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Tempête en eau profonde

Le projet européen de recherche ESOP-2 étudie les courants qui sont à la base du refroidissement permanent des eaux profondes de la mer du Groenland. Ce phénomène est important pour le climat européen parce qu’il favorise la remontée vers le nord du Gulf Stream. Le processus de formation des eaux profondes dans la mer du Groenland a également un impact sur l’environnement global car il entraîne vers les grands fonds une partie du carbone présent dans l’atmosphère, et l’empêche ainsi de contribuer à l’effet de serre.

Les importants processus physiques impliqués dans la formation des eaux profondes demeurent mal compris. Le projet ESOP-2 réunit des chercheurs de différentes disciplines et utilise un éventail de méthodes pour appréhender ce phénomène. Ainsi – et c’est là l’une des expériences les plus intéressantes de ce projet – les scientifiques ont-ils placé un traceur inerte à une profondeur de 300 mètres au milieu de la mer du Groenland. Les résultats obtenus en observant le cheminement du traceur ont dépassé leurs espérances car ils ont permis de découvrir deux mécanismes de la circulation des eaux jusqu’alors inconnus.

 

 

Les chercheurs ont eu la surprise de constater que des courants puissants transportaient rapidement les eaux « marquées » par le traceur, de 300 mètres jusqu’à plus de 3 km de profondeur, provoquant des tempêtes au niveau du fond sous-marin. En plus de cet important mouvement des eaux, l’équipe a également découvert un « effet de cheminée » localisé – des courants étroits qui emportent l’eau de la surface directement jusqu’au fond. Une « cheminée », détectée en mai 1997, entraînait, par exemple, l’eau de surface jusqu’à une profondeur de 2 km.

Les leçons du passé

L’étude des données qui renseignent sur les phénomènes du passé aide à prévoir le futur. Les mesures effectuées au cours des 100 dernières années montrent que l’environnement global évolue : nous avons diffusé dans l’atmosphère de grandes quantités de gaz – notamment le dioxyde de carbone – et tout indique que l’effet de serre qui en résulte peut conduire à un léger réchauffement de la planète. Toutefois, si les températures moyennes risquent d’augmenter, certaines régions pourraient en réalité devenir beaucoup plus chaudes tandis que d’autres se refroidiraient.

banquise

Des périodes semblables de réchauffement ont déjà été identifiées et les équipes utilisent ces données pour améliorer les modèles actuels de prédiction des changements climatiques.

Durant une période de réchauffement qui a précédé la dernière période glaciaire, plusieurs fragments se sont détaché de la banquise Atlantique, formant des icebergs qui ont dérivé vers le sud et ont fondu lorsqu’ils ont rencontré des eaux plus chaudes. Ces grandes quantités d’eau froide, libérées dans l’océan, ont alors perturbé les schémas de circulation des eaux et ont bloqué le transport vers le Nord des masses d’eau chaude du Gulf Stream. Cette perturbation a provoqué, durant un à deux millénaires, un important refroidissement de l’Europe septentrionale, qui fut cependant suivi d’un réchauffement rapide.

Ces événements lointains éclairent la situation actuelle : « L’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, due aux activités industrielles humaines au cours de ce siècle, entraîne une plus grande pluviosité dans les régions de haute latitude de l’Atlantique Nord et augmente à nouveau l’apport d’eau froide », explique Jean-Claude Duplessy. « Cela pourrait à nouveau repousser le Gulf Stream vers le Sud. »

source : http://ec.europa.eu/

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