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Chronique et explications d’une QBO (vents équatoriaux) « déréglée »

L’oscillation quasi biennale (QBO) est un changement oscillatoire de la direction des vents dans la stratosphère équatoriale, jusqu’à environ 12 degrés de l’équateur, ayant une période entre 24 et 30 mois (de 26 à 29 mois selon Akstinas & al. en 20152) ; 28 mois en moyenne.

Les vents changent d’abord de direction générale de l’ouest vers l’est, et vice-versa, au sommet de la stratosphère à environ 30 km d’altitude. Le changement se propage vers le bas à une vitesse de 1 km par mois mais décroît quand il atteint 23 km d’altitude. Cette propagation est plus irrégulière avec les vents d’est et l’amplitude de ce changement est le double de celle des vents d’ouest.

La QBO connait actuellement une nouvelle anomalie inédite, déjà observée en 2015. En 2015, des scientifiques de l’Institut Max Planck ont publié un article sur une anomalie de grande ampleur dans ce cycle, jamais observée depuis que les mesures existent soit environ 60 ans. Récemment, les ondes de gravité ont été reconnues comme un des facteurs majeurs de la QBO. Les données de la QBO peuvent être trouvées ici. Après être passées en négatif debut janvier 2020, elle semble vouloir repasser en positif.

En météorologie, on désigne par onde de gravité les variations de pression atmosphérique concentriques créées par la chute d’une masse d’air (par exemple en raison du relief du terrain) et qui subit la poussée d’Archimède car elle a une densité différente de l’environnement. Ces ondes sont l’équivalent des vagues dans un milieu en trois dimensions. Elles peuvent mener à la création de bandes nuageuses parallèles, correspondant aux minima et maxima de pression (« crêtes » de l’onde), par exemple des Cirrus vertebratus.

Le changement climatique n’est peut-être pas la source première de cette anomalie, mais il pourrait avoir exacerbé certaines chaines de réactions atmosphériques.

Anomalies de la QBO de 2020 :

Hypothèses explicatives

Le coupable pourrait être l’El Niño de l’hiver 2015, pour deux raisons : il a apporté des eaux anormalement chaudes à l’est du Pacifique équatorial ; il a aussi modifié les ondes atmosphériques et des conditions météorologiques bien au-delà des tropiques. 2014 et 2015 ont encore été des années records en termes de chaleur.

Une autre possibilité, peut-être en lien avec la précédente, serait qu’une autre anomalie serait en cause, voire un facteur déclenchant : un «  » blob  » d’eau chaude » du nord de l’océan Pacifique constaté depuis 2013 ait contribué à un réchauffement stratosphérique anormal (hivers 2013-2014 et 2015-2016) dans les hautes latitudes de l’hémisphère Nord12.

L’océan Pacifique joue un rôle majeur sur la QBO.

Mais que s’est il passé cette année pour que la QBO puisse en être affectée ? Nous n’avions pas de El Nino !

Fin décembre, on pouvait constater cette forte anomalie positive dans le Pacifique Sud née des incendies en Australie :

Mais le blob dans le Pacifique Nord est revenu dès septembre 2019 comme en 2015 :

Et voici les Blobs dans l’ocean pacifique nord et sud en avril 2020 :

Ces blobs ont des conséquences sur la faune :

Des scientifiques ont récemment fait état d’une autre catastrophe biologique dévastatrice, causée par une étendue d’eau anormalement chaude dans l’océan Pacifique, connue sous le nom de ” Blob “.

Cette concentration de chaleur marine s’est maintenue dans le nord-est du Pacifique entre 2013 et 2016, et les chercheurs pensent maintenant qu’elle est en grande partie responsable de la mort de près d’un million de guillemots de Troïl (Uria aalge), entre autres animaux sauvages. Cela en fait la plus grande mort d’oiseaux de mer de l’histoire.

credit : https://www.gurumed.org/2020/01/20/un-blob-chaud-de-locan-pacifique-lorigine-de-la-plus-grande-mortalit-doiseaux-de-mer-jamais-constate/

Une autre conséquence directe pourrait être une perturbation des prévisions saisonnières car cette anomalie n’est pas prévue par les modèles météorologiques classiques qui s’appuient sur la QBO pour leurs prévisions à moyen terme (prévisions saisonnières) et qui la considèrent comme l’un des stabilisateurs du climat mondial.

Les vagues de chaleur localisées dans les océans sont devenues plus fréquentes au cours du siècle dernier et on s’attend à ce que leur fréquence augmente encore à mesure que la planète se réchauffera. Cette situation particulière a été exacerbée par le réchauffement des vents dû à El Niño en 2015 et 2016. Seulement voilà, en 2019 et 2020, nous n’avons pas eu de El Nino. Alors qu’en est il exactement ?

Origine du Blob : Le blob a été détecté pour la première fois à l’automne 2013 et au début de 2014 par Nicholas Bond de l’Institut mixte pour l’étude de l’atmosphère et de l’océan de l’Université de Washington, et ses collègues, lorsqu’un grand plan circulaire d’eau de mer n’a pas refroidi comme prévu et est resté beaucoup plus chaud que les températures normales moyennes pour cet endroit et cette saison.

Causes du Blob : La cause immédiate du phénomène a été les taux de perte de chaleur de la mer à l’atmosphère inférieurs à la normale, aggravés par une circulation de l’eau inférieure à la normale, ce qui a entraîné une couche d’eau statique supérieure. Ces deux éléments sont attribués à une région de haute pression statique dans l’atmosphère, appelée la crête ridiculement résiliente , qui existe depuis le printemps 2014. Le manque de mouvement d’air a un impact sur les courants forcés par le vent et l’agitation de la surface générée par le vent, des eaux. Ces facteurs ont à leur tour influencé la météo dans le nord-ouest du Pacifique à partir de l’hiver 2013-2014 et peuvent avoir été associés à l’été inhabituellement chaud connu dans le nord-ouest du Pacifique continental en 2014.

La raison de ce phénomène n’est pas claire. Certains experts considèrent que le blob d’eau chaude présage un changement cyclique avec les eaux de surface de l’océan Pacifique à mi-latitude passant d’une phase froide à une phase chaude dans un cycle connu sous le nom d’oscillation décennale du Pacifique (PDO).

Ce changement mal compris se produit à des intervalles irréguliers d’années ou de décennies. Pendant une phase chaude, le Pacifique occidental devient plus frais et une partie de l’océan oriental se réchauffe; pendant la phase froide, ces changements s’inversent. Les scientifiques croient qu’une phase froide a commencé à la fin des années 1990 et l’arrivée du Blob pourrait être le début de la prochaine phase chaude. Les phases PDO peuvent également être liées à la probabilité d’événements El Niño.

L’oscillation décennale du Pacifique ( PDO ) est un modèle récurrent et robuste de variabilité du climat océan-atmosphère centré sur le bassin du Pacifique à la latitude moyenne. La PDO est détectée comme eau de surface chaude ou froide dans l’océan Pacifique.

Donc la conclusion de tout ceci, nous assisterions à un changement de phase de la PDO et pendant l’intervalle, il y a ces blobs qui apparaîtraient. Ceux ci pourraient être accentués par le réchauffement qui est constaté. A moins que tout ceci soit juste un phénomène totalement naturel qui serait singulièrement impacté par un autre indice celui de l’IPO : 

ici PDO et IPO :

Et voici un article d’une étude qui quantifie le rôle de l’IPO du Pacifique dans les variations climatiques ICI

Les anomalies de la QBO trouveraient donc leurs origines dans ce qui se passe actuellement dans l’océan Pacifique. 

Adaptation et réalisation Terra Projects

sources : Ondes de gravité / Oscillation_quasi_biennale / Oscillation_quasi_biennale / https://www.gurumed.org/ / https://en.wikipedia.org/ /

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  1. Hiver 2020-2021 | Terra Projects

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