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Le climat pourrait être légèrement moins sensible au dioxyde de carbone

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co2Deux degrés Celsius. Derrière l’objectif affiché de la communauté internationale – limiter à 2°C le réchauffement du climat terrestre, par rapport à la période préindustrielle – se cache un épineux problème scientifique. Une question opportunément remise sur le devant de la scène par la revue Science alors que s’ouvrait, lundi 28 novembre à Durban (Afrique du Sud), la conférence des Nations unies sur le climat.

 

 

De quoi s’agit-il ? Simplement de savoir à quel niveau de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique correspond une élévation de la température moyenne de la terre de 2°C… Cette question qui demeure ouverte n’est abordée par les scientifiques qu’en termes de probabilités.

Les travaux menés par Andreas Schmittner (université de l’Etat d’Oregon, Etats-Unis) et mis à l’honneur dans la dernière édition de Science suggèrent qu’un doublement du CO2 dans l’atmosphère conduirait à une élévation probable (avec une probabilité supérieure à 66 %) de la température comprise entre 1,7°C et 2,6°C, la meilleure estimation tournant autour de 2,3°C. Ce serait donc là, selon M. Schmittner et ses coauteurs, l’élévation la plus probable de température en réponse à une stabilisation du CO2 atmosphérique à 550 parties par million (ppm) – contre 275 ppm au XIXe siècle et environ 390 ppm aujourd’hui.

Couverture nuageuse

Cette nouvelle évaluation sonne comme une bonne nouvelle. En effet, dans son dernier rapport, publié en 2007, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estimait – à partir de la douzaine d’études alors publiées sur le sujet – que le climat terrestre était légèrement plus sensible au CO2. Pour un doublement de ce dernier, l’élévation de température estimée probable était comprise, selon le GIEC, entre 2°C et 4,5°C. La meilleure estimation étant à environ 3°C.

Ces résultats, écrivent les chercheurs, « impliquent une probabilité plus faible qu’escompté jusqu’à présent, de l’imminence d’un changement climatique ». Pour autant, mettent en garde la dizaine de climatologues qui tiennent le blog RealClimate, « ces nouveaux travaux » ne sont pas « automatiquement meilleurs que les précédents », pas plus qu’ils ne les « remplacent ».

La méthode utilisée par M. Schmittner a été de rassembler les données paléoclimatiques (températures, concentration de CO2…) du dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans. Ils ont ensuite comparé ces données avec les résultats du modèle climatique canadien et ont observé la meilleure concordance entre les données et la simulation lorsque les paramètres du modèle confèrent au climat une sensibilité à un doublement du CO2 comprise entre 1,7°C et 2,6°C.

Pour la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, chercheuse (CEA) au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), « cette étude est intéressante en ce qu’elle utilise des données des climats du passé pour contraindre des modèles prédictifs ». Cependant, note la chercheuse, « le modèle utilisé est très simple et ne parvient pas bien, par exemple, à reproduire l’amplification polaire », ce phénomène qui provoque actuellement un réchauffement exacerbé dans la zone arctique.

Les climatologues-blogueurs de RealClimate pointent pour leur part le fait que le modèle utilisé n’intègre pas les modifications possibles de la couverture nuageuse qui pourrait accélérer le réchauffement au lieu de le freiner…

De plus, ajoute Mme Masson-Delmotte, la base de données utilisée par les chercheurs « intègre plus de données océaniques que de données continentales, or nous savons que l’augmentation des températures est toujours plus forte au-dessus des terres émergées qu’au-dessus des océans ». Conclusion : « Du coup, il est normal que cette évaluation de la sensibilité du climat au CO2 soit plutôt dans la fourchette basse », estime la chercheuse.

Les spécialistes s’accordent généralement pour estimer que l’augmentation minimale de température consécutive à un doublement du CO2 est d’un peu moins de 2°C. Mais définir la limite supérieure est beaucoup plus compliqué. Certaines études situent celle-ci à plus de 5°C. Une étude publiée en 2005 dans Nature n’excluait pas la possibilité que celle-ci soit légèrement supérieure à… 11°C.

Stéphane Foucart

source : http://www.lemonde.fr

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