Fukushima : Mais où se disperse la radioactivité ?
Suite de la catastrophe Japonaise de Fukushima, une radioactivité sans précédent a touché les côtes japonaises et l’océan pacifique. Mais que devient cette pollution nucléaire ? Est elle réellement diluée ?
Une situation océanique complexe qui joue sur la dispersion. « Pour ne rien arranger, la région étudiée se situe à la frontière entre 2 grands systèmes océaniques » rappelle la scientifique. Les eaux chaudes du Kuroshio, homologue pacifique du Gulf Stream, y côtoient des eaux plus froides. « Les écarts de température, de l’ordre de 12 à 15°C créent de gros tourbillons, qui participent à la dispersion des radioéléments vers le nord ou vers le sud » souligne Claude Estournel…
Les images satellites des régions où la circulation océanique est particulièrement intense permettent d’anticiper à plus long terme les trajectoires.
A l’heure actuelle, la contamination en mer est principalement localisée le long des 50 km de côte au nord et au sud de la centrale. Suivant la distance, les mesures s’échelonnent de quelques 10 000 Bq/L à 100 Bq/L. La dilution au large est, proportionnellement, 10 fois plus importante.
L’IRSN et l’IAEA, tous 2 intéressés par le modèle du groupe SIROCCO, soulignent la nécessité d’étudier l’impact de la pollution radioactive sur les chaînes alimentaires.
Bulletin d’analyse des courants dans les eaux du Pacifique Nord au 12 avril 2011 (en rouge le Kuroshio). Crédits : Mercator Océan.
Donc à suivre le courant Kuroshio, la radioactivité devrait se diluer sur l’est du pacifique et plonger dans les abisses de l’océan. L’impact sur la faune et la flore reste incontournable. A l’heure actuelle, les discours rassurants des officiels sur cette radioactivité ne doivent pas nous faire oublier que les mêmes discours ont eu lieu en 1986 lors de la catastrophe de Tchernobyl.
Que vont devenir les milliers de tonnes d’eau radioactive de Fukushima Dai-ichi déversées dans l’Océan Pacifique ? Evidemment il va y avoir dilution, mais le problème est la longévité des radionucléides : il faut par exemple 300 ans au césium pour qu’il perde sa radioactivité et des milliers d’années pour le plutonium.
Une partie de ces éléments va se déposer dans les fonds marins proche du Japon, une autre va être comprise dans la chaine alimentaire pour se retrouver concentrée dans la chair des plus gros prédateurs marins, une autre partie enfin va rester en suspension dans l’eau et se déplacer avec les courants.
Les deux courants principaux qui circulent au large de la côte est du Japon sont le Kuroshio (chaud) et l’Oyashio (froid). Ils forment, à la hauteur du 40e parallèle, le courant du Pacifique Nord. Giratoire, celui-ci se dirige vers la Californie et revient ensuite vers les Philippines, puis le Japon. Ce périple dure de trois à quatre ans.
Mais quand on voit la carte des courants marins du monde, on constate que les eaux et les courants se mélangent et finissent par visiter la terre entière.
Enfin, sans attendre les courants, les animaux marins migrateurs accéléreront la dispersion mondiale sous-marine des radionucléides.
Voici le rapport de L’IRSN au 29 avril 2011 sur les éléments en mer :
L’eau de mer
Les mesures effectuées pendant plusieurs jours dans l’eau de mer à proximité immédiate de la centrale (quelques centaines de mètres) ont montré une forte contamination du milieu marin, conséquence de l’écoulement vers la mer d’une partie des eaux très contaminées présentes dans les unités accidentées. L’impact de ces rejets liquides a été observé à partir du 21 mars à proximité de la centrale.
Les concentrations en radionucléides décroissent lorsque l’on s’éloigne de la centrale de Fukushima Dai-Ichi. Elles sont environ 10 fois plus faibles à 15 km de la centrale et 100 à 500 fois plus faibles à 30 km.
A la distance de 30 km des côtes pour les latitudes situées entre Dai-ichi et Dai-ini :
– En surface, les concentrations en césium 137 et en iode 131 ont augmenté après le 30 mars pour atteindre respectivement 190 Bq/L et 160 Bq/L le 15 avril, conséquence de la progression vers le sud de la pollution radioactive ;
– En profondeur les concentrations mesurées sont inférieures à 15 Bq/L pour l’iode 131 et 10 Bq/L pour le césium 137 (3 valeurs sur 4 sont inférieures à la limite de détection).
Les poissons et les autres espèces marines
Pour mémoire, les niveaux maximaux admissibles fixés par les autorités japonaises pour les produits de la mer après l’accident de Fukushima sont 2000 Bq/kg pour l’iode 131 et de 500 Bq/kg pour le césium 137.
L’espèce de poisson qui présente les niveaux de contamination les plus élevés est l’anguille des sables ou lançon japonais (Ammodytes personatus). Cette espèce est pêchée localement et de façon saisonnière (janvier à avril). Les niveaux les plus élevés ont été atteints le 13 avril chez des individus débarqués au port d’Iwaki dans la préfecture de Fukushima : 12000 Bq/kg en iode 131, 6200 Bq/kg en césium 134 et 6300 Bq/kg en césium 137. Les prélèvements les plus récents disponibles (Iwaki) indiquent toujours une contamination considérable des lançons (3900Bq/kg d’iode-131 et 14400Bq/kg de césiums).
Les autres valeurs concernant les produits de la mer se situent généralement au-dessous de 200 Bq/kg pour l’iode 131, et de 100 Bq/kg pour les deux isotopes du césium.
sources : http://www.techno-science.net/ / http://fukushima.over-blog.fr/ / http://www.irsn.fr/
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