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L’eau de Mars est toujours sur la planète

Une nouvelle étude suggère qu’une grande partie de l’eau qui semble avoir disparu de la planète rouge pourrait très bien avoir été absorbée par sa croûte. Lorsque l’on regarde les images du site d’atterrissage du dernier rover martien de la Nasa, Perseverance, décrit comme un ancien lac où se jetait un fleuve, une question vient très vite à l’esprit : où est donc passée toute l’eau qui coulait autrefois à la surface de la planète rouge ?

Qu’en est-il du bilan global de l’eau sur Mars ? « Beaucoup d’équipes ont tenté de le faire de par le monde, mais il demeure partiel », reconnaît Francis Rocard. Parmi les certitudes, le fait que la planète se soit refroidie, mais aussi qu’elle a « perdu beaucoup de son eau ». Aujourd’hui, on sait qu’il y a de la glace au niveau notamment des pôles, et on peut la quantifier. Si la présence d’eau dans le sous-sol n’est plus discutée, reste à voir quels sont les volumes dont il est question. « Et là, on a du mal à évaluer la quantité d’eau précise ».

Pour comprendre la manière dont une bonne partie de l’eau sur Mars a disparu, il faut remonter très loin en arrière. Et souligner que la planète a perdu son champ magnétique global il y a 3,9 milliards d’années. La conséquence de cette perte est majeure : l’astrophysicien du CNES indique que « l’atmosphère de Mars s’est retrouvée en contact direct avec le vent solaire. Il s’agit d’un vent se déplaçant à 400 kilomètres par seconde qui a impacté durant 4 milliards d’années la haute atmosphère », et dont les ions ont progressivement « brisés » les molécules. Or, « si vous cassez une molécule d’eau, vous obtenez un atome d’hydrogène et un radical ‘OH’. Cet atome d’hydrogène est extrêmement léger et va partir dans le milieu interplanétaire », explique Francis Rocard. « Le bilan, c’est que vous allez perdre une molécule d’eau, et c’est ainsi que petit à petit, Mars perd son eau par l’interaction entre le vent solaire et la haute atmosphère. »

L’eau, toutefois, n’est pas forcément présente que sous forme liquide. « Du fait que Mars est devenu un désert glacé, une partie de l’eau s’est condensée en glace dans le sol et s’est retrouvée enfouie sous des couches de poussières », relate le spécialiste. « On pense que s’il y a une couche entre 1 et 10 mètres sur un glacier, ce dernier peut se trouver caché mais néanmoins rester ainsi durant des millions d’années. Il y a d’ailleurs une mission que souhaite lancer la Nasa à l’horizon 2026, avec un radar dédié à la cartographie de la glace sur Mars. »

De nouvelles données

Il y a eu beaucoup d’eau sur Mars. Les astronomes en sont convaincus. Mais peut-être devrait-on dire : il y a toujours beaucoup d’eau sur la Planète rouge. Car, selon de nouvelles données, l’eau qui coulait en abondance sur Mars il y a des milliards d’années a été piégée dans la croûte de la planète.

De nouvelles données montrent cependant que ce phénomène de « fuite atmosphérique » ne rend pas compte de la majeure partie de l’eau disparue de la surface de Mars. Elles suggèrent au contraire qu’entre 30 et 99 % de l’eau qui coulait par le passé sur la Planète rouge s’y trouve toujours. Piégée dans les minéraux de la croûte martienne.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Institut de technologie de Californie (Caltech, États-Unis) ont croisé les données recueillies par plusieurs missions martiennes de la Nasa. Ils les ont aussi rapprochées d’observations par des télescopes et des travaux en laboratoire sur les météorites. Leur idée : étudier la quantité d’eau présente sur Mars, quelle que soit sa forme (vapeur, liquide ou gaz) au fil du temps ainsi que la composition chimique de l’atmosphère et de la croûte de la Planète rouge.

C’est plus précisément le rapport deutérium sur hydrogène qui leur a mis la puce à l’oreille. Rappelons que le deutérium est une forme lourde de l’hydrogène. Il a donc moins tendance à s’échapper de l’atmosphère d’une planète par manque de gravité que l’hydrogène. De fait, si une planète perd de l’eau via sa haute atmosphère, le processus laisse un signe révélateur sur le rapport deutérium sur hydrogène de ladite atmosphère. Elle concentrerait plus de deutérium que « la normale », soit 0,02 %.

Or le rapport deutérium sur hydrogène mesuré par les astronomes et l’hypothèse qu’une grande quantité d’eau coulait par le passé sur Mars ne correspondent pas. Et, selon les chercheurs, l’état actuel de Mars ne peut s’expliquer que si l’on considère que de l’eau est restée piégée dans les minéraux de sa croûte.

Sur Terre aussi, l’eau est piégée par les roches. Sous la forme d’argiles ou d’autres minéraux hydratés. Mais la vieille croûte terrestre fond continuellement dans le manteau et forme une nouvelle croûte aux limites des plaques tectoniques, recyclant l’eau — et d’autres molécules — dans l’atmosphère par le volcanisme. Sur Mars, en revanche, pas de plaques tectoniques pour contrebalancer le « séchage » de surface. Les chercheurs attendent désormais avec encore plus d’impatience les informations que leur apportera Perseverance, le rover de la Nasa qui s’est posé sur Mars il y a un mois.

sources : https://www.lepoint.fr / https://www.lci.fr/ / https://www.futura-sciences.com/

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