La radioactivité de Fukushima détectée au Canada
Pour la première fois, des éléments radioactifs ont été détectés dans des échantillons d’eaux du littoral de la Colombie Britannique.
CÉSIUM. La radioactivité émise depuis mars 2011 par les rejets de la centrale accidentée de Fukushima a fini par traverser l’Océan Pacifique. C’est le résultat des analyses effectuées par Ken Buesseler, chercheur à la Wood Hole Oceanographic Institution (WHOI). Certes, les niveaux décelés sur le site de la plage de Ucluelet, en Colombie britannique, sont extrêmement bas : les instruments de détection ont révélé 1,4 becquerel par m3 d’eau (Bq/m3) de Césium 134 et 5,8 Bq/m3 de Césium 137, deux radioéléments qui ne peuvent provenir que d’une source humaine.
Mais l’origine de cette radioactivité ne fait aucun doute. Le Césium 137 a en effet une « demi-vie » de 30 ans, c’est-à-dire que l’activité de ce radioélément baisse de moitié lors de ce laps de temps. Et le Césium 134 a une « demi-vie » de deux ans seulement, signant ainsi une introduction récente dans le milieu marin. Or, ces dernières années, la pollution radioactive du Pacifique n’a eu qu’une seule source: Fukushima.
Des doses infimes mais bien présentes
Les teneurs enregistrées sont similaires à celles détectées à l’été 2014 par le WHOI à 150 kilomètres des côtes. Ucluelet confirme donc la diffusion des particules radioactives jusqu’au littoral américain. Ken Buesseler se veut rassurant. « Si quelqu’un devait nager six heures par jour, tous les jours de l’année dans une eau contenant deux fois plus de Césium que ce que l’on a trouvé dans l’échantillon d’Ucluelet, la dose que cette personne recevrait serait plus d’un millier de fois inférieure à la radiation reçue lors d’une radiographie dentaire » précise le chercheur dans son communiqué.
SUIVI. Reste malgré tout que l’ampleur du phénomène doit pouvoir être mesuré afin d’en suivre l’évolution dans le milieu marin. Car la centrale de Fukushima continue d’émettre des radionucléides dans la mer. La gestion de l’eau y est en effet un véritable casse-tête. Il faut continuer de refroidir les cœurs des réacteurs, produisant ainsi des volumes d’eau contaminée qui sont actuellement stockés dans plus de 1100 réservoirs. Malgré ce stockage, de 300 à 400 tonnes d’eau radioactive partirait tous les jours en mer, soit par pollution des nappes souterraines soit par le ruissellement des pluies. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) envisage désormais d’autoriser le relargage d’une partie de l’eau stockée dans l’Océan après une rapide décontamination. Une solution auxquels s’opposent riverains et pêcheurs. Il faut donc s’attendre à constater la présence de plus en plus régulière de radionucléides dans d’autres secteurs de la côte nord-américaine. Aucun organisme américain n’est cependant dédié à cette tâche de surveillance et de mesure. Aussi, Ken Buesseler a décidé de créer un réseau citoyen, « our radioactive ocean » tant pour financer les prélèvements et les analyses d’eau de mer que pour récupérer ces échantillons sur une soixantaine de sites entre Alaska et Amérique Centrale, ainsi qu’à Hawaï.
source : http://www.sciencesetavenir.fr/
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