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Un Monde de Lithium

Le lithium, un métal que le monde va s’arracher. Bolivie. Tire du sel, le lithium est l’avenir des voitures propres. Le pays en regorge.
La Jeep se dandine nonchalamment sur la piste caillouteuse. Un troupeau de lamas incrédules nous jette un regard furtif. Quelques kilomètres plus loin, la route s’achève. Devant nous, deux imposantes colonnes argentées. Elles dévoilent à leur pied un manteau blanc interminable. Seul repère tangible, une chaîne de montagnes qui se reflète dans l’eau de pluie cristalline. Le véhicule glisse sur l’immensité blanche. De la glace ? Du sel ! Partout. C’est ici, sous le sel, dans ce paysage lunaire du salar d’Uyuni, au cœur de l’Altiplano bolivien, que gisent près de la moitié des réserves mondiales connues de l’énergie propre du futur : le lithium.

Employé depuis longtemps dans les médicaments antidépresseurs, le métal s’est impose dans l’électronique grand public. Les batteries de lithium-ion équipent une kyrielle d’appareils nomades : ordinateurs portables, téléphones mobiles, lecteurs MP3, appareils photo numériques… Mais si d’aventure les voitures électriques et hybrides finissent par s’imposer, alors le lithium deviendra un métal que l’on s’arrachera. Stratégique au même titre que l’uranium. Le lithium sera à la voiture électrique ce que le pétrole est au moteur a explosion. Le succès de la voiture de demain passe donc par la Bolivie, qui détient 47 % des réserves mondiales connues. « S’il existe des lacs de sel en Argentine et au Chili, la Bolivie offre le coût d’extraction le plus intéressant » , explique le groupe Mitsubishi, qui commercialisera bientôt en France l’i MiEV, son premier véhicule tout-electrique. Les pays andins possèdent 70 % des réserves mondiales. Le reste se trouve dans des lacs sales au Tibet, en Australie, aux Etats-Unis. Aujourd’hui, trois sociétés se disputent les faveurs de La Paz : le français Bollore, qui prévoit de lancer sa Blue Car électrique en 2010, et les mastodontes japonais Mitsubishi et Sumitomo.

Boom
Les prix du métal ont déjà flambe de 350 dollars la tonne en 2003 a 6 000 dollars récemment. Et rien ne semble freiner la demande mondiale. Sur les rives du lac fossile sale d’Uyuni s’activent une centaine d’ouvriers, pour bâtir une usine pilote 100 % bolivienne. Deux drapeaux flottent sur la colline qui domine le chantier. L’emblème national rouge-jaune-vert, bien sur, et une grande bannière multicolore a damier. « C’est la Whipala, qui symbolise les siècles de luttes des Indiens des Andes » , précise Marcelo Castro sous son casque jaune. Visage rond bronze et cheveux grisonnants, l’homme orchestre les travaux de construction lances par Evo Morales, premier président de Bolivie d’origine indienne. Dotée d’un budget de 6 millions de dollars, l’usine doit être prête a la fin de l’année.

source : extrait : Le Point n°1926, 20/08/09
Olivier Ubertalli, envoyé spécial a la Paz et a Uyuni

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