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Voici la quantité de combustible fossile sur laquelle le monde est assis, et c’est une bombe à retardement

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Brûler les réserves mondiales restantes de combustibles fossiles libérerait 3,5 trillions de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit sept fois le budget carbone restant pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius, selon le premier inventaire public des hydrocarbures publié ce mois-ci.

L’activité humaine depuis la révolution industrielle, largement alimentée par le charbon, le pétrole et le gaz, a entraîné un réchauffement d’un peu moins de 1,2 degré Celsius et s’est accompagnée de sécheresses, d’inondations et de tempêtes de plus en plus violentes, amplifiées par la montée des eaux.

Les Nations unies (ONU) estiment que le budget carbone restant de la Terre – c’est-à-dire la quantité de pollution que nous pouvons encore ajouter à l’atmosphère avant de ne pas atteindre l’objectif de température de 1,5 degré Celsius fixé par l’accord de Paris – est d’environ 360 milliards de tonnes d’équivalent CO2, soit 9 ans aux niveaux d’émission actuels.

L’évaluation annuelle du déficit de production réalisée par les Nations unies l’année dernière a révélé que les gouvernements prévoient de brûler, d’ici à 2030, plus du double des combustibles fossiles qui seraient nécessaires pour atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius.

Mais jusqu’à présent, il n’existait pas d’inventaire mondial complet des réserves restantes des pays.

Le Registre mondial des combustibles fossiles vise à fournir des informations plus claires sur les réserves de pétrole, de gaz et de charbon afin de combler les lacunes dans les connaissances sur l’offre mondiale et d’aider les décideurs à mieux gérer leurs réductions progressives.

Le registre, qui contient plus de 50 000 gisements répartis dans 89 pays, révèle que certains pays détiennent à eux seuls des réserves contenant suffisamment de carbone pour épuiser le budget carbone mondial.

Par exemple, les réserves de charbon américaines renferment 520 milliards de tonnes d’équivalent CO2. La Chine, la Russie et l’Australie détiennent toutes des réserves suffisantes pour ne pas dépasser 1,5 degré Celsius, selon l’étude.

Au total, les réserves restantes de combustibles fossiles contiennent sept fois les émissions du budget carbone pour 1,5 degré Celsius.

« Nous avons très peu de temps pour nous attaquer au budget carbone restant », a déclaré Rebecca Byrnes, directrice adjointe du Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, qui a participé à la compilation du registre.

« Tant que nous ne mesurons pas ce qui est produit, il est incroyablement difficile de mesurer ou de réguler cette production », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Transparence et responsabilité
Le registre contient des données sur les émissions de chaque projet pétrolier, gazier ou charbonnier.

Sur les 50 000 champs inclus, la source d’émissions la plus puissante est le champ pétrolier de Ghawar, en Arabie saoudite, qui produit chaque année quelque 525 millions de tonnes d’émissions de carbone.

Les 12 sites les plus polluants se trouvent tous dans le Golfe ou en Russie, selon la base de données.

M. Byrnes a déclaré que l’inventaire pourrait contribuer à faire pression sur les investisseurs dans les pays disposant d’importantes réserves d’hydrocarbures, mais qu’il voyait peu de chances que la population se détourne des combustibles fossiles.

« Cela démontre simplement que c’est un défi mondial et que de nombreux pays qui sont de grands producteurs mais ne sont pas aussi démocratiques que les États-Unis par exemple – c’est là que la transparence entre en jeu », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Nous ne nous faisons pas d’illusions sur le fait que le registre débouchera du jour au lendemain sur une sorte de régime de gouvernance massive des combustibles fossiles. Mais il permet de faire la lumière sur les lieux de production des combustibles fossiles pour que les investisseurs et les autres acteurs puissent demander des comptes à leurs gouvernements. »

L’inventaire a également mis en évidence la grande variabilité du prix du carbone entre les pays, les taxes sur les émissions générant près de 100 dollars par tonne en Irak mais seulement 5 dollars par tonne en Grande-Bretagne.

Simon Kofe, ministre des affaires étrangères de Tuvalu, a déclaré que la base de données pourrait « aider à mettre fin efficacement à la production de charbon, de pétrole et de gaz ».

« Elle aidera les gouvernements, les entreprises et les investisseurs à prendre des décisions pour aligner leur production de combustibles fossiles sur la limite de température de 1,5 degré Celsius et, ainsi, à empêcher concrètement la disparition de nos foyers insulaires, ainsi que de tous les pays de notre communauté mondiale. »

© Agence France-Presse

Adaptation Terra Projects

Source : https://www.sciencealert.com/

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