Le CNRS découvre un champignon qui mange la pollution
Trois laboratoires** associés au CNRS, publient une étude qui prouve que le champignon filamenteux, « Podospora anserina » est capable de « digérer » des molécules polluantes en les modifiant chimiquement grâce à une de ses enzymes.
Le résultat est surprenant. Car d’après les scientifiques, « là où une autre espèce vivante aurait succombé, le champignon assimile le polluant et le transforme en un autre composé non nocif. Et le milieu s’en trouve assaini ». Cette découverte permettrait de purger les sols des nombreuses substances d’origine industrielle, suite aux quelques décennies d’agriculture intensive dans notre pays.
L’idée a germé lors de la rencontre de deux chercheurs. Philippe Silar explique à son confrère Jean-Marie Dupret à quel point les champignons représentent un incroyable réservoir d’enzymes aux propriétés étonnantes. Les scientifiques décident alors de tester la résistance de plusieurs espèces de moisissures à une classe majeure de polluants, les amines aromatiques. Deux d’entre elles survivent, ce qui signifie que ces champignons possèdent les enzymes leur permettant de mettre hors d’état de nuire ces composés aromatiques. Entre les deux rescapées, les scientifiques choisissent de concentrer leurs efforts sur Podospora anserina, déjà bien connue des laboratoires.
À partir de ce champignon, les biochimistes identifient, clonent et purifient une enzyme impliquée dans ces mécanismes de résistance, qu’ils nomment PaNAT2. Et les mettent à l’épreuve d’un dérivé de pesticide trouvé dans certaines terres agricoles, la 3,4-dichloroaniline (3,4-DCA). Lors de ces tests réalisés en milieu liquide, environ 45 % du polluant est dégradée par la souche normale de Podospora anserina au bout de trois jours, contre seulement 5 % par la souche mutée du champignon ! « Ces résultats sans ambigüité prouvent que la voie enzymatique de PaNAT2 est bien impliquée dans la capacité de ce champignon à se nourrir de certaines molécules aromatiques » assure Jean-Marie Dupret.
Mais avant d’imaginer des tests sur un champ entier, l’équipe de chercheurs doit encore éclaircir quelques points : comment produire ce champignon en grande quantité ? Est-il préférable de l’enfouir ou suffit-il de le déposer à la surface de la terre ? Etc.
Après ces études préliminaires, les scientifiques envisageront un partenariat pour tester la méthode en grandeur nature.
sources : CNRS / http://www.enerzine.com/
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