L’hémisphère sud accusé de ralentir la circulation de l’Atlantique
En 2008 nous avions vu l’influence des quarantièmes rugissants sur le courant du Gulf Stream !
La circulation de l’océan atlantique apporte la chaleur des Tropiques vers le nord et permet à l’Europe de jouir d’un climat plutôt clément. Un ralentissement a été observé ces dernières années, faisant craindre à l’avenir un changement climatique rapide. Une nouvelle étude confirme qu’il y a bien un ralentissement mais qu’il faut l’attribuer non pas à la fonte des glaces du Groenland mais aux modifications d’un courant de l’hémisphère sud…
Dans le passé, d’importantes réorganisations de l’AMOC ont déjà eu lien en l’espace d’une décade, voire moins. Des modèles prévoient que cela pourrait cette fois se produire en quelques siècles. La fourchette est assez large, de 10 à 250 ans.
Dans une étude parue fin mars 2015 (Nature Climate Change), des chercheurs emmenés par Stefan Rahmstorf, du Potsdam Institute for Climate Research, estimaient que le réchauffement climatique dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre avait déjà commencé à ralentir sérieusement la circulation océanique dans l’Atlantique Nord. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait bien prévu un affaiblissement d’ici la fin du 21è siècle, mais pas aussi rapide que dans l’étude de Rahmstorf.
Une nouvelle étude dirigée par Kathryn Kelly, océanographe à l’Université de Washington, remet en cause ce scénario basé sur la fonte des glaces arctiques. Publié dans la revue Geophysical Research Letters, l’article confirme le ralentissement de l’AMOC mais elle lui trouve une autre origine : des changements de l’autre côté de la planète, dans l’Hémisphère Sud.
Kathryn Kelly a examiné des données issues des satellites et des instruments en mer au large de Miami qui ont permis de suivre la circulation de l’Atlantique sur plus d’une décade. Il y a bel et bien eu un ralentissement depuis 2004.
Mais la cause ne serait pas la fonte des glaces du Groenland : la scientifique de l’Université de Washington affirme que le ralentissement observé sur 10 ans ne peut être lié à la salinité. Car malgré une fonte plus importante, les eaux de surface de l’Arctique sont plus salées et plus denses, car il y a aussi moins de précipitations. Cela signifie que le ralentissement ne peut être imputé à une mer plus douce.
Si donc l’Atlantique est plus salé et que la circulation ralentit, c’est qu’il doit y avoir une autre cause. Les auteurs de l’étude ont observé une connexion avec un courant proche de la pointe sud de l’Afrique du Sud, le Courant des Aiguilles. Il apporte de l’eau chaude de l’Océan Indien en direction de l’Atlantique. A la pointe de l’Afrique du Sud, il opère un retour vers l’est mais une partie du courant s’échappe vers l’Atlantique.
L’étude de Kathryn Kelly montre que les fuites du Courant des Aiguilles sont liées à la quantité de chaleur transportée vers le nord par la circulation océanique. Les deux mouvements sont donc connectés, même si l’étude ne permet pas de dire lequel des deux phénomènes tire l’autre. Mais Kathryn Kelly estime qu’il est plus probable que la cause du mouvement soit le Courant des Aiguilles. Le courant n’est peut-être pas conduit par les changements de salinité mais par les vents de l’Océan Austral.
Pourrait-on voir à l’avenir un refroidissement en Europe ? A plusieurs reprises, depuis la fin de la dernière déglaciation, il y a 20 000 ans, la circulation s’est ralentie dans l’Atlantique nord, ramenant le climat à des conditions glaciaires.
Aujourd’hui, le contexte est différent et un arrêt complet de la circulation n’est pas envisagé : il n’a selon le dernier rapport du GIEC que 10% de chances de se produire au cours du siècle prochain. Certaines études estiment que cela pourrait se produire plus tôt.
Ce ralentissement se déroulerait aujourd’hui dans un contexte de réchauffement climatique global dû aux gaz à effet de serre. Des simulations climatiques ont prédit une chute des températures de 4°C l’hiver dans le nord-ouest de l’Europe en cas d’arrêt de l’AMOC. Mais il y a bien sûr de grandes incertitudes concernant l’impact réel d’une circulation ralentie sur les températures dans l’Hémisphère nord.
Extrait et source : https://global-climat.com/
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