Le Japon se relance à la chasse à la baleine
En annonçant en décembre son retrait de la Commission baleinière internationale, le Japon remet un pied dans le commerce issu de la pêche de la baleine.
C’est une décision qui va exposer l’archipel du Japon aux critiques des défenseurs des cétacés. Mercredi, le Japon a annoncé son retrait de la Commission baleinière internationale (la CBI) et va reprendre la pêche à la baleine à visée commerciale à compter de juillet 2019.
Officiellement, le Japon a mis fin à la pêche à la baleine il y a 30 ans. Mais en réalité, les cétacés étaient quand même chassés à des fins scientifiques, grâce à une faille du moratoire de 1986 sur la pêche du cétacé.
Le Japon s’abstiendra cependant d’aller chasser « dans les eaux de l’Antarctique ou dans l’hémisphère sud », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d’un point presse. La pêche sera « limitée aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive » du Japon, « en accord avec les quotas de prises calculés selon la méthode de la CBI afin de ne pas épuiser les ressources », a-t-il assuré.
« Abondance de certaines espèces », plaide le Japon
Pour le Japon, cette décision est le résultat de « l’absence de concessions de la part des pays uniquement attachés à la protection des baleines […] bien que des éléments scientifiques confirment l’abondance de certaines espèces de baleines ».
Le 15 septembre 2018, la CBI avait rejeté le texte phare porté par le Japon, intitulé « le chemin à suivre ». Il visait à mettre en place une double voie au sein de l’instance de 89 pays membres, afin de faire co-exister la préservation et la chasse commerciale des baleines. Cette dernière aurait été gérée par un « comité de la chasse à la baleine durable ». La proposition aurait aussi mis fin au moratoire de 1986, dont le Japon est signataire. Mais les pays défenseurs des baleines, conduits par l’Australie, l’Union européenne et les États-Unis, ont torpillé le texte nippon, par 41 voix contre 27.
Le vice-ministre japonais de la Pêche, Masaaki Taniai, avait vivement regretté le résultat du vote et brandi l’option ultime de quitter la CBI. Le gouvernement nippon ouvre par sa décision un nouveau front entre les détracteurs et défenseurs de la pêche aux cétacés, que les Japonais, notamment la frange nationaliste, considèrent comme une importante tradition nippone multiséculaire. Les organisations écologistes ont aussitôt réagi, condamnant la nouvelle.
C’est au 12e siècle, selon l’Association japonaise de la chasse à la baleine, que les pêcheurs de l’archipel commencent à capturer ces animaux marins au harpon. Puis, au début du 17e siècle, la pratique s’organise réellement dans ce qui reste son lieu culte, la ville de Taiji (ouest), actuellement connue et très décriée à l’étranger comme un port de chasse aux dauphins. À l’apogée de la chasse, dans les années 1950, environ 2 000 baleines sont débarquées au port chaque année.
En 1951, le Japon adhère à la Commission baleinière internationale (CBI), créée en 1946 pour conserver et gérer la population mondiale de baleines et de cétacés. Le Japon devient alors l’un des plus grands pays baleiniers au monde. En 1986, entre en vigueur un moratoire sur la pêche commerciale décidé au sein de la CBI, que signe le Japon. En 1988, prenant acte de ce texte, l’archipel cesse de chasser les petits rorquals et les cachalots dans les eaux côtières japonaises. Mais dans le même temps, il commence la « recherche scientifique » dans l’Antarctique en 1987 qu’il continue à ce jour, tuant des cétacés en exploitant une clause spéciale du moratoire qui autorise les recherches.
source: https://www.franceinter.fr
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