Vers un monde de superhumains
« Nous entrons désormais dans une nouvelle phase que nous pourrions qualifier d’évolution modelée par les êtres humains, dans laquelle nous serons capable de modifier et d’améliorer notre ADN », écrit Stephen Hawking. « Nous possédons désormais les plans de l’ADN, ce qui signifie que nous avons lu le “livre de la vie” et que pouvons désormais y apporter nos corrections. »
Le physicien fait ici référence à des techniques telles que Crispr-Cas9, qui permet de supprimer et d’insérer des gènes à un endroit bien précis du chromosome, au sein du génome de n’importe quelle cellule. Découverte progressivement depuis 2002 par une communauté de chercheurs, cette technique a été peaufinée en 2012 et 2015 par Feng Zhang du Massachusetts Institute of Technology, Jennifer Doudna de l’université de Berkeley, et Emmanuelle Charpentier de l’Institut Max-Planck de Berlin.
C’est grâce à elle que le Great Ormond Street Hospital de Londres a guéri une petite fille atteinte de leucémie aiguë lymphoblastique. Aux États-Unis, ce cancer du sang est traité avec des cellules CAR-T (« cellules T porteuses d’un récepteur chimérique ») depuis l’année dernière. Les cellules T, c’est-à-dire des cellules immunologiques, sont prélevées sur le patient, puis modifiées génétiquement de manière à leur faire exprimer un récepteur artificiel qui cible les cellules cancéreuses, avant d’être réinjectées au patient.
En Chine, la technique Crispr-Cas9 a été utilisée dans le traitement du cancer pour la première fois en 2016. Le pays a également modifié des embryons humains porteurs d’un gène anormal entraînant une maladie du sang potentiellement mortelle, la bêta-thalassémie, avant de les détruire. Ce qui a suscité la polémique, et démontré que l’édition du génome avait le pouvoir d’impacter l’évolution de l’espèce humaine.
Pour Stephen Hawking, les modifications se limiteront d’abord aux « défauts génétiques » avant de devenir plus globales et complexes, et de toucher à notre apparence physique, ou encore à notre intelligence et à notre comportement. « Je suis sûr qu’au cours de ce siècle, les gens découvriront comment modifier à la fois l’intelligence et les instincts tels que l’agression », affirme le physicien. Et cette découverte rendra selon lui séduisante l’idée d’ « améliorer » les individus, malgré les terribles conséquences qu’il présage pour les « humains non-améliorés ».
« Des lois vont probablement être adoptées contre le génie génétique chez l’humain », ajoute Stephen Hawking. « Mais certaines personnes ne pourront pas résister à la tentation d’améliorer les caractéristiques humaines telles que la mémoire, la résistance aux maladies et la durée de la vie. » Ces personnes doivent bien évidemment se chercher du côté des plus riches et des plus puissants. Et plus particulièrement dans la Silicon Valley, où le génie génétique est loin d’être le seul outil à la disposition des Prométhée de ce siècle.
source : https://www.ulyces.co/
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