Tara échappe aux glaces de la banquise qui restent importantes cette année
Expédition au Groenland : Tara échappe (de peu) aux glaces de la banquise. 15 heures pour faire 60 km ! Alerte maximale à bord de la goélette Tara qui se heurte aux glaces agglutinées devant le Fjord de Scoresbysund, au Groenland.
ALERTE. Rien n’est jamais joué d’avance pour accoster au Groenland en bateau. En cette année 2015, la fonte des glaces a pris près d’un mois de retard et l’entrée du Fjord de Scoresbysund, situé sur la côte Est du continent, est restée bouchée. Si la banquise descendue du Pôle s’est bien morcelée, elle a été poussée par les forts vent de nord-est et s’est agglutinée par endroits, rendant difficile l’accès à la côte. Lors de sa première traversée le 9 juillet 2015, Tara a trouvé les premières glaces à près de 80 milles nautiques des côtes. L’alerte a été maximale à bord car, bien que Tara ait été conçu pour les glaces, ce n’est pas un brise-glace. Veille 24 sur 24, un marin hissé en point de vigie, caméra montée en haut du mât pour détecter une éventuelle veine de sortie du labyrinthe… Martin Hertau, le capitaine, habitué aux régions polaires, a tenté de passer pendant des heures, en vain. « On a mis quinze heures pour faire 60 km ! » Et décision a été prise de rebrousser chemin et refaire route vers l’Islande.
Des blocs de glace ? « De beaux spécimens de 50 mètres de haut ! »
Après deux jours de mer un peu moins agités qu’à l’aller, l’idée fixe d’y retourner dès que possible est dans tous les esprits. En plus des cartes éditées par les services météo norvégiens, et les photos satellite de la Nasa, Tara était également en contact avec Isabelle Autissier, elle aussi en route pour Scoresbysund. Partie du Svalbard à peu près en même temps que Tara à sa première tentative, la navigatrice a lutté trois jours durant pour franchir les deux ou trois barrières flottantes. « On est passé à terre mais cela a été un peu chaud, a-t-elle écrit dans un message. Navigation d’anthologie dans la brume et des glaces très resserrées. A l’entrée, on a croisé quelques beaux spécimens de 50 mètres de haut ! » Mais pour le capitaine, un retour précipité au Groenland était impossible, le bras de liaison entre les deux safrans ayant été plié dans les nombreuses manoeuvres pour passer entre les blocs. Après réparation et trois jours d’attente à Akureyri, les cartes météo ne laissaient présager rien de bon. La décision est difficile à prendre. « Si on était reparti, on serait arrivé sur zone au moment où les vents de Nord allaient se renforcer, a expliqué Martin Hertau. Il y avait donc une grande probabilité à nous retrouver bloqués entre les glaces et la côte sans pouvoir débarquer ». Pour des raisons évidentes de sécurité et de logistique, Etienne Bourgois, armateur du bateau et directeur général d’Agnès b. préfère tout miser sur la prochaine rotation le 24 juillet. « Les contraintes du timing d’embarquement de l’équipage ne nous permettait pas de tout compromettre en restant bloqués, a-t-il justifié. La fonte est très en retard cette année. Nous avons tenté notre chance car nous savons que le comportement des glaces peut changer très vite. Mais lorsque nous sommes arrivés, les blocs étaient toujours-là à cause de la mauvaise météo. Lorsqu’on insiste on casse. Et c’est ce qui s’est passé ».
« SAGESSE ». « Deux ornithologues qui travaillent avec nous sont partis à 75° Nord à Hochstetter Forland, qui représente une zone d’étude d’Ecopolaris à long terme, projet soutenu par l’université de Bourgogne et l’institut polaire français, continue Olivier Gilg, qui dirige les travaux à distance. Il nous reste 20% du travail à faire au mois d’août en espérant les rejoindre. C’est là que tout devrait être déposé ». Dans cette région, le moindre déplacement en Twin, ces avions bimoteurs adaptés aux régions polaires, coûte très cher (30.000 euros de budget sont attribués aux seuls transports). En attendant, on continue à scruter l’évolution satellite de la glace à Scoresbysund, projetant les analyses météo des dix jours à venir en espérant trouver un moyen de franchir l’embouchure et d’y accoster. « En expédition polaire, il faut avoir la sagesse de savoir attendre le moment opportun » a conclu Etienne Bourgois, philosophe.
extrait et source : http://www.sciencesetavenir.fr/
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