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Climat des à-coups insoupçonnés

Les changements climatiques ne sont pas nécessairement lents. De récentes études prouvent que des «basculements» se sont déjà produits en moins d’une décennie…

La verte Irlande transformée en désert de glace. Au large des côtes françaises, des phoques du Groenland nagent entre des morceaux de banquise. Des ours polaires rôdent dans les rues d’Amsterdam…

Telles sont les images qu’évoquent les toutes dernières recherches sur le réchauffement de la planète. Vous avez bien lu: réchauffement de la planète, c’est-à-dire hausse de la température moyenne à la surface du globe due à la rétention de la chaleur solaire dans l’atmosphère par la pollution. Pis, les mêmes recherches suggèrent que ce changement radical de climat en Europe du Nord pourrait se produire en 10 ans seulement.

Pas de faute de frappe: il ne manque aucun zéro à ce chiffre. Des scientifiques ont récemment mis en évidence que le réchauffement de la planète peut avoir un impact dévastateur en un temps infiniment plus court que nul ne l’aurait cru possible, qui ne se compte ni en siècles, ni en décennies mais en années : ce phénomène brusque est appellé «basculement» climatique. Un éminent expert vient d’adresser cette mise en garde: certains pays de l’Atlantique Nord pourraient entrer dans un climat arctique en 10 ans. Autant dire en un clin d’oeil à l’échelle géologique.

A l’échelle humaine, une telle rapidité de changement climatique est très probablement insupportable. Une économie, une agriculture seraient-elles capables de résister à un bouleversement aussi soudain? Sahara: nouvelles explications Ce que ces modèles ont montré, souligne Taylor, c’est que réduire les émissions polluantes fait gagner du temps – en ralentissant le rythme du réchauffement de la planète, mais aussi en faisant évoluer le climat de façon plus lente. Mais, tandis que les scientifiques s’efforcent de saisir sur leurs superordinateurs toutes les complexités du climat, d’autres causes de changements climatiques radicaux commencent à être évoquées.

En juillet 1999, le professeur Martin Claussen et ses collègues de l’Institut climatologique de Potsdam (Allemagne) ont publié des données tendant à prouver que l’actuel désert du Sahara a été créé il y a 5 500 ans seulement: un basculement du climat a transformé de vastes étendues de verts pâturages en terres arides et détruit d’antiques civilisations. A l’aide d’un modèle informatique sophistiqué de la terre, de la mer et de l’atmosphère, ces chercheurs ont vu à quel point peuvent être subtils certains des phénomènes susceptibles de transformer des variations du type de celles relevées par Milutin Milankovitch (dans l’orbite de la Terre) en bouleversements climatiques majeurs. Ils ont déterminé qu’au cours des 9 000 dernières années, l’attraction gravitationnelle des planètes a modifié l’inclinaison de l’axe de la Terre d’environ un demi-degré, et déplacé d’environ cinq mois le moment où elle est le plus près du Soleil. En eux-mêmes, des changements aussi limités n’auraient pas dû avoir d’effets climatiques importants. Mais, quand Martin Claussen et ses collègues ont inclus l’effet végétation dans leur modèle informatique, ils ont découvert qu’il provoquait l’effondrement des précipitations sur la région du Sahara. Ils ont expliqué ce phénomène par une «boucle de rétroaction»: une légère diminution de la végétation permet à la surface de la terre de refléter légèrement mieux la lumière du soleil, ce qui diminue la pluviosité, ce qui réduit davantage la végétation, etc.

Selon Martin Claussen, c’est cette boucle qui a fait de l’immense Sahara verdoyant une étendue désolée en quelque 300 ans: «Ce fut le plus grand changement du couvert terrestre dans les 6 000 dernières années», estime-t-il.

Cette découverte va probablement contraindre les historiens à repenser leurs analyses du passé de cette région. Pour Martin Claussen, elle contredit l’idée reçue selon laquelle l’agriculture s’est effondrée parce que les paysans antiques avaient épuisé le sol: «Des hommes ont certes vécu au Sahara et exploité la terre jusqu’à un certain point, mais nous pensons que cette activité n’a joué qu’un rôle négligeable». Ces résultats sont également reçus comme un nouvel avertissement sur l’instabilité potentielle de notre propre climat. «Il pourrait changer très abruptement, affirme le climatologue Andrew Goudie de l’Université d’Oxford. Nous savions que la superficie du Sahara n’a cessé d’osciller comme un yoyo pendant des millions d’années, et qu’il y a 8 000 ans, il était bien plus humide qu’aujourd’hui, avec de grands fleuves qui se jetaient dans le Nil. Mais je n’avais pas compris à quel point le changement avait été rapide. C’est salutaire.» Basculements au Nord

En ce même mois de juillet 1999, une équipe de chercheurs des Universités d’Illinois et du Minnesota annonçait la découverte d’un autre basculement climatique dans l’hémisphère Nord: il a temporairement replongé la région dans une période glaciaire il y a environ 9 000 ans. Travaillant sur des sédiments lacustres du Minnesota, cette équipe a confirmé l’existence du refroidissement d’il y a environ 8 200 ans, qu’avaient révélé les carottes de glace. Mais elle a aussi trouvé la preuve d’une autre chute des températures il y a 8 300 à 8 900 ans. Elle pense que ce premier coup de froid est lié au déversement des glaces fondues des lacs dans l’Atlantique, qui pourrait avoir interrompu le Tapis roulant.

Les chercheurs estiment à présent que le second a très probablement une autre cause – inconnue à ce jour. Une chose est claire: tant que nous n’en saurons pas davantage sur les complexités des changements climatiques, toute estimation du temps qu’il nous reste pour prendre des mesures est exclue. Mais il ressort toujours plus nettement des données dont nous disposons qu’il pourrait être infiniment plus court que nous le pensions. «Je croyais que les changements climatiques étaient lents et ne m’affecteraient jamais personnellement, avoue Kendrick Taylor. Aujourd’hui, je sais que notre climat pourrait changer sensiblement de mon vivant.»

source : http://www.unesco.org/courier/1999_11/fr/planete/txt1.htm

Croire que cela arrivera dans 100 ans est une blague mal placée, les avertissements sont donnés, pourquoi continue t-on à les ignorer ?

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