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L’AMOC: Une modélisation renforce l’inquiétude

La circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) est aujourd’hui plus faible qu’elle ne l’a jamais été au cours des mille dernières années. Alors que les précédents modèles climatiques peinaient à reproduire les changements observés, une nouvelle modélisation y parvient en prenant en compte l’eau de fonte de la calotte glaciaire du Groenland et des glaciers canadiens (The Conversation).

Dernier épisode en date, une publication dans la revue Nature Geoscience le 18 novembre 2024, simultanément relayée sur The Conversation par ses deux auteurs, chercheurs en post-doctorat à l’université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW) en Australie. Selon eux, l’eau de fonte de la calotte glaciaire du Groenland et des glaciers du Canada serait la « pièce manquante du puzzle climatique. »

Mais aussi, l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) a publié une étude dans la revue Sciences Advances mettant en avant l’effondrement imminent de la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) également appelée « circulation thermohaline » ou encore « Gulf stream », un phénomène qui pourrait renverser le climat en Europe.

Un courant responsable du climat tempéré en Europe
L’AMOC est un courant marin qui transporte des eaux froides et chaudes du sud au nord et du nord au sud dans tout l’océan Atlantique et qui, entre autres, est responsable du climat tempéré tel qu’on le connaît en Europe. Mais l’étude publiée récemment suggère que ce courant ralenti et pourrait s’arrêter beaucoup plus tôt que prévu, si le réchauffement climatique poursuit sa dangereuse courbe.

5 900 milliards de tonnes de glace
De fait, les températures élevées font fondre à la fois la glace de mer arctique, les glaciers et la calotte glaciaire du Groenland – cette dernière région ayant perdu 5 900 milliards de tonnes (gigatonnes) de glace depuis 2002.

Or, l’eau de fonte qui s’écoule dans l’océan subarctique est plus légère que l’eau de mer salée. Ce processus réduit donc à la fois le flux d’eaux profondes et froides de l’Atlantique vers le sud, ainsi que le retour vers le nord des eaux plus chaudes à la surface à travers le Gulf Stream. Le mouvement de l’Amoc dépend de la température de l’eau et de la quantité de sel qu’elle transporte. Initialement, les eaux chaudes de surface se déplacent vers le nord où elles refroidissent puis gèlent. Un processus qui permet de retenir plus de sel dans l’eau qui ne gèle pas, ce qui la rend plus dense et lui permet par la suite d’entamer son voyage de retour vers le sud. Au fur et à mesure que le courant se réchauffe, il monte à nouveau en température, remonte à la surface et ainsi de suite.

Ainsi, lorsque les auteurs de l’étude ont inclus cette eau de fonte dans leurs simulations réalisées à l’aide d’un modèle du système terrestre et d’un modèle océanique à haute résolution, le ralentissement de la circulation océanique a alors « reflété la réalité », confirmant que l’AMOC ralentit depuis le milieu du XXe siècle.

« Nos simulations montrent également que ces changements sont susceptibles de se produire beaucoup plus tôt que d’autres ne l’avaient soupçonné », ajoutent-ils. Ainsi, si l’eau de fonte supplémentaire est prise en compte dans les projections, la circulation de retournement pourrait s’affaiblir selon eux de 30 % d’ici à 2040, soit « 20 ans plus tôt que les prévisions initiales. »

Cet effondrement pourrait déclencher une nouvelle ère glaciaire dans le nord de l’Europe et une baisse drastique des températures sur tout le continent.
Les résultats de cette étude, combinée à celle menée par l’Université de Copenhague (Danemark) dans la revue Nature Communication, estime que l’arrêt du courant circulaire de l’Atlantique pourrait prendre fin entre 2025 et 2090, avec une probabilité de 95 %.

Une animation simplifiée du « tapis roulant » mondial de l’AMOC avec les courants de surface indiqués en rouge et les courants marins profonds en bleu.(Crédit image : NASA/Goddard Space Flight Center Scientific Visualization Studio)

« Une simulation n’est pas la réalité »
« L’apport d’eau douce simulé qu’ils ont forcé équivaut à une élévation du niveau de la mer de 6 centimètres par an jusqu’à la fin de l’expérience. C’est plus que ce qui s’est produit lors de la fonte de la calotte glaciaire qui recouvrait l’Amérique du Nord lors de la dernière glaciation », a jugé Jonathan Bamber, du centre de glaciologie de l’Université de Bristol (Royaume-Uni). Quant à Andrew Watson, chercheur en sciences marines et atmosphériques à l’université d’Exeter, ce dernier estime « qu’une simulation n’est pas la réalité, les auteurs de l’étude affirment que le modèle montre comment l’AMOC s’approche d’un point de bascule […] Mais on ne peut pas affirmer que cela soit imminent ».

« L’analyse du point de bascule de l’AMOC est solide »
« L’analyse du point de bascule de l’AMOC est solide et suggère que le système est proche d’une transition, a estimé l’expert physicien Andrew Watson. Mais les modèles qu’il examine sont moins fiables que ceux utilisés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU ». Car, justement, le Groupe intergouvernemental sur le changement climatique de l’ONU, l’un des organismes de référence en matière d’analyse des menaces générées par le réchauffement climatique, considère qu’il est « hautement improbable que l’AMOC puisse s’effondrer au cours du XXIe siècle ».

L’université de Copenhague émet également des doutes quant à la quantité de données historiques pouvant être analysées pour les comparer à la situation actuelle. « Nous n’avons aucune preuve que la force de l’AMOC ait diminué au cours des 75 dernières années », a déclaré Penny Holliday, responsable de la physique marine et de la circulation océanique au Centre océanographique national du Royaume-Uni.

En revanche, l’expert en physique marine admet que l’AMOC « fluctue avec des périodes où il est plus fort et des périodes ou il est plus faible ». Mais il critique le fait que l’étude soit basée sur les observations de cinq navires et « les interprètes d’une manière qui est discréditée par la littérature scientifique ».

Néanmoins, l’étude de l’Université d’Utrecht, est qualifiée de pertinente et « d’importante » pour étudier ce phénomène potentiellement destructeur par ces mêmes chercheurs, qui demandent davantage de recherches et plus de ressources pour réaliser de nouvelles expériences afin de démontrer si l’AMOC ralenti réellement et peut s’effondrer dans les années à venir.

extraits et sources : https://www.geo.fr/ / https://www.lindependant.fr/

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