Techniques de Survie dans l’Arctique
Voici quelques techniques d’explorateurs de grands froids des régions polaires. Et au delà de la possibilité de voyager dans ces régions hostiles, ces conseils vaudront pour les montagnards et tout ceux qui pourraient être pris dans de sérieuses intempéries.
Ainsi voici un nouveau volet de conseils qui pourraient bien être utiles par un temps de très grand froid…
Les équipements :
Les équipements doivent être légers et surtout résister au froid et
à l’humidité. Certains matériaux sont à proscrire, qui deviennent cassants
aux grands froids, tel le caoutchouc. D’autres, tels certains tissus ou matières
plastiques, sont fragilisés.
Les vêtements :
Les vêtements de l’explorateur polaire doivent à la fois le protéger contre le froid, le vent, et l’humidité.
Pour se protéger contre l’effet combiné du froid et du vent, le principe de base est la protection multicouche. L’air, « piégé » entre les couches de vêtements, agit comme isolant. Il faut donc éviter que ces vêtements ne soient trop serrés. Ainsi, quatre couches serrées protégéront moins bien que deux couches » amples « . Mais la première précaution contre l’humidité est d’éviter de transpirer. Quand on commence à transpirer, il faut retirer une couche de vêtements. Au fur et à mesure que l’effort s’intensifie, on est donc souvent conduit à un « effeuillage » progressif.
La deuxième précaution consiste à utiliser des tissus de protection qui évacuent la transpiration vers l’extérieur, telle la fibre polaire. La transpiration s’accumulera alors souvent sur la surface extérieure du vêtement, où elle gèlera, formant une couche de givre blanc. C’est pourquoi l’instrument indispensable des expéditions polaires est la brosse, que l’on utilise pour évacuer ce givre.
Les vêtements en duvet, doudoune notamment, mais aussi moufles et surpantalon, ne doivent pas être utilisés pour la marche, car le duvet se gorgerait d’eau de la transpiration et perdrait ses qualités d’isolation. Par contre, c’est une protection idéale pour conserver sa chaleur au camp, après l’effort, car il emprisonne dans sa texture une grande quantité d’air isolant.
La tête et les yeux :
Protéger sa tête, c’est aussi protéger tout son corps contre la sensation de froid : un simple bonnet est d’emblée la protection minimum. Quand le vent et le froid sont intenses, il faut alors envelopper aussi complètement que possible la tête dans une capuche. Bordée de fourrure, elle crée à l’intérieur un microclimat « tempéré », tout en ne gênant pas la respiration.
Mais les conditions les plus rudes, tel un fort vent de face, exigent aussi le port d’une cagoule, voire d’un masque en néoprène. Il faut alors veiller à l’existence d’une ouverture assez large devant le nez et surtout la bouche, si l’on veut éviter que la respiration ne forme une chape de glace à la surface. Une autre solution efficace pour protéger les joues et surtout le nez des gelures consiste à y coller une « deuxième peau » (vendue pour soigner les ampoules) qui les protégera du contact direct du vent sans géner la respiration.
Les yeux doivent être protégés en permanence, sous peine d’ophtalmie (sanction minimum : deux jours d’arrêt, les yeux bandés). Le masque de ski assure une bonne protection, mais il est difficile d’éviter qu’une couche de buée ne se forme à l’intérieur. C’est pourquoi, chaque fois que ce sera possible, c’est-à-dire par vent faible, on préférera des lunettes de glacier.
Les mains :
Une paire de sous-gants en soie ou, mieux, en tissu aluminisé, est indispensable. Lors des manipulations aux plus basses températures, leur usure est importante et il faut compter alors qu’une paire se troue en deux ou trois jours. – Une deuxième couche peut utiliser des gants en laine non dégraissée. – On portera toujours, à l’extérieur, une paire de moufles très chaudes, qui assurera une meilleure protection thermique que les gants (dans les gants, chaque doigt se bat pour sa » survie » ; dans les moufles, ils sont solidaires, mettant leur chaleur en commun}. Les moufles devront bien protéger les poignets, et posséder des sangles de serrage. Il existe toutefois des moufles de travail en fourrure polaire, permettant de sortir un doigt (qui reste protégé par un sous-gant).
Une bonne protection des mains ne doit pas serrer, faute de quoi on obtiendra l’effet contraire de celui recherché, en gênant la circulation du sang et favorisant ainsi la formation de gelures. On aura ainsi parfois moins froid la main nue dans une ample moufle de haute protection qu’en combinant quatre paires de gants et moufles. Il faut enfin choisir des tailles assez larges au cas ou une blessure ou un œdème provoquerait un gonflement. Les gelures étant favorisées par les gants mouillés, on pourra utiliser des gants de ménage pour la manipulation des réchauds (par exemple une paire bleue pour faire la cuisine, et une paire rouge pour manipuler l’essence, en grande taille convenant à l’ensemble des équipiers).
Les chaussures :
Les chaussures doivent permettre une marche confortable, mais elles doivent aussi protéger du froid intense. Deux options sont possibles. La première consiste a utiliser des chaussures spécifiques pour la progression et d’autres pour le camp. La seconde consiste à utiliser les mêmes chaussures (ou bottes) tout au long de la journée. 1°- Pour la progression, les chaussures à coques plastiques et les chaussures de ski de fond ou de télémark isolent relativement mal du froid. Les autres chaussures d’alpinisme sont généralement assez décevantes. Toutes excluent une marche confortable sur terrain plat. Pour le camp, les Moon Boots assurent une protection thermique remarquable, mais l’absence de talon rend la marche très inconfortable. Leurs chaussons internes peuvent être extraits pour servir de « pantoufles » à l’intérieur de la tente.
Les pieds :
La chaussure n’est pas le seul élément a prendre en compte pour protéger les pieds contre le froid. Le pied doit en effet être protégé contre trois sources d’humidité: – la transpiration; – la condensation, due au fait que l’air froid emprisonné dans les chaussures, lorsqu’il est chauffé par le pied, produit des gouttelettes d’eau; – éventuellement l’humidité extérieure, en particulier en cas de chute à l’eau.
Pour éviter que la transpiration n’envahisse la chaussure, Jean Louis Etienne a utilisé le premier le procédé suivant : on enferme le pied dans un sac en plastique que l’on recouvre avec la chaussette. Il s’agit de sacs légers tels qu’on en distribue gratuitement dans les supermarchés. Bien que le sac résiste rarement à une journée de marche, il permet de tenir la chaussette au sec et fait que l’on peut la changer peu fréquemment. Chaque soir on procède aux soins des pieds (nettoyage avec une lingette alcoolisée), et le matin on place un nouveau sac, au fond duquel on a déposé un peu de poudre anti-mycose.
L’eau et la boisson :
Comme dans les déserts chauds, la déshydratation est un risque majeur des déserts froids. Il faut boire au minimum 4 litres par jour (eau de boisson ou eau de réhydratation des plats lyophilisés ou séchés). Boire suffisamment favorise l’élimination des toxines et limite les risques de gelures ou de tendinites.
L’eau est fabriquée à partir de neige que l’on fait fondre. Contrairement à une idée reçue, cela ne provoque aucun trouble digestif, pourvu que l’on ait une alimentation équilibrée.
L’alimentation :
Prévoir » large » en termes d’apport calorifique. D’environ 4000 calories en début d’expédition, les besoins augmenteront régulièrement pour dépasser 5000 cal, voire approcher 6000 calories. N’oubliez pas qu’une expédition polaire s’inscrit dans la durée et que l’objectif » perte de poids zéro » doit donc être recherché.
On ne le dira jamais assez, les aliments doivent avoir une consistance évitant le gel. Les aliments lyophilisés ou déshydratés doivent être privilégiés, également bien sûr pour des raisons de poids. Essayez donc de manger par -40°c un gâteau de riz en boite de conserve ! ! !. Considérez avec prudence ceux qui affirment qu’il vous faut faire des réserves de poids avant de partir, car votre dépense énergétique sur place augmentera en conséquence et il faudra donc théoriquement emporter plus d’aliments.
Un repas bien conçu doit représenter 1,2 kg par jour, pour 5000 calories. Les restes (s’il y en a, ce qui est généralement le cas en début d’expé) seront placés dans deux sacs où l’on pourra puiser en cas de nécessité, l’un pour le sucré, l’autre pour le salé. La vaisselle indispensable se limite à une cuillière, un couteau type Opinel et un bol ou une gamelle en plastique à fond plat et large (pour éviter de renverser le contenu). Dans un souci de stabilité du récipient, certains utilisent même une gamelle pour chiens. Pour manger directement les lyophilisés dans leurs sachets, pensez à prendre une cuillère assez longue.
Les soins du corps :
La toilette sur la banquise, par -40°c, n’est pas un exercice évident. C’est ce qui explique que les adeptes de la toilette quotidienne complète restent rares lors des expéditions. Pour des raisons d’hygiène, mais aussi de confort, les soins du corps se font essentiellement le soir. Les lingettes alcoolisées et autres calinettes (à réchauffer sur soi avant usage) remplacent, faute de mieux, la douche chaude tant souhaitée. Le gel interdit d’utiliser les produits de toilette liquides. Du shampoing à utiliser sous forme de poudre est souvent disponible dans les magasins spécialisés de camping ou d’outdoor, tout comme le dentifrice en poudre (Kontrol) que l’on peut même trouver dans certaines pharmacies. La toilette quotidienne des pieds reste une priorité, à la fois pour être » bien dans ses pompes « , éviter d’incommoder ses co-équipiers et pour préserver ces « outils » qui sont probablement les plus précieux de l’expédition.
Changer de vêtements, et surtout de sous-vêtements, n’est pas un luxe, la fréquence étant un compromis entre votre confort et le poids ou la place disponibles dans la pulka. Le problème des besoins naturels est tout aussi complexe sur la banquise, bien qu’en théorie l’univers polaire soit suffisamment vaste pour que l’on trouve toujours un lieu abrité derrière un bloc de glace. Pour la nuit, nous conseillons, pour les hommes, l’usage du pistolet en plastique, même si certains préconisent un biberon (d’usage et de contenance plus limités). Pour aller à la selle sans sortir de la tente, lorsque la tempête souffle, ayez toujours une provision de sacs en plastique, tels que ceux qui sont donnés gracieusement dans les supermarchés. Pour le reste, nous vous conseillons de prendre une réserve de papier toilette, la technique traditionnelle du nettoyage par un bloc de neige gelée demandant un bon entraînement.
source : extraits du site : http://arctique.chez-alice.fr/Les_techniquex.htm
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