Dans l’océan mondial, les zones mortes s’étendent rapidement
L’extension des « zones mortes », régions océaniques où l’oxygène devient trop rare pour les organismes vivants, a déjà été rapportée. Mais une nouvelle étude révèle un impact beaucoup plus sévère à court terme sur les écosystèmes.
Observées depuis la fin des années 1990 par les Etats-Unis et en mer Baltique notamment, les « zones mortes, » ou OMZ (open-ocean oxygen-minimum zones, ou Zones de Minimum d’Oxygène) font l’objet d’une attention particulière.
Ce terme désigne de vastes régions dites hypoxiques, c’est-à-dire déficitaires en oxygène dissous. Certaines d’entre elles sont d’origine naturelle, notamment en Mer Noire où la carence en oxygène perdure depuis des millions d’années, ou encore dans les grandes profondeurs marines. Mais l’activité humaine et ses conséquences indirectes en entraînent aujourd’hui la prolifération à une échelle que notre planète n’a jamais connue, excepté lors de certaines catastrophes climatiques marquées par des extinctions majeures.
En 2004 déjà, le nombre de zones mortes avait été estimé à 150 dans le monde, alors que leur nombre était négligeable en 1970. Aujourd’hui, elles s’accroissent, non seulement en nombre mais surtout en superficie, d’environ 5% par an.
La pollution chimique n’est pas seule en cause, et il est admis que la turbidité de l’eau, autrement dit la perte de transparence causée par d’autres pollutions ou par son eutrophisation empêche la pénétration du rayonnement solaire, inhibant la photosynthèse planctonique et augmentant la carence en oxygène.
Après les premières zones mortes constatées dans la baie de Chesapeake (est des Etats-Unis) et dans les fjords scandinaves, d’autres sont apparues au large de l’Amérique du Sud, mais aussi dans les mers entourant le Ghana, la Chine, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Portugal et plus récemment de la Grande-Bretagne.
Si l’hypothèse biologique et chimique est bien la plus consensuelle, le réchauffement climatique joue aussi un rôle dans l’apparition de zones mortes. L’oxygène, en effet, se dissout moins bien dans une eau réchauffée que dans une eau froide, une élévation de température accélére donc la survenue d’une hypoxie.
Des espèces moins résistantes qu’on le pensait
« Les organismes marins sont plus vulnérables au manque d’oxygène qu’on ne le pensait jusqu’ici, en particulier les poissons et les crustacés », insiste Raquel Vaquer Suñer, de l’Institut méditerranéen d’études avancées (Espagne), auteur principale de l’article publié dans les Pnas.
Des estimations bien trop optimistes
La plupart des scientifiques estimaient jusqu’il y a peu qu’une zone morte pouvait se créer lorsque le taux d’oxygène contenu dans l’eau de mer descendait sous les 2 milligrammes par litre. Mais il apparaît aujourd’hui que certaines espèces souffrent bien plus de ce manque. Certaines larves de crabe vivant dans les eaux orientales des Etats-Unis et du Canada ressentent cette carence dès que le taux descend au-dessous de 8,6 mg/litre, soit à peine moins que le niveau normal pour la région.
Taux moyen d’oxygène dans l’océan mondial à une profondeur de 400 mètres. Les teneurs les plus faibles sont colorées en bleu, les plus élevées en rouge. Les six lettres A à F indiquent les endroits où les données ont pu être compilées depuis 1960. © L. Stramma et al.
Alors qu’il était difficile de différencier l’impact des pollutions chimiques de celui de l’hypoxie sur la faune aquatique, on a pu établir, par voie expérimentale notamment, que le manque d’oxygène se répercutait sévèrement sur les facultés reproductrice des animaux, par la voie de l’infertilité, mais aussi par la réduction de la taille des organes reproducteurs et du nombre d’œufs. Des phénomènes hormonaux sont aussi mis en évidence.
Les chercheurs font appel, via l’article du PNAS, afin que le taux considéré comme incompatible avec la vie marine soit relevé de 2 mg/litre à 4,6 mg/litre.
source : http://www.futura-sciences.com
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