Le cyclone Chido à Mayotte créé une catastrophe malheureusement prévisible

Avec des rafales supérieures à 220 km/h, le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte se situe dans les catégories les plus dévastatrices de ce type de phénomènes tropicaux. Mais la lourdeur du bilan doit tout à sa trajectoire.
Un cyclone pas si rare sur l’océan Indien
Dans l’océan Indien et dans le Pacifique Sud, le terme cyclone désigne un vaste système en rotation autour d’un centre de basse pression. Le phénomène est appelé ouragan dans l’Atlantique Nord et dans le Pacifique Nord-Est, et typhon dans le Pacifique Nord-Ouest. L’intensité des cyclones est définie par l’échelle de Saffir-Simpson qui les classe de 1 à 5 en fonction de la vitesse des vents. Pour accéder à la catégorie 5, la plus dévastatrice, il faut que les vents dépassent 250 km/h.
Après le passage du cyclone Chido, les manquements de l’État, incapable de répondre aux attentes des habitants de Mayotte, sont criants. Les victimes pourraient se compter par centaines, voire par milliers, a prévenu le préfet. Tous les réseaux sont touchés : eau, électricité, téléphone, routes… Les risques étaient pourtant connus.

Cette séquence vidéo extraite d’une série d’images satellite animées prises et diffusées le 14 décembre 2024 par l’Institut coopératif de recherche sur l’atmosphère (CIRA) de l’Université d’État du Colorado, montre le cyclone Chido au-dessus de Mayotte (C), à l’ouest de Madagascar et à l’est du Mozambique. Au moins deux personnes ont été tuées le 14 décembre 2024, lorsque les vents violents du cyclone Chido se sont abattus sur Mayotte, territoire français de l’océan Indien. Les autorités ont mis en garde contre d’importants dégâts et les habitants ont craint le pire. (Photo by Handout / Cooperative Institute for Research in the Atmosphere (CIRA) / AFP) / RESTREINT A L’USAGE EDITORIAL – CRÉDIT OBLIGATOIRE « AFP PHOTO / Cooperative Institute for Research in the Atmosphere (CIRA) » – AUCUN MARKETING, AUCUNE CAMPAGNE DE PUBLICITE – DISTRIBUTION EN TANT QUE SERVICE AUX CLIENTS
Le cyclone Chido qui a touché Mayotte samedi est l’un des plus violents à avoir frappé l’archipel en 90 ans. Le résultat, selon les prévisionnistes, d’une « trajectoire remarquable » et de paramètres océanographiques et atmosphériques exceptionnels qui vient mettre en lumière la nécessité de mieux adapter ce département français aux risques.
Des habitations éventrées, des toits arrachés, des routes coupées et des bidonvilles entiers réduits à des amas de tôles. Deux jours après le passage du cyclone Chido à Mayotte, une course contre la montre est engagée; lundi 16 décembre, pour venir en aide aux sinistrés. Les rafales à plus de 220 km/h ont transformé le département français le plus pauvre en un champ de ruines où l’eau et la nourriture manquent et où l’ensemble du système de santé est à l’arrêt.
« Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers » de morts au vu de la « violence » du cyclone, a déclaré, dimanche, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, sur la chaîne publique Mayotte La 1ère.
Une trajectoire remarquable
La première explication est que l’archipel de Mayotte, habituellement protégé des tempêtes grâce à sa proximité avec Madagascar, a joué de malchance en se trouvant directement sur le chemin du cyclone. « Plus que son intensité, c’est sa trajectoire qui a été remarquable », note Patrick Galois, prévisionniste à Météo-France. « Il a suivi un trajet tout à fait rectiligne, plus au nord que ce que l’on peut observer habituellement, contournant Madagascar et touchant directement Mayotte. »
Or Mayotte « est un territoire minuscule », « un confetti posé sur l’océan Indien », poursuit le spécialiste. « La probabilité que l’œil du cyclone le touche de plein fouet était très faible. C’est cela qui fait le caractère vraiment exceptionnel de l’événement. » Le dernier épisode comparable remonte ainsi à février 1934, il y a 90 ans, précise-t-il.
Cependant, note-t-il, observer des cyclones de cette intensité n’est pas exceptionnel dans cette partie du monde. « Il y a, en moyenne chaque saison, trois systèmes d’intensité équivalente à celle de Chido » dans le sud-ouest de l’océan Indien, note-t-il. Dans son rapport prévisionnel annuel publié en novembre, Météo-France rappelle ainsi qu’en moyenne, dix systèmes – tempêtes et cyclones – s’y développent pendant la saison cyclonique, qui s’étend de novembre à mars ou avril. Et parmi eux, en moyenne cinq deviennent des cyclones tropicaux.
Samedi, des rafales de 226 km/h ont été enregistrées à l’aéroport de Mayotte, à Petite-Terre, et de 194 km/h à la station de Coconi, sur les hauteurs de Grande-Terre, avant que les équipements de relevés ne soient endommagés. « C’est intense, mais pas le phénomène le plus intense que nous ayons observé », continue Patrick Galois. « Et si le cyclone était passé quelques kilomètres plus au sud ou au nord, ou qu’il avait d’abord touché Madagascar, il aurait perdu de son intensité, et les impacts auraient été nettement plus faibles. »
En parallèle, le cyclone Chido a également profité de paramètres océaniques et atmosphériques favorables. « Un cisaillement de vent faible » a ainsi permis au cyclone « de se structurer et de perdurer », explique Patrick Galois : s’il existe trop de différences de vent entre le sol et l’altitude, « cela peut déstructurer un phénomène cyclonique et l’empêcher de se développer. Et là, malheureusement, ce n’était pas le cas », a-t-il indiqué.
Il a aussi bénéficié d’un « environnement océanique exceptionnel avec des températures de surface des eaux proches de 30 degrés et des eaux chaudes très profondes », selon le prévisionniste.
« Les îles, par leur nature, sont des territoires vulnérables aux risques cycloniques. À Mayotte, la question n’était pas de savoir s’il y aurait un cyclone mais plutôt quand », abonde la géographe Magali Reghezza. « Aujourd’hui, on sait se protéger contre les cyclones. On a développé des bâtis plus résistants ou, du moins, qui ne risquent pas de tuer les gens. On peut boulonner les toits, on peut faire circuler l’air dans les maisons… Il y a des techniques pour prévenir les risques. Dans d’autres territoires, moins fragiles, ce même cyclone aurait pu faire moins de dégâts. »
Sources : https://www.sudouest.fr/ / https://www.mediapart.fr/ / https://www.france24.com/
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