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Le nouveau Président Biden va tourner la page de Trump

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Le démocrate Joe Biden prêtera serment ce mercredi 20 janvier 2021 sur le parvis du Capitole. Il devrait prendre dans la foulée une série de décrets pour imprimer sa marque, résolument plus sociale et soucieuse de l’environnement.

Trump avait du bagout et aucune expérience politique. Élu sénateur dès 1972, Biden connaît par cœur les rouages et usages du pouvoir fédéral. Et, pour avoir été la doublure de Barack Obama, la Maison-Blanche lui est familière. Son équipe recycle de nombreux cadres d’alors : Janet Yellen, Antony Blinken, John Kerry installé au poste inédit d’émissaire pour le climat…

Il n’empêche : la tâche s’annonce titanesque, Trump laissant derrière lui un pays dont il a exacerbé les divisions, une administration épuisée par ses caprices et des crises imbriquées. L’épidémie de Covid-19, dont le milliardaire républicain a fini par s’en laver les mains.

Deux semaines après l’émeute des partisans de Trump au Capitole, Biden doit appeler le pays, depuis les marches de l’édifice, à se rassembler, à se retrousser les manches et à retrouver son âme démocratique. Cela reflétera beaucoup de choses déjà entendues pendant la campagne, parce que c’est ce à quoi il croit : seule une Amérique unie surmontera ces crises massives, a prévenu Kate Bedingfield, communicante en chef de la nouvelle Maison-Blanche.

Le président élu Joe Biden a mis en avant des objectifs ambitieux dans la lutte contre le changement climatique. Les plus ambitieux jamais proposés par un président américain. Il s’est également engagé à rétablir les protections environnementales démantelées par Donald Trump.

Les accords de Paris

Durant sa campagne, Joe Biden a affiché sa volonté de prendre le contre-pied de son prédécesseur sur les questions environnementales. Et cela lui a permis de remporter de nombreux suffrages. « Biden a gagné en partie grâce aux électeurs pour le climat. Il a reçu des dons importants de la communauté des défenseurs du climatt », affirme Leah Stokes, professeure adjointe à l’Université de Californie (Santa Barbara).

En effet, le démocrate a multiplié les annonces, notamment en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour commencer, Joe Biden a promis le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat dès son arrivée à la Maison blanche et de révoquer le permis du projet d’oléoduc Keystone XL. Michael Burger estime que le nouveau président peut rapidement prendre des décrets revenant sur une flopée d’autres démantèlements politiques, notamment la stratégie énergétique tant vantée du « America First » de Donald Trump, qui visait à ouvrir les eaux côtières américaines à l’exploitation pétrolière et de gaz, et l’annulation par le président Trump d’une politique instaurée par Barack Obama obligeant les organismes fédéraux à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40 % en dix ans.

Pour réintégrer l’accord de Paris, les États-Unis devront soumettre de nouveaux engagements en matière de réduction des émissions au niveau national, mais cela pourrait par la suite permettre au pays de redevenir un leader mondial en matière de climat. Joe Biden pourrait également tenir sa promesse de publier des classements visant à « nommer et pointer du doigt » les pays qui ne respectent pas leurs propres engagements en matière de climat.

Les parcs nationaux et l’environnement

Au cours du plus important revirement en matière de protections dont bénéficient les terres publiques de l’histoire des États-Unis, Donald Trump a réduit la superficie du Bears Ears de 85 % et celle du Grand Staircase Escalante de moitié. Cette décision a conduit à une bataille juridique visant à déterminer si l’Antiquities Act (Loi sur les antiquités) de 1906, qui confère aux présidents le pouvoir de créer des monuments nationaux, leur donnait aussi le pouvoir de revenir sur ou de limiter les décisions prises par leurs prédécesseurs. (La loi composée de quatre paragraphes n’a apporté aucune réponse à cette question).

Si Joe Biden prenait un décret à ce sujet, les monuments pourraient immédiatement retrouver leur superficie d’origine et être protégés de l’extraction minière et de toute autre ressource. La question juridique resterait toutefois sans réponse.

Joe Biden n’a également pas besoin de l’accord du Congrès pour revenir sur les décisions prises par le président Trump visant à modifier les réglementations fédérales en matière d’environnement. Toutes les nouvelles réglementations non finalisées avant la fin du mandat de Donald Trump seront tout simplement abandonnées. Par contre, les réglementations déjà entrées en vigueur le resteront. Pour les modifier, Joe Biden devra élaborer une nouvelle réglementation, un processus complexe et à étapes qui inclut un engagement public important et nécessite généralement plusieurs années de travail.

Donald Trump a révisé plus de 100 réglementations, aux conséquences plus ou moins importantes. Il a notamment démantelé les normes d’efficacité des lave-vaisselles et a ouvert à l’exploitation forestière plus de la moitié de la forêt nationale de Tongass en Alaska, l’une des plus vastes forêts tropicales tempérées au monde.

L’été dernier, l’administration Trump a pris ce que les défenseurs de l’environnement considèrent comme l’une de ses mesures réglementaires les plus dommageables en promulguant de nouvelles réglementations en vertu de la loi fondamentale du pays en matière d’environnement, la National Environmental Policy Act. La NEPA exige des organismes fédéraux qu’ils déterminent si leurs décisions, comme le financement ou la délivrance d’un permis de construction d’une autoroute ou d’un oléoduc par exemple, auront un impact important sur l’environnement. Les nouvelles réglementations imposent désormais la réalisation plus rapide de ces examens environnementaux, sous moins de deux ans, et permettent aux organismes de ne plus évaluer les impacts à long terme ou dans des lieux éloignés, par exemple, les conséquences de la construction d’un nouvel oléoduc sur le changement climatique mondial.

Comme l’interdiction de prendre en compte ces impacts n’est pas explicitement indiquée dans les nouvelles réglementations de la NEPA, le Sabin Center estime que le président Biden pourrait immédiatement ordonner aux organismes fédéraux de continuer à procéder aux examens, tandis que son administration se livre au long processus de réécriture des réglementations décidées par Donald Trump.

credit AP /Matt Slocum

Energie et pollution

L’administration Biden devrait avoir une politique énergétique très différente de celle de l’administration Trump. Elle devrait notamment être beaucoup moins favorable à l’industrie pétrolière et gazière et favoriser le solaire, l’éolien et les véhicules électriques. Mais tout va dépendre notamment de la capacité des démocrates à prendre le contrôle du Sénat.

Rappelons que les Etats-Unis sont le deuxième consommateur d’énergie au monde (16,2% en 2019), après la Chine (24,3%). Le mix énergétique américain est encore très fortement dépendant des énergies fossiles. Elles ont compté pour 91,5% de la consommation d’énergie primaire des États-Unis en 2019 selon le BP Statistical Review of World Energy (contre 84,3% en moyenne dans le monde).

L’un des démantèlements phares de Donald Trump fut la suppression du Clean Power Plan (Plan en matière d’énergie propre), l’une des politiques les plus importantes du président Obama pour lutter contre le changement climatique. Ce plan, qui avait pour objectif de réduire de 30 % les émissions de dioxyde de carbone des centrales électriques d’ici 2030, n’est jamais entré en vigueur, en raison de sa contestation devant les tribunaux par des membres du secteur et des gouvernements étatiques républicains. L’Agence de protection de l’environnement de Donald Trump a remplacé ce plan par la « Affordable Clean Energy Rule » (réglementation en matière d’énergie propre abordable) visant une réduction des émissions de carbone de seulement 0,7 % d’ici 2030, qui fait aussi l’objet de contestations judiciaires par les États démocrates.

Joe Biden pourrait recommencer à zéro en proposant une nouvelle réglementation relative aux émissions des centrales électriques, mais cela pourrait prendre du temps et également faire l’objet d’une contestation devant les tribunaux, souligne Michael Burger.

Même si les ambitions de Joe Biden en matière de climat sont susceptibles d’être limitées à Capitol Hill, il aura l’attention de Wall Street, alors que les entreprises intègrent de plus en plus le changement climatique dans leurs décisions d’investissement. La Southern Company en est l’exemple : l’entreprise, qui gère des centrales électriques dans l’ensemble du Sud-Est des États-Unis et faisait partie des entités contestant le Clean Power Plan, a annoncé au printemps dernier qu’elle se fixait pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. D’autres sociétés de services publics ont pris des engagements similaires.

Pendant sa campagne, Joe Biden s’est engagé à investir massivement, 1.700 milliards de dollars en quatre ans, pour accélérer le remplacement des énergies fossiles et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a aussi promis d’interdire la fracturation hydraulique sur les territoires fédéraux, ce qu’il peut faire par des décrets présidentiels (exécutive orders) sans recours au Congrès. Une telle décision limitera les possibilités de nombreuses compagnies d’exploiter le pétrole et le gaz de schistes dans plusieurs Etats dont le Nouveau Mexique.

La fin du nouvel âge d’or pour le pétrole et le gaz naturel
Les Etats-Unis sont un Etat pétrolier. A la surprise générale et grâce à la rupture technologique qui depuis 2014 a permis l’exploitation massive du pétrole du schiste, ils sont même redevenus, 50 ans plus tard, le premier pays producteur de pétrole au monde. En 2019, les États-Unis ont compté pour 17,9% de la production mondiale de pétrole et pour 23,1% de la production mondiale de gaz naturel. Les États-Unis ont aussi exporté plus d’énergie qu’ils n’en ont importé en 2019, pour la première fois depuis 1952. Le pays est notamment exportateur net de gaz naturel liquéfié (GNL).

C’est un pan ambitieux du programme de Joe Biden aux États-Unis. Biden a promis d’investir massivement dans les énergies renouvelables. Selon lui, c’est un secteur qui mobilisera « des millions d’emplois » aux États-Unis avec l’ambition d’arriver à une production électrique propre en seulement 15 ans. « Nous allons faire des investissements historiques », a assuré le candidat démocrate à la Maison-Blanche, qui se veut le champion de la lutte contre le changement climatique face à Donald Trump.

Relance économique

Joe Biden a présenté un nouveau plan de relance d’urgence de 1900 milliards de dollars, censé sortir les Etats-Unis de leur pire crise depuis les années 30, qui sera suivi dans les prochaines semaines d’un plan d’investissements pour relancer l’économie. Ce plan sera présenté aux élus du Congrès, qui devront se prononcer sur son adoption.

Face à l’ampleur de la crise économique, «on ne peut pas se permettre de rester les bras croisés», a défendu Joe Biden, présentant depuis son fief de Wilmington dans le Delaware ce paquet d’aides aux ménages et petites entreprises. Sur scène devant quelques journalistes, sans accepter de questions, le président élu des Etats-Unis s’est posé en rassembleur «optimiste».

Joe Biden espère aussi faire adopter le rehaussement du salaire minimum à 15 dollars de l’heure, plus du double des 7,25 dollars actuels.

Une enveloppe de 350 milliards de dollars est prévue pour permettre aux autorités locales et nationales de maintenir l’emploi des éducateurs, des policiers, des pompiers et des agents de santé publique.

Tout ceci se passe après l’insurrection du Capitole, la confiance étant largement rompue entre les Citoyens et le Pouvoir, Biden aura la lourde tache de réussir à unir son pays profondément désuni.

après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, les forces sécuritaires sont en alerte. Credit Tasos Katopodis/Getty Images

sources : https://www.ouest-france.fr/ / https://www.nationalgeographic.fr / https://www.natura-sciences.com/ / https://www.transitionsenergies.com/ / https://www.lepoint.fr/ / https://www.lesoir.be/ / https://www.letemps.ch/ /

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