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El Niño, messager du réchauffement climatique

Hiver doux en Europe et sur la côte est-américaine, vague de froid sans précédent au centre des Etats-Unis et en Californie, ces anomalies climatiques inquiètent l’opinion publique.

Mais quelles en sont les raisons et sont-elles un premier avertissement que nous adresserait la planète ?

La réponse à cette question se trouve vraisemblablement dans le phénomène climatique qui a été présent depuis aout 2006 à début 2007 dans le pacifique, El Niño.
Issu du mot espagnol « l’enfant » signifiant en l’occurrence « l’Enfant du Christ », ce phénomène est induit par l’apparition occasionnelle d’eaux chaudes dans l’Océan Pacifique, le long de la côte ouest-américaine et sud-équatoriale. El Niño se produit approximativement tous les deux à sept ans, habituellement autour de Noël, et dure habituellement de quelques semaines à quelques mois. Cette arrivée de courants chauds, qui se traduit par la raréfaction des poissons pélagiques, perturbe les vents (alizés) qui naturellement poussent les eaux chaudes vers le pacifique Est, y provoquant le phénomène de mousson bien connu. Le résultat d’El Niño dans ces régions du monde est une inversion des régimes climatiques, se traduisant par un air moite et chaud le long des littoraux du Pérou et de l’Équateur, responsable de fortes précipitations et d’inondations, et des hautes pressions générant une sécheresse et parfois de graves feux de brousse de l’autre côté du pacifique.

Et ce phénomène climatique aux conséquences catastrophiques n’est pas sans effet sur le reste du globe. La machine climatique est comme un puzzle dont les pièces n’auraient pas une forme ni une place définitive. La corrélation entre l’apparition d’El Niño et des hivers doux en Europe a été clairement établie par Jürg Luterbacher, climatologue de l’Université de Berne en Suisse, qui a étudié les fluctuations du climat durant les cinq derniers siècles. Invariablement depuis plus d’un siècle, on observe des hivers doux lors de ces épisodes climatiques. Dernier hiver ainsi perturbé : 1997-1998, l’année 1998 enregistrant des records de chaleur.

La corrélation explique les températures observées au cours des dernières semaines, mais doit pourtant nous alerter. En effet, dans ses conclusions sur les impacts régionaux d’El Niño sur l’Europe et le Bassin méditerranéen, Jean-Louis Ricard de Météo-France relève que cette corrélation n’est pas statique, mais en augmentation. En d’autres termes, El Niño influence de plus en plus fortement les climats européens. Il considère qu’ « il est possible que l’augmentation des corrélations entre l’Enso (NDLR : El Niño Southern Oscillation) et l’Europe dans la seconde moitié du XXe siècle ne soit pas uniquement due à une intensification des événements Enso, mais puisse être considérée comme une manifestation du changement climatique à l’échelle planétaire. Cette déduction est le fruit d’une simulation de l’impact de l’Enso sur l’Europe pendant l’hiver boréal dans deux cas de figures, se distinguant par un doublement de la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère. Les résultats semblent sans équivoque : les effets d’El Niño sur l’Europe sont renforcés par le réchauffement climatique.

Cet hiver est donc exceptionnellement doux, mais cela ne doit pas occulter le fait que « sur les trente dernières années, les températures de l’hiver ont globalement augmenté d’une façon anormale par rapport au passé, sans qu’on puisse l’expliquer par les seuls phénomènes solaires ou volcaniques », comme l’explique Jürg Luterbacher.

El Niño agirait donc comme un révélateur d’une évolution à la hausse des températures sur le globe. Cette situation inhabituelle devrait perdurer pendant les trois prochains mois. « Dans les années à venir, ces périodes de douceur vont devenir de plus en plus fréquentes et ne seront plus aussi exceptionnelles qu’elles peuvent l’être aujourd’hui », estime Michel Schneider, ingénieur de Météo France, qui considère que cet hiver chaud est « cohérent avec les effets attendus des rejets de gaz à effet de serre et accrédite la thèse du réchauffement climatique ».

Cette évolution lente, même si elle apparaît dans ce cas comme spectaculaire, masque les risques de bouleversements majeurs et soudains que pourrait nous réserver le changement climatique avant la fin du siècle. Car n’oublions pas que le climat à l’échelle du globe, est un mécanisme évoluant par effets de seuil. Ainsi, comme l’histoire de la Terre le montre, le climat peut changer radicalement en quelques dizaines d’années sur des zones immenses pouvant aller jusqu’à l’ensemble de la planète, et remettre en cause la survie de notre espèce. C’est cette incertitude, admise par l’ensemble des spécialistes du climat, qu’il convient de garder en mémoire, en ces jours de tiédeur hivernale.

A ce jour, El Nino a disparu au profit de la Nina…

sources : http://mediasfrance.org/ / http://www.lexpress.mu/ / http://www.agoravox.fr/

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