Méditerranée : «un tsunami possible à n’importe quel moment»
La France travaille actuellement à la mise en place d’un système d’alerte opérationnel destiné à faire évacuer la population méditerranéenne en moins de quinze minutes en cas de tsunami sur la zone. Doté d’un budget de 14 millions d’euros, le Cenalt (Centre d’Alerte aux Tsunamis) est financé par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises. Figaro Nautisme a interrogé Régis Crépet, climatologue-géographe pour Météo Consult sur les risques que la côte méditerranéenne française soit prochainement touchée par un tsunami.
Figaro Nautisme – Y-a-t-il un risque réel de tsunami en Méditerranée au cours des prochaines années ?
Régis Crépet – La Méditerranée est une mer fermée au carrefour de trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Les mouvements tectoniques y sont fréquents et l’activité volcanique est particulièrement présente en Italie. Tous ces facteurs géologiques sont susceptibles de provoquer des tsunamis à des degrés divers. L’urbanisation littorale est de plus très dense sur le sud-est de la France, ce qui aggrave l’exposition des populations à ce risque. Le niveau d’exposition est donc qualifié de «modéré» dans la mesure où ce phénomène peut se produire à n’importe quel moment et affecter des zones qui ne sont pas forcément protégées. Entre 1980 et 2000, sur 157 tsunamis recensés, 138 se sont produits dans le Pacifique, 9 en Méditerranée, 5 dans les Caraïbes et 2 dans l’océan indien.
En cas de tsunami sur cette zone, quel est le scénario le plus probable ?
Le plus gros risque est lié aux tremblements de terre sous-marins ou sur les zones littorales. La côte algérienne, la Grèce et l’Italie sont les plus sismiques : une forte secousse sismique dans ces pays est susceptible de provoquer un mouvement de la mer, formant une onde qui se propagera en quelques dizaines de minutes seulement sur les pays riverains. Ainsi, il a été calculé qu’un séisme d’une magnitude de 5,8 sur l’échelle de Richter survenant en Afrique du Nord pourrait générer une onde de tsunami se propageant en une heure vers les côtes françaises : le sud de la Corse et surtout la Côte d’Azur pourraient alors voir déferler des vagues de quelques mètres, très puissantes compte-tenu de la profondeur de la mer à cet endroit.
Quel est le dernier tsunami qui s’est produit en méditerranée et quelles avaient été les conséquences ?
Un important glissement de terrain sous-marin s’est produit le 16 octobre 1979 pendant les travaux pour l’élargissement de l’aéroport de Nice dans les bouches du Var. Le tsunami qui a suivi ce glissement a provoqué des vagues de deux mètres qui ont inondé la zone côtière de Nice et ravagé le front de mer, poussant des bateaux dans les rues de la ville, et causant la mort d’une dizaine de personnes. Plus près de nous, en mai 2003, suite à un glissement de terrain sous-marin causé par le tremblement de terre de Boumerdes (Algérie), des vagues hautes de plus de deux mètres ont atteint les Îles Baléares. Des centaines de bateaux ont été endommagés par le déferlement des vagues sur l’archipel. Des vagues de quelques dizaines de centimètres étaient arrivées jusque sur le littoral français.
Comment estime-t-on la vitesse de propagation et la hauteur des vagues ?
Rappelons qu’un tsunami est un train de vagues créé le plus souvent par un séisme sous-marin ou une éruption volcanique. Après l’événement sismique, la mer se met en mouvement et des ondes peuvent se propager à la vitesse d’un avion de ligne, c’est-à-dire 800 km/h. En Méditerranée, cela signifie que les pays riverains seraient touchés en moins d’une heure, d’où l’intérêt de l’élaboration du système d’alerte du Cenalt. Au large, il faut savoir que la vague du tsunami passe quasiment inaperçue (quelques dizaines de centimètres), mais en approchant des rivages, surtout si la côte est plate et basse (comme celle du Languedoc), cela provoque d’abord un retrait de la mer (de 60 à 150 m), avant le retour brutal de vagues de plusieurs mètres de haut qui déferlent alors sur la côte, c’est ce qui s’est produit de Nice à Antibes en 1979. La force d’un tsunami est donc la conjonction de nombreux paramètres.
source : http://nautisme.lefigaro.fr/
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