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Bienvenue dans l’Anthropocène, un nouveau monde géologique

Les conséquences des activités humaines sur la planète sont telles que des scientifiques ont jugé bon de changer d’époque géologique et de proclamer la fin d’un monde…

Si la géologie s’intéresse aux transformations actuelles et passées subies par la Terre, la stratigraphie détermine quant à elle les âges géologiques de la planète depuis son origine, grâce à l’étude de la succession des différentes strates sédimentaires. Les scientifiques ont ainsi pu définir plusieurs ères et époques, dont le passage de l’une à l’autre est déterminé par des extinctions de masse, des étapes importantes dans l’évolution des espèces, ou encore par de profonds changements dans la composition de l’atmosphère. Parmi les diverses périodes, on pourrait citer le Crétacé qui s’est achevé par la disparition massive des dinosaures.

Adieu, Holocène !
Vous n’en avez sans doute pas entendu parler, mais en 2008, la commission de stratigraphie de la Société Géologique de Londres (société savante fondée en 1807) a proposé de discuter internationalement de l’entrée dans une nouvelle époque géologique : celle de l’Anthropocène. Pour les vingt-et-un savants de la commission, il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui nous vivons dans une nouvelle époque et qu’il est temps de tourner la page de l’Holocène, commencé il y a plus de 10 000 ans et correspondant au Néolithique des archéologues. Déjà en 2002, Paul Crutzen, climatologue et prix Nobel de chimie, suggérait que nous avions quitté l’Holocène.

L’Holocène (du Grec holos et kainos signifiant « entièrement récent ») a vu principalement se développer la civilisation humaine (invention de l’écriture, naissance de l’agriculture, progrès techniques). Mais les événements nouveaux (dont le réchauffement climatique), déclenchés par les activités humaines depuis la « Révolution industrielle » du début du XIXe siècle, poussent les scientifiques à croire qu’ils ne peuvent appartenir à l’Holocène mais à une nouvelle époque climatique et géologique.

Pour résumer, le Pléistocène correspondrait à l’apparition d’Homo Sapiens, l’Holocène au développement des sociétés humaines et à l’explosion des technologies, tandis que l’Anthopocène rendrait intelligible l’impact qu’ont les hommes sur la planète.

Pour l’instant, la Commission Internationale de Stratigraphie ne compte pas ouvrir ce débat, comme en témoigne la publication de son « tableau stratigraphique » pour l’année 2009, où l’Holocène figure encore en dernière époque géologique.

L’entrée dans cette nouvelle époque traduit des bouleversements profonds.
Mais tout ceci n’est qu’un vain débat entre savants, n’est-ce pas ? Entre « Holocène » et « Anthropocène », il n’y a qu’un simple changement de vocabulaire, dirons-nous pour nous rassurer. Or celui-ci cache une bien terrible réalité et témoigne des grands bouleversements planétaires qui sont en train de se produire sous nos yeux.

La commission stratigraphique les énumère, non sans inquiétude : la sédimentation naturelle est modifiée à cause des barrages, l’érosion des continents est entraînée par l’agriculture intensive et les constructions humaines, le taux de gaz carbonique dans l’atmosphère a explosé depuis les deux derniers siècles (pour atteindre un total de 800 milliards de tonnes de CO2) et entraîne un réchauffement climatique global. En outre, l’extinction des espèces animales et végétales provoquée par l’homme est préoccupante (on parle d’une sixième extinction de masse qui serait en fait la première provoquée par une espèce vivant sur Terre), l’acidité des océans ne cesse de s’accroître, la fonte des glaciers s’accélère

Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres. Voilà pourquoi parler de nouvelle époque n’est pas abusif. Celle-ci se caractérise par le fait que l’homme – et par extension la société industrielle – est devenu pour la première fois depuis 10 000 ans un agent géologique qui domine les forces géologiques qui prévalaient jusqu’à présent. En d’autres termes, les activités humaines ont un impact plus fort sur la terre et le climat que celui des variations naturelles. L’homme risque « de modifier considérablement le cours actuel de l’évolution du climat global, et ce pour des millénaires », explique Paul Crutzen.

Cela signifie que l’homme parvient à modifier la structure de la biosphère et à détruire son environnement, par son action et ses activités, en bouleversant l’équilibre de la biosphère, et ce depuis la « Révolution industrielle ». On parle d’anthropisation.

On comprend donc le choix du nouveau terme « Anthropocène », dont l’étymologie renvoie au grec anthropos, signifiant « être humain ».

Ce tournant historique conduira-t-il à de nouvelles sociétés ?
C’est là la question que l’on peut se poser. Parler de tournant historique n’est pas plus abusif que de parler d’une nouvelle époque. Pour la première fois dans sa courte histoire, l’homme est confronté aux limites de la biosphère. Il devra changer le type de relation qu’il entretient avec la nature. Le respect plutôt que le gaspillage à outrance, la symbiose plutôt que la destruction. Pour l’heure, l’objectif n’est plus d’enrayer le phénomène, mais de limiter les dégâts…

Il reste peu de temps. L’Anthopocène a débuté il y a près de deux siècles et ses conséquences se font de plus en plus sentir.

source : http://www.suite101.fr/

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