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Pourquoi le réchauffement climatique, ce n’est pas un problème pour la Terre

Pour le climatologue Gilles Ramstein, il n’y a jamais eu aussi peu de CO2 dans l’atmosphère et la Terre est actuellement dans une période froide. Pourtant, le scientifique n’est pas un climato-sceptique. Il reconnaît volontiers que, depuis quelques décennies, l’homme perturbe l’équilibre… Mais il n’est pas inquiet pour la Terre qui en a vu d’autres. Ce sont les hommes qui ne s’en remettront peut-être pas.

Gilles Ramstein travaille au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement aux côtés du célèbre Jean Jouzel, il était l’invité de Fabienne Chauvière dans Les Savanturiers dimanche dernier.

La Terre, la « petite planète bleue »… ça n’a pas toujours été le cas !

Gilles Ramstein explique qu’à l’échelle géologique, la Terre n’a pas toujours été un « petite planète bleue » :

« Quand on regarde aujourd’hui la terre de puis les images satellite, on a l’impression d’une planète bleue qui serait éternelle. A l’échelle géologique, la planète qu’on connaît aujourd’hui a été blanche, sporadiquement un peu orange, toute bleue, elle a été sans continents aussi… et elle a pris des couleurs vertes qui sont le signe de la biosphère terrestre. »

Depuis sa création il y a environ 4,6 milliards d’années, la Terre est régulée à des températures relativement chaudes. Il y a eu peu de périodes glaciaires. Cela peut nous sembler paradoxal aujourd’hui car nous avons l’habitude de voir des calottes de glace en Antarctique et au Groenland. Mais les dinosaures, qui ont vécu entre 120 et 65 millions d’années avant JC, n’ont quasiment pas vu de glace.

Explications : aux premiers temps de la planète, l’atmosphère avait une espèce de couverture terrestre sous forme de gaz à effet de serre (le CO2 et le méthane) qui ont protégé la Terre et régulé les températures. Quand ils se sont raréfiés, il y a eu des épisodes glaciaires massifs et la Terre est devenue blanche… mais seulement pour quelques dizaines de milliers d’années. Ce qui n’est qu’un accident au regard de ses 4,6 milliards d’années.

Nous vivons actuellement une période glaciaire, mais c’est une exception dans l’Histoire de la planète. Il y a 90 à 100 millions d’années, l’Antarctique s’est placé à la position qu’il occupe aujourd’hui. Ce n’était pas alors une calotte glaciaire : il y a avait des forêts. La densité de CO2, à ce moment là, était quatre à huit fois plus forte que ce qu’il y a aujourd’hui. Il faisait trop chaud pour que de la glace s’installe : la neige tombait l’hiver mais fondait l’été. Jusqu’à ce que le CO2 baisse suffisament pour que les températures d’été ne permettent plus de faire fondre la neige, qui s’est alors accumulée. Mais l’apparition de la calotte ne date que d’il y a 34 millions d’années : le processus a pris près de 60 millions d’années.

Il n’y aurait pas de problème de gaz à effet de serre, alors ?

Le problème du réchauffement climatique, pour Gilles Ramstein, ce n’est pas tant la quantité de gaz à effet de serre présente dans l’atmosphère : on a vu qu’elle était beaucoup plus importante il y a cent millions d’années, et cela n’empêchait pas la vie d’exister – il y a eu les dinosaures entre 120 et 65 millions d’années avant JC, puis les premiers grands primates sont apparus il y a 50 millions d’années.

Le problème, c’est la rapidité avec laquelle s’effectuent ce changement dans l’atmosphère : l’augmentation de la quantité de gaz à effet de serre et par voie de conséquence, le changement de température globale de la planète. C’est d’autant plus problématique que la densité de population approche aujourd’hui les neuf milliards d’individus : le changement dans l’atmosphère est d’autant plus rapide et fort que nous sommes nombreux.

Gilles Ramstein se veut – presque – rassurant :

Je pense que la calotte de glace de l’Antarctique et du Groenland ne vont pas fondre mais vont devenir franchement instables. Et leur instabilité créera des évènements abrupts.
Ce sera juste catastrophique, au sens où les catastrophes se succèderont (cf les « évènements ») – mais la vie perdurera. Ce qui sera plus difficile si les calottes glaciaires fondent en effet.

L’ONU rapporte que l’année 2014 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Et 2015 en prend le chemin. On parle actuellement d’une élévation de la température de + 1,5° par rapport à 1900. Pour Gilles Ramstein, ce n’est pas grave pour la Terre : elle a connu ces taux de CO2 la plupart du temps. Mais c’est dramatique pour les hommes, qui ne s’en remettront peut-être pas.

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TDF

source : http://www.franceinter.fr/

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