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Le Lac Léman a connu un tsunami en 563

L’Archéologie cantonale vaudoise a fait la découverte d’un habitat gallo-romain pris dans une strate de boue à l’embouchure du Rhône dans le Léman. Il permet de dater plus précisément le tsunami qui a frappé ses rives il y a 1500 ans.

« Une gigantesque masse de roches a poussé les sédiments en direction du lac. Un petit peu comme si on mettait son doigt dans un pot de crème glacée, explique Stépanie Girardclos de l’université des Sciences de la terre et institut des sciences de l’environnement de Genève. On pense que ça a déplacé le rivage vers l’avant, ça a fait un grand choc et destabilisé une grande partie du delta sous l’eau. »

L’écroulement du pan de montagne a ébranlé le secteur, ce qui s’est répercuté, à quelques kilomètres de là, dans la partie du delta du Rhône qui se trouve sous les eaux du lac. Les sédiments de cette zone se sont effondrés sous le choc et mis en mouvement dans le lac Léman, ce qui a provoqué le tsunami. Partie de l’extrémité est du lac, l’onde s’est assez vite propagée jusqu’à l’autre bout. Selon la modélisation présentée dans l’étude et que vous pouvez voir ci-dessous, au bout d’une dizaine de minutes, la vague atteignait ce qui est aujourd’hui Evian-les-Bains, où elle mesurait 8 mètres de haut. Sur la rive opposée, elle arrivait à Lausanne en un quart d’heure, avec une hauteur évaluée à 13 mètres. Et, si son amplitude décroissait au fil du temps (3 mètres à Thonon-les-Bains, 4 à Nyon), elle retrouvait un regain de vigueur (8 mètres) en atteignant Genève, 70 minutes après son départ, tout simplement parce que la ville, située à l’extrémité occidentale du lac Léman, est comme au fond d’un entonnoir. Si l’on ajoute à cela le fait que Genève est peu élevée par rapport à la surface du lac, on comprend les dégâts que le tsunami de 563 a pu y causer.

Les preuves géologiques accumulées ces dernières années corroborent l’histoire de la vague de 8 mètres qui a déferlé en 563. Mais il manquait encore une autre preuve pour confirmer cette date: des vestiges archéologiques. Des ruines ont récemment été mises au jour dans un chantier de creusement d’un canal près de Noville (VD). « On voit bien un pan de mur avec des blocs liés au mortier qui est conservé, on voit qu’il a été déplacé », observe Morgan Millet, archéologue impliqué dans les fouilles. « Il a un pendage, pris dans cette masse qui a bougé. C’est un reliquat d’une occupation gallo-romaine sur le site. »

Autour de cette découverte inédite se trouvent des restes de crémation et des objets du quotidien, emprisonnés eux aussi dans la strate de boue déformée. « L’écroulement est tombé sur les sédiments de la plaine du Rhône complètement gorgés d’eau », explique Philippe Schoeneich, géologue à l’Université de Grenoble. « L’impact a liquéfié les sédiments et les a transformés en une boue liquide qui s’est étalée à travers toute la plaine. »

La montagne coupable débusquée

Tout est parti de la Suche. Le promontoire rocheux à droite de notre photo de page 1. «Une masse de plusieurs dizaines de millions de mètres cubes de roches a dévalé le vallon des Evouettes et s’est abattue sur la plaine.» C’est ainsi que le géologue Philippe Schoeneich décrit la célèbre catastrophe du Tauredunum, du nom donné à cette montagne au 6e siècle.

Adaptation la Terre du Futur / Terra Projects

extraits et sources : https://www.rts.ch/ / https://france3-regions.francetvinfo.fr / http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/

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