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La civilisation Maya aurait été terrassée par un volcan au V et VIe siècle

En menant une nouvelle étude, des scientifiques ont réussi à dater précisément une puissante éruption du volcan Ilopango appelée Tierra Blanca Joven. La catastrophe serait survenue il y a 1.590 ans et aurait tué une partie de la civilisation maya installée dans ce qui est aujourd’hui le Salvador.

Etendu sur quelque 70 kilomètres carrés, l’Ilopango est l’un des plus vastes lacs du Salvador. Il est situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale du pays, San Salvador, mais il ne s’agit pas d’un lac comme les autres. Perchée à 450 mètres d’altitude, cette étendue est ce qu’on appelle un lac de cratère. Ses eaux remplissent le cratère géant – ou caldeira – du volcan éponyme.

Si l’Ilopango ne s’est pas réveillé depuis le XIXe siècle, des recherches menées sur site ont montré que le volcan a connu une violente éruption entre le Ve et le VIe siècle. Cette catastrophe, qui serait à l’origine de la formation appelée « Tierra Blanca Joven », serait survenue alors que la civilisation maya était en plein essor en Amérique centrale. La date exacte demeurait toutefois inconnue, jusqu’ici.

Dans une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), une équipe internationale de chercheurs affirme être parvenue à dater précisément le réveil de l’Ilopango. L’éruption serait survenue il y a 1.590 ans et son impact aurait été dévastateur.

« L’éruption de la Tierra Blanca Joven (TBJ) du volcan Ilopango a déposé une épaisse couche de cendres sur le Salvador habité à l’époque par les Mayas […] Néanmoins, les impacts environnemental et climatique de cette grande éruption n’étaient pas bien connus parce que sa magnitude et sa date n’étaient pas déterminées« , écrivent les auteurs. C’est pour résoudre l’énigme que ces derniers ont mené une nouvelle enquête.

Dario Pedrazzi échantillonne dans un affleurement près de Tazumal. 
Crédits: Dario Pedrazzi

D’après leurs résultats, la catastrophe se serait produite vers 431 de notre ère, avec une incertitude de plus ou moins deux années. Et elle s’est donc révélée très violente. Le modèle créé par les chercheurs suggère que le volcan a éjecté entre 37 et 82 kilomètres cubes de magma dans les airs jusqu’à une altitude d’environ 45 kilomètres.

« L’éruption de l’Ilopango a été plus de 50 fois plus importante que celle du mont Saint Helens » survenue aux Etats-Unis en 1980, explique dans un communiqué Victoria Smith, archéologue de l’Université d’Oxford qui a dirigé les recherches. « Le flux pyroclastique a atteint un volume dix fois supérieur à celui du Vésuve dont l’éruption, en l’an 79, a préservé la cité romaine de Pompéi sous les cendres », a-t-elle ajouté.

Avec une telle puissance, les alentours du volcan n’ont pas été épargnés. Selon les estimations, ce sont plus de deux millions de kilomètres carrés qui se seraient retrouvés couverts d’une couche d’au moins un demi-centimètre de cendres en Amérique centrale. L’Ilopango aurait ainsi dévasté tout ce qui se trouvait autour de lui dans un rayon de 40 kilomètres, y compris les populations humaines.

Vue panoramique de la caldeira d’Ilopango à l’heure actuelle. Crédits: Dario Pedrazzi

Or, on sait qu’à cette époque la civilisation maya était en partie installée dans ce qui est aujourd’hui le Salvador. « L’explosion doit avoir tué tous les êtres vivants se trouvant dans les 40 km. Il n’a dû y avoir aucun habitant dans les environs durant de nombreuses années voire décennies », a avancé la spécialiste. Bien que dévastatrice à l’échelle locale, l’éruption ne semble toutefois pas avoir significativement impacté l’ensemble des communautés mayas.

L’an 431 correspond en effet à l’époque du Classique ancien, une période située entre 300 et 600 de notre ère durant laquelle les Mayas ont gagné en influence et érigé de nombreux monuments. Toutefois, le réveil de l’Ilopango semble bien avoir eu un impact à l’échelle global. Les chercheurs pensent qu’il a provoqué un refroidissement d’environ 0,5°C au cours des quelques années qui l’ont suivi.

« La dispersion modélisée et les concentrations de sulfate détectées dans les carottes glaciaires antarctiques indiquent que le refroidissement doit avoir été plus prononcé dans l’hémisphère Sud« .

Extrait et résumé de https://www.geo.fr/

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