Les zones mortes s’agrandissent
Une immense «zone morte» dérive actuellement dans le golfe du Mexique. 15 000 kilomètres carrés d’océan rendus inhabitables pour les espèces vivantes à cause d’un taux d’oxygène beaucoup trop bas. En cause : les engrais déversés par le Mississippi.
La menace est prise de plus en plus au sérieux : la «zone morte» qui revient tous les étés hanter les eaux du golfe du Mexique a gagné 2 000 km2 depuis l’année dernière, atteignant l’équivalent de trois petits départements français.
Le phénomène est récurrent depuis trente ans : des masses de substances nutritives, nitrates et phosphates, sont rejetées dans le Mississippi à travers les engrais des exploitations agricoles et les résidus d’élevage. Le fleuve va se jeter dans le golfe, où ces substances favorisent le développement de certaines algues. Celles-ci consomment alors l’oxygène dissout dans l’eau. Ce phénomène, appelé eutrophisation, la rend impropre à la vie animale. «Les poissons et les crabes s’enfuient. (…) Tout le reste meurt», explique Nancy Rabalais, océanographe travaillant sur l’hypoxie (le manque d’oxygène) à l’université de Louisiane. Si rien n’est fait pour limiter le taux de nitrates rejetés, il n’y a pas de raison que le phénomène s’arrête. Pour l’heure, il semble surtout empirer : en plus de s’étendre, l’aire nocive tend à se rapprocher des côtes à cause des vents et des courants.
Zone morte dans le Golfe du Mexique :
Avec plus de 3 millions de km² le bassin hydrographique du Mississippi couvre près d’un tiers des Etats-Unis.
Le fleuve lui-même et ses nombreux affluents collectent jour après jour les polluants de l’agriculture intense du pays, tout particulièrement ses fertilisants [1].
Si cela ne semble pas trop problématique au niveau du fleuve lui-même, en revanche les choses se gâtent à l’arrivée des eaux dans le Golfe du Mexique, en particulier l’été.
Comme l’explique Time dans son édition datée du 6/08/07, « les fertilisants terminent leur course dans le Golfe du Mexique, où ils provoquent une prolifération d’algues, qui, à leur tour, absorbent à peu près tout l’oxygène disponible de l’eau. Résultat, une mortalité massive de la faune marine. »
Selon Time, la « zone morte estivale » s’étendait sur environ 13.000 km² en moyenne dans les années 90. En 2006, elle s’est étendue sur 17.280 km².
D’après le professeur Eugene Turner de l’université de Louisiane, cité par BBC News, elle pourrait atteindre cette année 22.000 km².
Celui-ci prévoit en effet un record historique du fait de la charge de nitrates particulièrement élevée en mai de cette année « peut-être due à une agriculture plus intensive sur des surface plus importante, y compris avec les cultures pour agro-carburants ou à des changements de pratique agricole, » explique le professeur.
Seule une saison riche en tempêtes, qui favorisent l’oxygénation, pourrait changer la donne.
Dans sa « revue mondiale de l’environnement », en 2003, l’organisation des Nations Unies pointait déjà le fait que le nombre de zones en hypoxie [2] saisonnière doublait tous les 10 ans depuis les années 60.
[1] On estime que le volume des nutriments charriés par le fleuve a triplé en 50 ans.
[2] Hypoxie : diminution de la concentration d’oxygène.
sources : http://citron-vert.info/ / http://ecolesdifferentes.free.fr/
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