Dernières Infos

Une bactérie immortelle livre ses secrets

Deinococcus radiodurans est vraiment une bactérie hors normes ! Après avoir été irradiée elle est capable de « ressusciter » en quelques heures, en réparant et réorganisant son ADN.

Une équipe INSERM vient d’élucider ses pouvoirs « surnaturels »…

Et c’est bien là le plus intéressant ! Dès 1956, des scientifiques avaient découvert avec étonnement que cette bactérie survivait à des traitements de choc. Notamment à une irradiation représentant plus de 5 000 fois la dose mortelle chez l’homme ! Depuis lors, la communauté scientifique ne cesse de chercher pourquoi et surtout comment cela se peut.

Le Pr Miroslav Radman et ses collaborateurs, de l’Université René Descartes de Paris (Unité INSERM 571) sont aujourd’hui parvenus à comprendre son système de réparation. Une découverte fondamentale, qui pourrait jeter les bases d’une médecine régénérative, applicable notamment aux pathologies neuronales. A suivre de très près…

En maîtrisant les cellules souches, la médecine régénérative peut espérer soigner les diabétiques, les parkinsoniens ou encore les tétraplégiques.

Heureuse salamandre ! Qu’elle perde une patte accidentellement ou que son coeur soit endommagé, en quelques semaines le membre a repoussé à l’identique et l’organe vital est remodelé. Idem pour la queue du lézard qui, abandonnée à un prédateur, se régénère. Quant à la planaire, un petit ver plat, si on la guillotine, elle se refait une tête entière en six jours… Curieusement, allez savoir pourquoi, alors que cette faculté d’autoréparation, de régénération harmonieuse disent les biologistes, est très largement répandue dans le règne animal, l’évolution ne l’a que très partiellement retenue pour les mammifères en général et l’homme en particulier. Chez nous, elle ne subsiste que dans le processus de cicatrisation et le renouvellement continu de certains tissus comme la peau, le sang ou les phanères (poils, cheveux, ongles) …

L’étude de Deinococcus radiodurans a montré que sous l’effet de ces conditions extrêmes l’ADN de la bactérie était éclatée en plusieurs centaines de fragments et les chromosomes littéralement pulvérisés. Pourtant, en seulement quelques heures, Deinococcus radiodurans reconstitue entièrement son patrimoine génétique et revient à la vie. Une sorte de résurrection.

L’équipe de chercheurs (K. Zahradka, A. Lindner et Dea Slade) dirigée par Miroslav Radman de l’unité Inserm 571 à la faculté de Médecine Necker-Enfants Malades et de l’Université René Descartes vient d’en élucider le mécanisme pour la première fois.

Il s’agit d’un système de réparation en deux étapes, inconnu à ce jour. La première phase consiste à rassembler dans l’ordre correct tous les fragments en une chaîne linéaire ; tous les morceaux seront utilisés comme modèle pour initier la synthèse d’ADN et allonger la chaîne par simple brin. La deuxième phase de recombinaison génétique consiste à reconstituer les chromosomes circulaires de la cellule par « crossing over ». Une fois le génome restauré à l’identique, la synthèse des protéines est à nouveau opérationnelle : la cellule est vivante alors qu’on pouvait la considérer comme « cliniquement morte ».

Cette découverte fondamentale pourrait être la base d’une nouvelle médecine régénérative ; on peut ainsi imaginer « ressusciter » des neurones morts et vaincre ainsi les pathologies dégénératives du cerveau comme la maladie d’Alzheimer.

Ce processus de réassemblage de l’ADN, s’il est reproduit in vitro, permettrait également de créer des mosaïques génomiques à partir du patrimoine génétique de tous les organismes vivants et de jeter les bases de la future biologie synthétique.

Selon Miroslav Radman, « la bactérie Deinococcus radiodurans serait aussi peut-être le meilleur candidat pour ensemencer la vie sur les planète stériles.»

Sources : INSERM / http://www.lepoint.fr/

(1141)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.