Dernières Infos

La Méditerranée et le Gulf Stream

Nous avons vu dans un très grand nombre d’articles le problème du Gulf Stream et son affaiblissement actuel. Chute de la salinité graduelle depuis 30 ans, apport d’eau douce majeur dans l’Arctique, arrêt du tapis roulant, bref notre Gulf Stream est en mauvais état avec un affaiblissement de l’ordre de 20% actuellement.

Mais le Gulf Stream existe également grace à la Méditerranée, ceci est peu connu et pourtant voici comment les choses sont en train de changer…

MTP (Mediterranean Targeted Project) – actuellement le plus vaste projet de recherche pluridisciplinaire portant sur les régions orientales et occidentales de cette mer – a été lancé par la Commission européenne en 1993. Il s’inscrit dans le cadre des efforts importants déployés par l’UE pour mieux comprendre la Méditerranée et identifier les activités humaines susceptibles de nuire à ses fragiles écosystèmes.

La phase pilote du projet MTP (1993-1996) a réuni des chercheurs de plusieurs pays au sein d’une équipe très soudée. Cette collaboration a porté ses fruits : en l’espace de trois ans seulement, le projet a réalisé des progrès scientifiques considérables. La deuxième phase, MTP-II (1996-1999), se fonde sur les bases établies par MTP-I et élargit cette coopération en réunissant 54 groupes de recherche issus de 13 pays de l’UE ainsi que plusieurs équipes de Suisse, du Maroc et de Tunisie.

Petites causes, grands effets

Le projet MTP a permis de découvrir que la température des eaux profondes du bassin méditerranéen occidental a augmenté de 0,13ºC au cours des quarante dernières années. Aux yeux des géophysiciens, ce réchauffement, apparemment anodin, est important en un laps de temps aussi court. Il pourrait s’agir d’un indice sérieux confirmant que l’environnement global se modifie en réagissant aux activités urbaines et industrielles.

Les conclusions les plus récentes du projet MTP suggèrent que l’augmentation de la salinité observée durant la même période n’est pas moins importante et qu’elle pourrait également être imputée à l’homme. La construction de gigantesques barrages (notamment ceux d’Assouan sur le Nil et de l’Ebre en Espagne) a limité l’apport d’eau douce en Méditerranée durant les 50 dernières années, ce qui a conduit à une augmentation générale de la salinité. L’eau salée étant plus dense que l’eau douce, ce changement a affecté la circulation de courants importants dans le bassin méditerranéen, ainsi qu’entre la Méditerranée et l’océan Atlantique.

L’une des plus importantes modifications constatées concerne le courant d’eau salée qui quitte la Méditerranée au détroit de Gibraltar et contribue à la formation du Gulf Stream, facteur clé du climat européen. Directement liées à celle des eaux du bassin méditerranéen, les conséquences de l’augmentation de la salinité de ce courant sont difficiles à prédire à long terme. Elles pourraient pousser le Gulf Stream vers l’ouest et provoquer un sévère refroidissement de l’Europe du Nord ou, à l’inverse, dévier le Gulf Stream vers l’Est et rendre le climat beaucoup plus chaud. Face à ces deux scénarios, les scientifiques redoublent d’efforts pour réaliser des prévisions plus exactes.

Cette circulation des eaux en Atlantique pourrait être bloquée par une arrivée d’eau douce dans le Nord (fonte de la banquise ou précipitations accrues) ou par l’arrivée accrue d’eau salée et dense de la Méditerranée par le détroit de Gibraltar. Les eaux de la Méditerranée se déversent en profondeur mais sont actuellement compensées par un contre-courant de surface. Cet apport pourrait se déséquilibrer en cas d’évaporation accrue dans le bassin Méditerranéen suite à un réchauffement qui augmenterait la salinité de ses eaux. Un géophysicien américain a d’ailleurs suggéré de fermer le détroit de Gibraltar par un barrage !

Conclusion : L’océan Atlantique Nord est durablement touché par un apport en eau douce qui bloque le tapis roulant, dans le même temps la Méditerranée est en train de gagner en salinité. Ici tout semble concorder pour que la dérive nord atlantique change sa route. Si cela venait à arriver, c’est tout le pourtour de l’Atlantique Nord qui subirait une baisse des températures et plongerait probablement l’Occident dans des hivers interminables.

sources : http://europa.eu.int/comm/research/rtdinfsup/fr/sea1.htm / http://al-hambra.org/index.html?http://www.al-hambra.org/d_climat/livre/Chap3.html

(806)