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Grégoire de Tours et le climat du VIe siècle

En ces temps reculés, les légendes s'appuient sur des faits et des contes de civilisations disparues. Ces civilisations ont souvent été victimes du climat. Quelles sont ces légendes ? Quelles sont ces civilisations ? Quelle sera la Survie dans notre Futur ?

Modérateur :cartesien66

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williams
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Re: Grégoire de Tours et le climat

Message par williams » 09 mai 2010, 21:03

florent76 a écrit :Merci beaucoup pour tous ces éléments Aliane !!!! Continuez si vous en avez d'autres, c'est extrêmement intéressant !

Je m'intéresse de près et depuis longtemps à l'Histoire du climat et le VIe siècle est un moment passionnant. Parce qu'en effet Grégoire de Tours nous a laissé de précieuses chroniques, mais également parce que des événements cataclysmique semble avoir eu lieu durant cette période !

Je me souviens d'un texte de Grégoire de Tours qui décrit visiblement d'après moi la chute d'un astéroïde sur la lune qui aurait été observé à l'époque et en 580 me semble t-il.

D'autres part, il semble d'après des études récentes que le Krakatoa ait explosé de même qu'il l'a fait des siècles plus tard en 1883. L'éruption aurait eu lieu en 535 environ et aurait perturbé le climat dans les années qui ont suivi avec un refroidissement notable. Certaines recherches vont même jusqu'à faire le lien avec de nouvelles invasions venues d'Asie où les pâtures auraient été gelées, ainsi qu'avec la poussée pesteuse dite de Justinien suite à l'abaissement de la température dans les foyers connus et endémiques du virus au sud de l'Egypte ce qui lui aurait permis de remonter vers le nord avec les flux commerciaux.
En plus du Krakatoa qui est entre en eruption le 20/02/535 avec un VEI de 6, voila que 5 ans apres il y a le Raung qui est entre en eruption aussi et en ejectant 11 millions de m2 de cendre... C'est a dire autant que le Pinatubo en 1991 avec un VEI de 6 aussi. Donc 2 eruptions volcaniques importantes avec un interval de 5 ans a un certain effet sur le climat.

Williams
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fabricejanssens
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Re: Grégoire de Tours et le climat du VIe siècle

Message par fabricejanssens » 10 mai 2010, 07:19

Super intéressant. En effet on y décrit parfaitement une chute d'un astéroïde avec tsunami à la clef :-|
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Aliane

Re: Grégoire de Tours et le climat du VIe siècle

Message par Aliane » 10 mai 2010, 07:51

Fabricejanssens fait allusion aux événements des années 585-587.

Déjà en 585, Grégoire de Tours accompagne le roi Gontran dans un long voyage qui les mène de Chalon sur Saône à Paris en passant par Nevers et Orléans. En juillet, avant le départ pour Paris :
Alors parurent des signes dans le ciel. On vit du côté du nord des rayons, comme il en avait déjà paru souvent. On vit une clarté parcourir le ciel, des fleurs se montrèrent sur les arbres, c’était alors le cinquième mois.
Des fleurs sur les arbres Ă  la saison des fruits ?
On a donc la mention d'aurores boréales fréquentes à nos latitudes, ce qui rend plausible l'hypothèse d'une perturbation du champ magnétique terrestre.

Lors d'un second voyage que je situerais volontiers encore en 585, le roi Gontran accompagné des évêques qui le conseillent se rend à Coblence. De là, pour rentrer à Tours, Grégoire passe par les Ardennes. Il arrive au château d'Ivois, actuellement Carignan. Cette fois l'aurore boréale est plus que grandiose :
Pendant mon séjour dans ce lieu nous vîmes, durant deux nuits, des signes dans le ciel. Il parut du côté du nord des rayons d’une si brillante clarté qu’on n’en avait pas encore vu de pareils, et des deux côtés, à l’orient et à l’occident, étaient des nuages de couleur de sang ; la troisième nuit ces rayons apparurent vers la seconde heure, et voilà, pendant que nous les regardions avec étonnement, que des quatre points du monde s’en élevèrent de semblables ; nous en vîmes tout le ciel couvert. Il y avait au milieu du ciel une nuée brillante où les rayons allaient se réunir à la manière d’une tente dont les plis, beaucoup plus larges par en bas, se réunissent par le haut en guise de faisceau et forment comme une sorte de capuchon ; au milieu de ces rayons on voyait d’autres nuages ou des clartés flamboyantes. Ce signe nous pénétra d’une grande crainte, et nous nous attendîmes à voir le ciel nous envoyer quelque plaie.
La deuxième heure de nuit est celle qui commence une heure après le coucher du soleil. Mais comme nous sommes encore sous le régime des heures romaines inégales, saisonnières, où l'on divise par 6 le temps compris entre le coucher et le lever du soleil, il faudrait déterminer exactement le moment de ce séjour à Ivois pour se faire une idée de la profondeur de la nuit.

Aliane

Re: Grégoire de Tours et le climat du VIe siècle

Message par Aliane » 10 mai 2010, 08:11

Et voici, en 586 probablement, la chute de météorite dont parle Fabrice :
Il y eut cette année de grandes pluies, et les rivières grossirent tellement qu’il arriva plusieurs naufrages ; et, sortant de leurs lits, elles enlevèrent les moissons voisines et couvrirent les prairies. Les mois de printemps et d’été furent si humides qu’on les aurait pris pour l’hiver plutôt que pour l’été.
Cette année deux îles de la mer furent consumées par un incendie allumé de la main de Dieu. Pendant sept jours les hommes et les troupeaux périrent brûlés. Ceux qui fuyaient dans la mer et se précipitaient dans ses abîmes, brûlaient au milieu de l’eau où ils se plongeaient, et ceux qui ne mouraient pas sur-le-champ étaient consumés par de plus cruels tourments. Toutes choses furent réduites en cendres, et la mer les couvrit de ses eaux. Beaucoup ont dit que les signes que nous avions vus, ainsi que nous l’avons rapporté, dans le huitième mois [octobre], lorsque le ciel nous parut ardent, n’étaient autre chose que la lueur de cet incendie.
Dans une autre ville proche de la cité de Vannes, il y avait un grand étang rempli de poissons, dont l’eau, à la profondeur d’une brasse, se changea en sang. Pendant plusieurs jours il se rassembla autour de cet étang une multitude innombrable de chiens et d’oiseaux qui buvaient ce sang, et le soir s’en retournaient rassasiés.
Quelles îles ? On pourrait penser au Morbihan puisqu'il cite Vannes dans la foulée mais ce n'est qu'une hypothèse. La description fait irrésistiblement penser à ce qui s'est passé en 1908 dans la Toungounska, avec une explosion de météorite ou de débris de comète en altitude et des effets analogues à ceux d'une explosion nucléaire mais ce pourrait être aussi du volcanisme sous-marin.
Le ciel ardent d'octobre pourrait bien être l'aurore boréale couvrant le ciel d'Ivois. En ce cas, l'événement daterait de l'automne 585.

Aliane

Re: Grégoire de Tours et le climat du VIe siècle

Message par Aliane » 10 mai 2010, 08:15

En 586, le réchauffement est patent :
Cette année beaucoup de signes apparurent ; on vit des arbres fleurir au septième mois [septembre], et plusieurs qui avaient déjà donné des fruits en produisirent de nouveaux, qui demeurèrent sur les arbres jusqu’au jour de la nativité du Seigneur. On vit des feux parcourir le ciel en manière de serpents.

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