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Le réveil du volcan Bárdarbunga : la plus importante éruption d’Islande depuis celle du Laki en 1783

Depuis mi-août 2014, le volcan islandais Bárdarbunga connait un regain d’activité significatif : des milliers de séismes sont enregistrés tandis qu’une intrusion de magma de plus en plus importante glisse sous la croûte terrestre. 

Depuis juin 2014, les services géologiques islandais ont observé des signes précurseurs d’un regain d’activité sur le volcan Bárdarbunga, le deuxième plus élevé d’Islande avec une altitude de 2 009 mètres, il se dresse à 550 m au-dessus du plus grand glacier d’Europe, au nord-est du Vatnajökull. Bárdarbunga est représenté par un large cratère enfoui sous 400 à 600 mètres de glace et dont la partie la plus longue atteint 11 km.

La montée en puissance progressive du Bárdarbunga

Cela fait 7 ans que l’activité volcanique augmente progressivement dans le système volcanique du Bárdarbunga, notamment dans une fissure au nord. Après l’éruption du volcan Grímsvötn en mai 2011, l’activité avait diminué mais a repris depuis de la vigueur et est devenue aussi forte qu’avant l’épisode du Grímsvötn.

Au milieu du mois de mai 2014, les premiers tremblements de terre ont été détectés et les GPS ont enregistré des déformations du sol indiquant des mouvements de magma dans le Bárdarbunga.


Puis, à partir du 13 août 2014, l’Office Métérologique Islandais (IMO) a enregistré des signes précurseurs d’une potentielle éruption volcanique. Le 16 août, un séisme de magnitude 4, le plus puissant depuis 1996, a été détecté puis environ 2 600 secousses sismiques le 18 août avec des magnitudes comprises entre 1,5 et 3, à environ 5 à 10 km de profondeur.

Le 21 août 2014, les capteurs GPS ont permis de détecter une intrusion de magma (dike) de 25 km de long à une profondeur comprise entre 5 et 10 km, sous le glacier Dyngjujökull, tandis que 3 séismes de magnitude supérieure à 3 et de plus faible profondeur (2 à 5 km) ont été enregistré, dont un de magnitude 4,7.

 

A partir du 23 août, les tremblements de terre ont été si nombreux qu’il est devenu difficile pour les sismologues de les distinguer les uns des autres, tandis que le flot de magma continuait de progresser. Le risque pour le trafic aérien dans la région a alors été temporairement élevé au niveau rouge.

Le 24 août, deux séismes de magnitude 5 et 5,3 ont été détectés à une profondeur estimée entre 8 et 13 km. Il s’agit des secousses les plus puissantes depuis l’éruption du volcan Gjálp en 1996 dans cette région. L’intrusion de magma sous le glacier est dorénavant estimée à près de 35 km de long, les modèles estiment qu’elle contiendrait environ 300 millions de mètres cube de magma.

Depuis l’activité sismique reste significative avec des centaines jusqu’à des milliers de secousses par jour, probablement à cause du léger affaissement de la chambre magmatique suite à l’écoulement vers l’extérieur de magma sous la caldeira, indique l’IMO. La sismicité se déplace vers le nord sous le glacier Dyngjujökull. En outre, les capteurs GPS ont enregistré des déformations du sol de plusieurs dizaines de centimètres depuis le début de l’événement.

L’activité du volcan en octobre 2014

Début octobre 2014, l’éruption fissurale occupait une superficie supérieure à 50 km² tandis que le panache de fumée s’élevait à 2 km d’altitude. Plusieurs dizaines de séismes secouent chaque jour le volcan avec des magnitudes comprises entre 2 et 5.

Fin octobre, l’éruption se poursuivait avec une activité significative et une centaine de tremblements de terre chaque jour. La zone recouverte par la lave occupait une zone de près de 65 km². La chaleur géothermique a augmenté tandis que la caldeira continuait de s’affaisser : un trou de 25 m de profondeur est apparu.

L’éruption d’Holuhraun est désormais la 2e plus importante éruption d’Islande

En novembre 2014, l’activité volcanique reste forte : l’éruption fissurale d’Holuhraun dégage d’importantes quantités de gaz et a déjà expulsé plus d’un kilomètre cube de lave sur une zone de plus de 72 km². Résultat, cette éruption est maintenant la plus importante d’Islande depuis l’éruption du Laki en 1783 où 15 km3 de lave avaient jailli des entrailles de la Terre, indique la chaîne de télévision islandaise RÚV.

Une vidéo édifiante du 17 novembre 2014 montre l’intensité de l’éruption fissurale.

 


Près du volcan

L’éruption étant, pour le moment, essentiellement effusive, le volcan Bárdarbunga a émis que peu de cendres mais beaucoup de gaz riches en dioxyde de soufre (SO2). Mi-novembre 2014, 40 000 à 60 000 tonnes de SO2 étaient relâchés dans l’atmosphère chaque jour au niveau d’Holuhraun. Or, ces émissions entraînent une pollution massive de l’air à proximité du volcan, le SO2 étant nocif pour la santé à forte concentration.

Ainsi, les zones urbaines de l’est de l’Islande (Egilsstaðir et Reyðarfjörður) souffrent d’une importante pollution atmosphérique à cause de la présence de gaz sulfurique émis par le volcan en grande quantité comme en témoigne cette carte des niveaux de pollution en Islande. Près des éruptions fissurales, l’air peut devenir irrespirable et dangereux.

Par conséquent, les autorités recommandent aux habitants de rester chez eux, de bien se calfeutrer et de profiter des moments où la qualité de l’air est meilleure pour aérer l’intérieur du logement.

L’augmentation des concentrations en SO2 est particulièrement notable car il s’agit d’un composé chimique que l’on ne retrouve plus dans la pollution urbaine francilienne : la diminution sensible de l’industrialisation de la région, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité au détriment des centrales thermiques, et la prise de mesures techniques et réglementaires, ont eu pour effet de faire nettement diminuer les émissions de dioxyde de soufre.

Gardons-nous cependant d’incriminer le volcan pour les pics de pollution que l’Ile-de-France connaît une nouvelle fois, ils proviennent avant tout des polluants émis localement.

Rappelons qu’en 1783-1784, l’éruption majeure du volcan Laki, avait provoqué une pollution atmosphérique d’ampleur continentale, avec des impacts sanitaires dramatiques dans toute l’Europe de l’Ouest. Si le style éruptif du Bardarbunga est similaire, l’éruption demeure bien plus faible.

Source et extrait de : http://www.notre-planete.info/

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