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Années froides dans climat chaud, un mystère ?

Ici le réchauffement climatique contre le refroidissement.

Sylvestre Huet – Puisque 2008 n’est pas plus chaud que 1998, c’est que le climat ne se réchauffe pas. L’affirmation semble reposer sur un solide bon sens. Et donner du grain à moudre au climato-scepticisme. D’où l’effort de pédagogie réalise par deux scientifiques américains, David Easterling et Michael Wehner, du National Climatic Data Center et du Lawrence Berkeley National Laboratory.

 

Leur étude, publiée le 25 avril dernier dans Geophysical Research Letter, se demande durant combien de temps on peut enregistrer une contre-tendance de stabilité voire de refroidissement dans un climat qui se réchauffe a long terme. Réponse: au moins dix ans! Cette assertion qui peut surprendre ne fera pas sursauter un météorologiste habitué à mesurer l’importante variabilité du climat, d’une année sur l’autre. Mais seule la statistique fait percevoir à quel point cet adage météo est vrai. La démonstration repose d’abord sur l’analyse du passe récent.

Ainsi, quel crédit apporter à l’affirmation : « Entre 1998 et 2008, le climat ne se réchauffe pas »? C’est vrai, reconnaissent les deux auteurs, puisque 2008 est légèrement plus froid que 1998. Malicieux, ils pointent deux autres périodes récentes qui présentent la même caractéristique. Ainsi, si l’on compare 1977 et 1985, point de réchauffement. Même constat si l’on compare 1981 et 1989. Pourtant, il suffit d’élargir l’horizon temporel, de mesurer l’évolution du climat de 1975 a 2008, pour voir apparaître… la hausse de 0,6°C proclamée par les climatologues. Il suffit donc de choisir à dessein deux années de comparaison pour mettre en évidence une tendance au refroidissement. Facile, du coup, de tromper le public, et sans risque d’être démenti car les chiffres avancés sont exacts.

Puis, les auteurs se sont demandés quelle allure la courbe des températures présente dans une simulation numérique du climat entre 2000 et 2100, booste par les émissions de gaz a effet de serre. Résultat: alors que le réchauffement simule est de 4°C sur le siècle, des périodes de dix a quinze années de refroidissement apparaissent. Pourtant, les simulateurs n’ont inclus ni éruptions volcaniques majeures ni coups de mou du Soleil, facteurs de froid. La capacité de ce modèle numérique à simuler des variations à la baisse durant des périodes longues, malgré l’augmentation de l’effet de serre, plaide en sa faveur tant cela ressemble à ce que l’on a observe depuis un demi siècle.

Cette analyse relativise l’intérêt des comparaisons d’une année sur l’autre. D’autant, note ironiquement Edouard Bard, climatologue et professeur au Collegede France, « que les incertitudes sur l’estimation de la moyenne mondiale de la température sont souvent supérieures aux écarts entre années proches ». Il est toutefois possible de tirer un renseignement d’une année isolée, si on l’intégrait dans un cadre temporel plus large, remarque Edouard Bard: « Certes, l’année 2008 est plutôt froide, mais uniquement relativement aux sept dernières années et a 1998. Pourtant, 2008 fait partie des dix années les plus chaudes depuis plus de cent ans. Et ceci alors que deux facteurs jouent en faveur du froid: l’océan Pacifique tropical a connu une Nina qui étend les eaux froides a sa surface, et le Soleil était au minimum de son cycle. »

source : http://sciences.blogs.liberation.fr/

 

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