Le prochain accident nucléaire, sera t-il français ?
Pour le dernier homme vivant à Fukushima, le prochain accident nucléaire sera en France. Pour l’agriculteur japonais Naoto Matsumura, qui vit toujours sur ses terres contaminées par l’accident nucléaire de Fukushima, la France pèche par excès de confiance dans la sûreté de ses installations.
Ses propos sonnent comme un avertissement. Naoto Matsumura, l’ermite de Fukushima poursuit son périple en France pour prêcher la sortie immédiate du nucléaire. L’agriculteur japonais qui vit toujours dans la zone contaminée par l’accident, voit d’inquiétantes similitudes entre les scenarii français et japonais.
«Au Japon, il y a 54 réacteurs, vous en avez 58. Le prochain accident nucléaire, ce sera soit au Japon, soit en France», a-t-il assuré deux jours après son arrivée à Paris. Selon lui, la France pèche par excès de confiance dans la sûreté de ses installations, comme le Japon l’a fait par le biais de Tepco, l’opérateur de la centrale de Fukushima. «Je pense qu’EDF estime que les centrales nucléaires françaises bénéficient d’une technique de meilleure qualité. Tepco, c’était pareil. Ils nous disaient qu’il n’y avait pas de danger, que c’était sûr…»
test d’un accident nucléaire en France
«Il faut arrêter le nucléaire, il faut se battre»
Naoto Matsumara a toujours refusé de quitter le périmètre interdit de 20 kilomètres de rayon autour du site atomique de Fukushima. Une obstination qui lui a valu le surnom d’«ermite de Fukushima». L’agriculteur a continué de nourrir son bétail coûte que coûte, au milieu de terres irradiées, près de la ville de Tomioka. «Cet homme a un immense sens paysan», assure Antonio Pagnotta, un photoreporter qui a tiré un livre de leur rencontre, Le dernier homme de Fukushima (Don Quichotte, 2013, 17,90 euros). «En choisissant de rester dans sa ferme et de continuer à nourrir ses bêtes, il ne faisait pas que sauver son bétail, il sauvait le principe même de la vie dans cette zone.» L’homme fait preuve d’une «énorme compassion pour le vivant». Shintoïste, il estime que chaque être vivant est l’égal de l’autre, et nourrit un attachement quasi viscéral à sa terre. «C’est un guerrier, il a vu les problèmes arriver bien en amont. Et il a compris que s’il avait fuit ses terres comme tout le monde, il aurait perdu son honneur et sa dignité.»
A la veille du troisième anniversaire de la catastrophe, survenue le 11 mars 2011, Naoto Matsumara a accepté l’invitation d’Antonio Pagnotta et de plusieurs militants anti-nucléaires (notamment Catherine Connan et Pierre Fetet, respectivement de Greenpeace et auteur d’un blog sur Fukushima) pour un périple de dix jours en France. Mais il avait formulé deux voeux, raconte le collectif: trouver la nature au cœur de Paris, et voir les jardins de Versailles. Des demandes honorées la semaine dernière. Ce voyage a mené l’ermite de Fukushima jusqu’à Fessenheim, la doyenne des centrales françaises que le président François Hollande a promis de fermer avant la fin 2016. Il y martèle le même message: «Il faut dire haut et fort qu’il faut arrêter le nucléaire, il faut se battre.»
«Le 11 mars 2011, j’ai entendu le bruit de l’explosion»
Ce mardi, jour anniversaire de l’accident, Naoto Matsumara s’exprimera au Parlement européen. Il réaffirmera que personne n’est pas à l’abri d’une catastrophe similaire. «Je connaissais l’accident de Three Mile Island et de Tchernobyl, raconte-t-il. Mais je pensais que ça ne nous concernerait jamais, que la technique japonaise était suffisamment bonne… Et le 11 mars 2011, la centrale a explosé, j’ai entendu le bruit de l’explosion et je me suis dit que cette fois, c’était bien chez nous.» Arrivé le 4 mars à Paris, il s’est déjà rendu à Buren haute-Marne pour visiter un site ciblé par un projet d’enfouissement des déchets radioactifs. Son périple européen se poursuivra jusqu’au 21 mars, en Suisse et en Allemagne comme à Wyhl et Weisweil, dans le Baden Würtemberg, «hauts lieux de la résistance antinucléaire outre-Rhin».
En février 2014 :
Les autorités françaises se préparent à la possibilité d’un accident nucléaire grave, par un Plan qui vient d’être publiée. Eventualité à envisager : « Une zone de territoire peut se trouver polluée pour plusieurs décennies et, dans certains cas, n’autorisant pas la présence permanente de personnes ».
Un accident nucléaire grave en France est maintenant officiellement reconnu comme une possibilité à laquelle il faut se préparer : c’est le sens du « Plan national de réponse ’Accident radiologique ou nucléaire majeur’ » publié le 3 février par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité intérieur.
Le plan actuel – qui émane d’un organisme de nature militaire – manifeste donc au grand jour ce à quoi il faut se préparer.
Il ne saurait être plus clair :
– en ce qui concerne la santé : « Un accident nucléaire non maîtrisé peut avoir des conséquences, du fait des effets immédiats de l’accident (décès, atteintes traumatiques, irradiation), mais aussi du fait des effets à long terme qui peuvent conduire à augmenter le risque de survenue de pathologies radio-induites (certains cancers par exemple) » ;
– en ce qui concerne la condamnation de certains territoires : « Une zone de territoire peut se trouver polluée pour plusieurs décennies et, dans certains cas, n’autorisant pas la présence permanente de personnes ».
Les responsables politiques français devraient maintenant dire clairement si le maintien de l’appareil nucléaire du pays mérite qu’on prenne le risque de voir, comme en Biélorussie ou dans le nord du Japon, des milliers de kilomètres carrés du pays interdits à la vie humaine pour des décennies.
Plan d’un accident nucléaire en France
sources : http://www.lefigaro.fr/ / http://lasocietesolidaireetdurable.com/
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