En étudiant de l’ivoire d’éléphant, des chercheurs découvrent… de l’ADN de mammouth
En étudiant l’ADN issu de prétendues défenses d’éléphants, des chercheurs écossais ont eu la surprise d’y déceler des fragments attribués au mammouth. Une découverte fortuite qui met en lumière l’action de ces spécialistes en génétique de la conservation : protéger les éléphants, ainsi que d’autres groupes d’animaux menacés au Cambodge grâce à l’analyse de leur ADN.
Les glaces de l’Arctique en recelaient déjà d’infimes fragments, mais voici que de l’ADN de mammouth vient d’être décelé dans ce qui était censé n’être que de l’ivoire… d’éléphant ! Une découverte inattendue effectuée dans le cadre d’un projet innovant de lutte contre le trafic d’ivoire.
« À notre grande surprise, […] nous avons découvert des échantillons [issus] du mammouth dans des bijoux vendus [au Cambodge] », dévoile dans un article publié par la BBC le docteur Alex Ball, à la tête de l’équipe du WildGenes laboratory, un centre de recherche de la Royal Zoological Society of Scotland.
« Les propriétaires de [bijouteries] appellent ça de l’ivoire d’éléphant, mais nous avons découvert qu’il s’agit en fait de mammouth. [Cet ivoire] est tout simplement issu de la toundra de l’Arctique, déterré dans le sol », explique Alex Ball. Une découverte fortuite qui met en lumière d’une manière inattendue l’action des scientifiques.
Des mammouths aux éléphants actuels
Pas encore éteintes mais sérieusement menacées, les autres espèces de la famille à laquelle appartenait jadis le mammouth – disparu il y a près de 10.000 ans – concentrent en effet toute l’attention des chercheurs du WildGenes laboratory. L’équipe de ce laboratoire s’attelle à protéger les éléphants grâce à une approche novatrice : l’étude de leur ADN.
Basé au zoo d’Edimbourg, le laboratoire participe à la lutte contre le commerce illégal de l’ivoire à des milliers de kilomètres de l’Écosse : au Cambodge. Les chercheurs britanniques entendent fonder l’un des tout premiers laboratoires de génétique de la conservation du pays.
« L’un des points-clé en ce qui concerne le Cambodge, est que nous n’avons quasiment aucune information sur le commerce de l’ivoire », déplore Alex Ball. De précieuses bases de données qui font défaut aux scientifiques, mais qu’ils sont en passe de constituer grâce à l’étude de l’ADN contenu dans les défenses des pachydermes.
« En gros, nous pouvons décomposer la dentine et le calcium et extraire les cellules de l’ivoire. Ensuite, nous pouvons identifier l’individu sur lequel a poussé une défense donnée », explique le chercheur britannique. Une identification fiable et précise, qui permet aux scientifiques de remonter aux origines d’un ivoire parfois issu d’espèces rares, et surtout menacées.
« De nouvelles méthodes » qui passent toutes par une étude ADN, quelle qu’en soit l’origine. Pour les quelque 250 à 500 éléphants d’Asie vivant encore au Cambodge, c’est ainsi non-pas à partir de leurs défenses, mais plutôt de leurs excréments que les scientifiques parviennent à extraire de l’ADN. De quoi leur permettre de dresser un tableau précis de l’état de cette population très fragile. Qu’il soit issu des glaces de l’Arctique, de précieuses défenses d’ivoire, ou de déjections ; l’ADN des pachydermes semble décidément constituer l’un des principaux espoirs pour permettre leur sauvegarde.
source : https://www.maxisciences.com/
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