’anthracite, un type de roche carbonée très combustible.
Alors que le feu consume Centralia, une importante opération de minage a lieu un peu plus loin, au sommet d’une colline.
« Il y a du charbon juste sous les buissons, » relève un habitant de Centralia, avec une voix où percent à la fois fierté et amertume.
Source :
http://www.lematin.ch/

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