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Arrêt du Gulf Stream en bref

Torbjörn Törnqvist est spécialisé en sciences de la terre à l’Université de Chicago en Illinois. C’est en analysant des prélèvements de tourbe (datation des dépôts au radiocarbone/évaluation de la tolérance végétale au sel) réalisés dans les marécages du delta du Mississipi en Louisiane pour une étude sur les modifications du niveau de la mer dans le Golf du Mexique qu’il a enfin la preuve de l’apparition brutale d’une montée des eaux il y a 8200 ans ! Un phénomène que de nombreux géologues et climatologues s’accordaient à imaginer sans en avoir de preuves tangibles jusqu’à présent. « Certains soutiendraient qu’il s’agit du changement de climat le plus dramatique de ces 10 000 dernières années ! » s’exclame même le chercheur…

Gulf Stream : le « chauffage » de l’Atlantique Nord

Petit rappel auparavant sur l’état actuel du climat dans la partie atlantique de l’hémisphère nord. Le Gulf Stream est un courant constamment présent en Atlantique Nord. C’est à lui que nous devons la persistance de climats plutôt chauds sur la côte Est des Etats-Unis, et tempérés en Europe de l’Ouest. En effet, il appartient à un courant de taille supérieur qui prend naissance dans les eaux chaudes du golfe du Mexique, puis passe entre Cuba et la pointe de Floride (sa température est comprise entre 30 et 35°C dans cette zone).

C’était donc il y a 8200 ans : la planète quitte son dernier âge de glace. Les températures remontent et les calottes de glace aux pôles commencent à fondre. Mais c’est surtout un réservoir colossal, le Lac Agassiz, dont l’eau douce semble avoir creuser dans la baie d’Hudson (pourtant véritable barrage de glace) qui est suspecté d’avoir engendré un flux d’eau gigantesque. Ainsi, en à peine quelques mois, celui-ci s’engouffre dans le courant salé atlantique nord…

Le niveau des mers monte. Eaux douces et salées se mélangent, modifiant la densité générale : le Gulf Stream est totalement perturbé et ne parvient plus à réchauffer le climat de part et d’autre de l’Atlantique Nord… Les régions sur lesquelles est sensé veiller le Gulf Stream sont soudain plongées dans un froid profond et durable. Quel changement climatique brutal ! Il faudra certainement plus d’un siècle pour que l’équilibre eau douce/eau salée se rétablisse, que les courants océaniques s’ajustent et que les températures reviennent à la normale…

Notre futur ?

Torbjörn Törnqvist publie son étude ce mois-ci dans la revue en ligne Geophysical Research Letters . Il explique l’importance de bien comprendre ce phénomène passé : « si nous pouvons mesurer l’augmentation du niveau de la mer il y a 8200 ans, nous pourrons être capable de convertir ceci en une quantité mesurable d’eau douce. Avec nos premières données, nous savons maintenant que l’augmentation du niveau de la mer était probablement inférieure à 1.2 mètre, un chiffre inférieur à plusieurs estimations publiées auparavant. »

L’apport d’eau douce supplémentaire, suite à des précipitations plus intenses, empêcherait le Gulf Stream de plonger en Arctique vers les fonds océaniques et donc enrayerait la vaste machine climatique mondiale. Ce qui à terme interfère, voire bloque en surface le Gulf Stream.

Conséquences: avec un Gulf Stream connaissant des ratés, l’Europe, privée de ses effets, plonge à son tour dans une nouvelle période froide. En clair, les hivers à Lisbonne risquent ainsi de devenir aussi rigoureux que ceux de New York. Utopie ? L’histoire climatique de notre planète montre que de tels phénomènes dus à un apport considérable d’eau douce dans les eaux de l’Atlantique nord (suite au déchargement massif des glaces de l’inlandsis américain) ont déjà enrayé la mécanique du Gulf Stream.

…tandis que les pays industrialisés se révèlent incapables de réduire leurs émissions de CO2
Un nouveau rapport publié par le WWF montre sans équivoque que les gouvernements des pays de l’Arctique* doivent sans délai réduire leurs émissions de dioxyde de carbone : ce rapport est le plus complet jamais réalisé sur les effets dévastateurs du changement climatique dans cette région.

Le rapport, intitulé The Arctic Climate Impact Assessment (Evaluation de l’impact du climat dans l’Arctique) ou en abrégé ACIA*, est le résultat des travaux menés par quelque 250 scientifiques à la demande des gouvernements des pays de l’Arctique. Il prouve de manière irréfutable que le changement climatique est une réalité dans cette région et que ses effets ne pourront que s’accélérer et s’aggraver, à moins que les émissions de dioxyde de carbone soient réduites. Un réchauffement du climat de l’Arctique aura des conséquences au niveau de la planète tout entière, en contribuant au réchauffement climatique global et à l’élévation du niveau des mers.

“Une fonte massive des glaces est d’ores et déjà en cours”, a déclaré Jennifer Morgan, directrice de la Campagne changement climatique du WWF. “Les pays industrialisés sont en train de se livrer à une expérience qu’ils ne contrôlent pas en se contentant d’étudier les effets du changement climatique : l’Arctique est leur premier cobaye. Cette démarche est erronée et immorale. Les gouvernements de ces pays doivent réduire immédiatement les émissions de CO2.”

Des chercheurs de plusieurs centres de recherche comme le Geophysical Fluid Dynamics Laboratory du gouvernement américain à Princeton (New Jersey), l’Université de Colorado à Boulder, le Potsdam Institute for Climate Impact (Allemagne), ou la Woods Hole Oceanographic Institution alimentent un débat qui anime actuellement la communauté des climatologues.

La question est de savoir si le Gulf Stream pourrait s’arrêter et laisser alors une partie de l’Amérique du Nord et l’Europe en proie à un grand froid .

Le Gulf Stream dépend de l’activité des sites thermohalins à l’est du Labrador et au nord de l’Irlande où des courants d’eaux chaudes venus des tropiques rencontrent des masses d’eaux froides, qui repoussent les courants chauds en profondeur et vers le nord. Ceux-ci conservent leur chaleur qui se dissipe et réchauffe les latitudes septentrionales.

Ces phénomènes thermohalins dépendent à leur tour du contenu en sel des courants froids assez  » lourds  » pour perturber les courants chauds.

Un apport augmenté en eaux raîches – plus légères – par le dégel actuel de pans entiers de la calotte polaire permettrait aux eaux chaudes de se disperser plus vite, ce qui pourrait bouleverser, voire arrêter, les mécanismes des sites thermohalins.

Si les chercheurs s’accordent à penser que les grands courants de l’Atlantique Nord sont en pleine mutation, l’hypothèse de l’arrivée soudaine d’un  » Grand Froid  » reste cependant très débattue.

Le phénomène de la fonte des glaces s’accélère au delà de toutes les prévisions :

Une très grande partie de la Sibérie occidentale connaît actuellement un dégel sans précédent qui pourrait accélérer le réchauffement climatique, rapporte l’hebdomadaire britannique New Scientist. Des scientifiques de retour de cette région russe ont déclaré que la plus vaste zone gelée de la planète était en train de fondre, pour la première fois depuis sa formation il y a 11.000 ans. En fondant, le permafrost d’un million de kilomètres carrés – soit la superficie de la France et l’Allemagne réunies – pourrait libérer dans l’atmosphère des milliards de tonnes de méthane, un gaz à effet de serre, indique le magazine sur son site internet. La découverte a été faite par Judith Marquand de l’université britannique d’Oxford et le botaniste Sergueï Kirpotine de l’université de Tomsk, en Russie. M. Kirpotine a estimé que ce phénomène était « probablement irréversible et sans aucun doute lié au réchauffement climatique ».Toute la région sub-arctique de la Sibérie occidentale a commencé à fondre, a-t-il ajouté, et cela « s’est produit au cours des trois ou quatre dernières années ».

Avec tout ceci, qui peut dire que cela va arriver dans 100 ans ? Car les estimations les plus « calculées » annoncent l’arrêt du Gulf Stream dans 1 siècle. On a annoncé 5, 6°, et dernièrement 11° d’augmentation des températures. Mais avec ces hydrates de méthane qui s’échappent du permafrost, la glace va fondre en apportant de l’eau douce dans l’Atlantique Nord. Les océans vont s’élever beaucoup plus rapidement. Ces évènements se bousculent et se succèdent non pas à l’échelle de dizaines d’années mais de simplement quelques petites années. L’effet exponentiel climatique est engagé et aucun calcul ne saura prévoir le futur.

Et si le Gulf Stream s’arrétait actuellement ? On rappelle cet article au sein de la Terre du Futur : Que se passe t-il dans l’Atlantique Nord ? Des records de froid sont actuellement enregistrés un peu partout sur l’Hémisphère Nord, alors que se passe t-il réellement ? Tous les ingrédients sont réunis pour que le Gulf Stream décide de montrer ses effets négatifs. La baisse de l’intensité solaire qui agit durablement sur le Gulf Stream, la fonte des glaces, des glaciers, de la banquise, du permafrost, des précipitations accrues, bref le choc du Gulf Stream ne semble vraiment pas pour dans 1 siècle mais maintenant, aujourd’hui et en ce moment même. Le plus étonnant c’est que c’est l’ensemble des pays les plus exposés autour du cercle polaire qui semblent touchés. Faut il rappeler que l’été finit à peine ? Toutes les températures relevées sont en dessous des normes habituelles. Alors où est ce fameux réchauffement global ? Il semble qu’il a commencé à contrarier suffisamment le climat et les océans pour que la machine commence à dérailler dans les extrèmes.

sources :

http://www.easyletter.net/users/81/Articles/Billet_Breuzard_Glaciation.htm / http://europa.eu.int/comm/research/rtdinfo/special_pol/04/article_2603_fr.html / http://www.wwf.be/fr/index.cfm?group=news&menu=newsroom.cfm&page=newsroom/lire.cfm&id=259 / http://www.easyletter.net/users/81/Articles/Elements_Glaciation.htm / http://forums.infoclimat.fr/index.php?showtopic=10396&st=0 / AFP

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