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Rouler à l’huile de friture, solution verte en plein choc pétrolier

Faire fonctionner les voitures à l’huile de friture usagée: au moment où les prix de l’essence battent record sur record, « l’oasis du biocarburant », près de San Francisco, suscite de plus en plus d’intérêt.

Faire fonctionner les voitures à l’huile de friture usagée: au moment où les prix de l’essence battent record sur record, « l’oasis du biocarburant », près de San Francisco, suscite de plus en plus d’intérêt.  Depuis quelques mois, l' »oasis », raison sociale d’une petite station-service à Berkeley, berceau de la contestation contre la guerre du Vietnam dans les années 1960 et siège de l’université prestigieuse du même nom, attire un nombre croissant de conducteurs de véhicules diesel. C’est que l' »oasis », ouverte fin 2003, est le seul point d’approvisionnement à 70 km à la ronde en « biodiesel ». Ce carburant, 100% naturel, car obtenu à partir d’huile de friture, peut faire fonctionner la plupart des véhicules diesel. Et en France, que se passe t-il ?

Les automobilistes français, soucieux de réduire leur facture de carburant face à la flambée des cours, sont de plus en plus nombreux à mélanger des huiles végétales dans leur gazole. Mais cette pratique est illégale en France. Il est théoriquement possible, sans trop de risque mécanique, de faire tourner un moteur diesel avec un mélange « pétro-végétal », des huiles végétales pures, voire même de l’huile de friture achetée dans n’importe quel supermarché.

L’ampleur du phénomène et le préjudice subi par l’Etat en terme de taxes sont encore difficiles à évaluer, mais les douanes ont récemment redoublé de vigilance. En 2005, Face à l’envolée des prix à la pompe, entre 2.000 et 3.000 automobilistes auraient déjà franchi le pas et utiliseraient 50% voire jusqu’à 100% d’huiles végétales dans leur moteur diesel, assure Alain Juste, directeur de Valenergol, une compagnie de distribution d’huile de tournesol, située dans le Sud-ouest. Le litre d’huile végétale coûte de 0,70 à 0,80 euro contre 1,38 euro pour le litre de diesel actuellement (mai 2008)

Tous les carburants commercialisés en France, quelles que soient leurs origines, sont soumis à des taxes qui atteignent 70% du prix, dont 20% pour la TVA et 50% pour la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP).Le contrevenant risque une amende pouvant s’élever jusqu’à deux fois le montant des droits et taxes prélevés par l’Etat sur les carburants, rappelle-t-on à la DGCCRF. Si ce n’est une forte odeur de friture, il est difficile pour les douaniers de distinguer une voiture roulant avec ce type de mélange.

La Solution Apportée :

Imaginez vous que vous ne vous arrêtez plus jamais aux stations services.. Vous faites le plein en plongeant un doigt dans votre entonnoir pour goûter votre carburant : de l’huile bio de première pression à froid… Votre véhicule adore ça, son pot d’échappement disperse une légère odeur de friture, ça vous donne des envies de marche arrière.

Faire rouler son véhicule à l’huile remonte effectivement bien loin en arrière. En 1910, l’inventeur DIESEL, Rudolf de son prénom avait senti le vent venir. A l’exposition universelle de PARIS, il présente son moteur DIESEL qui fonctionne à l’huile de lin…

Depuis une dizaine d’années, des automobilistes autonomes, paysans ou amoureux de la friture, se réclament de rouler à l’huile végétale pure : HVP. La même huile que pour la salade avec un petit raffinement : ils utilisent de l’huile de colza, lin ou tournesol, issue d’une première pression à froid, décantée puis filtrée à 5 microns.

En effet, pour produire de l’huile végétale de supermarché, on brûle décidément trop de pétrole : pour fabriquer les engrais, préchauffer les graines avant de les presser, extraire un maximum d’huile des tourteaux (avec des solvants pétroliers comme l’hexane), produire et transporter la bouteille plastique à l’autre bout du monde…
Les caprices de notre toute puissante déesse Rentabilité économique réprouvent la notion élémentaire de rentabilité énergétique.
Car pour produire et acheminer un litre de gasoil, il aura fallu dépenser une énergie équivalente à plus d’1,3 litre de gasoil. Alors que produire un litre d’HVP de tournesol, demande une quantité d’énergie équivalente à moins de 0,15 litres d’HVP de tournesol, et voire encore moins si les graines sont bio, produites et transformées à partir d’énergies renouvelables.

En me projetant sur les 1000 litres de ma consommation annuelle de carburant.
A distance parcourue équivalente, soit je brûle 1000 litres de gasoil auxquels je rajoute les 1300 litres dépensés pour les produire et les transporter, ce qui fait un total de 2300 litres de gasoil.
Soit je brûle 1000 litres d’HVP, qui m’ont « coûté » 150 litres d’HVP, soit un total de 1150 litres d’HVP.
Le bilan, c’est deux fois moins de CO2 qui partent en fumée. Et la cerise sur le gâteau, c’est que je n’ai pas contribué à l’effet de serre. En effet, tout le CO2 que mon pot d’échappement a recraché a été absorbé par la plante pendant sa croissance, ça s’appelle un circuit court.

Une combustion plus complète grâce à l’oxygène contenue dans l’huile végétale atténue l’encrassement du moteur (calamine) ainsi que l’émission de particules imbrûlées.
Pas de soufre donc pas de pluies acides, la friture à explosion rejette six fois moins de particules cancérigènes. En bref, ça sent pas la rose mais presque…

En pressant 3 kg de graines, j’obtiens 1 litre d’huile et 2 kg de tourteau gras que je vends aux chèvres de mon voisin, un excellent fromager.

Je réserve un hectare pour rouler une année, il reste 1,2 millions d’hectares en jachère et des millions de litres d’huile de friture usagées récupérables comme carburant.

A très court terme, les paysans peuvent proposer un carburant à la ferme, une énergie de proximité dont ils maîtrisent toutes les étapes de production et de distribution. C’est déjà le cas en Allemagne.
L’objectif d’Alain JUSTE en créant la SARL Valénergol* était précisément de démontrer qu’il était possible de vendre de l’HVP carburant à 60 centimes d’euros le litre.
Les douanes en ont décidé autrement, la justice l’a condamné en 2002 à payer la Taxe intérieure sur les produits pétroliers, la TIPP, soit environ 60 centimes d’euros par litre.
En Juin dernier une directive européenne qui reconnaît pourtant l’HVP comme carburant, incite les états membres à l’exonération totale de ces taxes.

Les autorités énergétiques françaises font la moue. La TIPP représente la 4ème rentrée fiscale de l’Etat, et la pétro-industrie rechigne à concéder une part du gâteau des biocarburants aux agriculteurs.
C’est la menace d’une concurrence directe au carburant dérivé d’huile végétale de colza : le Diester® , qu’ils développent depuis une dizaine d’année. Ce produit non biodégradable, énergivore à toutes ses étapes d’élaboration, a comme seul intérêt d’être très compliqué à produire, ce qui leur garantit le monopole d’une production centralisée.

Le procès de la SARL Valénergol a jeté de l’huile dans les flammes qui nous chatouillent l’envie d’être autonomes et responsables de nos actes.
Nous retenons de cette histoire que les utilisateurs de ce carburant n’ont à aucun instant été pénalisés par la justice. C’est la faille dans laquelle nous nous sommes plongés il y a deux ans en créant l’association Roule ma Fleur**.

Puisque l’Etat essaie de nous condamner à payer plus cher pour moins polluer, nous avons entrepris d’auto produire notre carburant, en faisant circuler entre nous une huilerie itinérante : la circ’huileuse.
Depuis une année, cette machine, acquise collectivement, nous fait explorer les joies de la traction végétale. En 3 jours, elle me permet de produire à domicile mes 1000 litres d’HVP carburant pour l’année. Elle est également une passerelle vers le monde paysan, en quête de sens..

Nous avons commencé à rouler directement à 50% en mélange avec le gasoil (immédiat pour les Diesel avec pré chauffage et pompe à injection de marque BOSCH) puis apporté 4 adaptations à nos moteurs pour atteindre 100% : sur tarage des injecteurs, installation d’un réchauffeur à gasoil, d’une pompe de pré gavage, changement du filtre à carburant.
Ce qui représente deux jours de mécanique culinaire et environ 300 euros d’équipements.
Pour tous les autres types de moteurs DIESEL, un système de bi-carburation avec un deuxième réservoir est nécessaire pour démarrer et éteindre le moteur au gasoil.

Les séances collectives de récoltes, trituration, adaptation des moteurs, dégustation de carburant… sont autant d’occasions de créer du lien et de propulser nos envies dans les espaces des possibles.
Ce travail nous incite à réduire notre consommation, et à chercher plus simple, plus près.

Une myriade de tâches d’huiles est en émulsion, plusieurs CUMA et CIVAM ont déjà démarré, et de nombreux groupes de particuliers et particulières fleurissent. Ça sent la frite de Londres à Berlin.

En espérant que mes enfants ne voient jamais s’épuiser la dernière goutte d’huile végétale.

Pétales de fleur à combustion, je lâche ce pistolet à pompe en service de station, et je vais boire un canon avec Richard qui doit me semer quelques milliers de mètres carrés de plantes kilométriques.

Il est démontré que, comparativement au gasoil, les performances et caractéristiques de fonctionnement du moteur avec de l’huile végétale sont équivalentes (à 3% près).
Cf Mécanique des fleurs

Pour plus d’information, La Terre du Futur vous propose de visiter l’excellent site de http://www.roulemafleur.free.fr/index.htm

sources : http://www.lespasseurs.com / http://www.emarrakech.info/  / http://www.onpeutlefaire.com

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