Découverte de plantes qui ont poussé sous le Groenland, il y a moins de 1 million d’années

Une carotte prélevée au Groenland pendant la guerre froide dans le cadre d’une mission militaire secrète vient de nous révéler un trésor. À l’intérieur, des chercheurs ont isolé et analysé des restes de plantes incroyablement bien préservés. Il y a près d’un million d’années, elles tapissaient ces terres aujourd’hui recouvertes de glace. Le sédiment, gelé sous près de 1,4 km de glace, contient des plantes fossiles bien préservées et des biomolécules provenant d’au moins deux périodes chaudes sans glace.
En rinçant le sol gelé pour trier ces sédiments, les chercheurs isolent alors de petits grains noirs suspects flottant dans l’eau. Andrew Christ les met sous microscope et… surprise : il tombe sur des brindilles et des feuilles fossiles. “Quand nous les avons retirées et que nous avons mis un peu d’eau dessus, elles se sont en quelque sorte déroulées, comme si elles étaient mortes hier !“, explique-t-il.
La découverte est importante dans la mesure où de telles plantes (peut-être issues d’une forêt boréale) ne pourraient pousser au Groenland que si la calotte glaciaire de l’île avait pratiquement disparu. L’étape suivante consistait donc à les dater.
Pour ce faire, les chercheurs se sont penchés sur les isotopes (variantes du même élément avec un nombre différent de neutrons) d’aluminium et de béryllium. Ces derniers s’accumulent dans les minéraux lorsqu’ils sont exposés à un rayonnement qui filtre à travers l’atmosphère. Ces isotopes peuvent alors indiquer aux scientifiques combien de temps les minéraux ont été exposés à la surface et combien de temps ils ont été enfouis sous terre.
Sur la base de ces rapports isotopiques, les auteurs ont déterminé que le sol et les plantes qui y poussaient ont vu la lumière du soleil pour la dernière fois il y entre quelques centaines de milliers et environ un million d’années.

Quelques-unes des brindilles et des mousses extraits de la carotte glaciaire étudiée par les chercheurs de l’université du Vermont (États-Unis). © Université du Vermont
Des techniques de luminescence permettent, quant à elles, d’estimer le temps écoulé depuis que des sédiments ont été exposés à la lumière pour la dernière fois. La datation au radiocarbone et d’autres techniques encore ont permis de venir compléter le tableau. Et d’apporter la preuve — directe alors que le passé du Groenland était jusqu’alors plutôt connu par des indices indirects, recueillis au large — qu’à la place du paysage glacé que nous connaissons aujourd’hui, s’est dressé là un paysage végétalisé. Pourquoi pas une véritable forêt boréale ? Dans un passé relativement récent. Géologiquement parlant en tout cas.
L’étude de cette carotte prélevée à quelque 120 kilomètres à l’intérieur des terres — et à moins de 1.300 kilomètres du pôle nord — montre ainsi aujourd’hui que la majeure partie du Groenland — si ce n’est la totalité — a connu au moins deux périodes libres de glace au cours du dernier million d’années. Peut-être même des quelques dernières centaines de milliers d’années. Dans un climat à peine plus chaud que celui d’aujourd’hui.
Sources : https://www.leparisien.fr/ / https://sciencepost.fr/ / https://www.futura-sciences.com/ / https://www.pnas.org/ /
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