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Un monde qui joue aux apprentis sorciers

Film La Planète des Singes : De Rupert Wyatt

De premiers embryons chimères homme-singe ont été créés. Des scientifiques ont cultivé durant trois à dix-neuf jours des embryons de macaques dans lesquels ils avaient ajouté des cellules embryonnaires humaines. Si ces travaux offrent, à terme, la promesse de progrès biomédicaux, notamment pour la médecine régénérative, ils suscitent un profond questionnement éthique.

Un pas symbolique vient d’être franchi en matière de recherches sur l’embryon. Certains parleront d’un risque de «transgression» ou de «brouillage des frontières» entre l’espèce humaine et les autres espèces animales. D’autres mettront en avant les perspectives de progrès scientifiques et biomédicaux ouvertes par ces travaux.

Plus précisément, elles ont introduit des cellules humaines dans des embryons de singe, qui ont ensuite été cultivés en laboratoire durant trois jours (pour l’équipe française) ou dix à dix-neuf jours (pour l’équipe sino-américaine). La première étude a été publiée le 12 janvier 2021 dans la revue Stem Cell Reports. La seconde, le 15 avril dans la revue Cell.

« Ces recherches n’ont pas vocation à faire tout et n’importe quoi. Nous sommes très conscients de leurs enjeux biomédicaux mais aussi éthiques », assure Pierre Savatier de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à Lyon, qui a coordonné l’étude française. Si le fameux article 17 était retenu, il autoriserait l’adjonction de cellules humaines dans un embryon ou un organisme vivant animal. En revanche, « nous sommes tous d’accord pour interdire le paradigme inverse, qui consisterait à injecter des cellules animales dans un embryon humain », insiste le chercheur.

Le groupe de scientifiques a réussi à créer 132 embryons comportant un mélange de cellules de singe et de cellules humaines. Objectif : pouvoir, un jour, produire des organes humains directement dans des élevages d’animaux, afin de pallier la pénurie de dons côté humains.

Souvenez-vous : en mai 2020, des scientifiques américains parvenaient à créer, pour la première fois, des embryons de souris composés jusqu’à 4 % de cellules humaines. Celles-ci s’étaient développées dans des tissus destinés à devenir le foie, le cœur, la moelle osseuse et le sang de la future souris, dont l’embryon avait survécu pendant 17 jours. À l’époque, le groupe de chercheurs affirmait dans la revue Science Advances que cette expérience avait « vocation à être reproduite », notamment pour pallier, à terme, la pénurie de dons d’organes de l’espèce humaine.

Une fois n’est pas coutume, les scientifiques ont tenu à répéter que leur objectif était de faire avancer la recherche pour répondre aux pénuries de don d’organes, et non de jouer les apprentis sorciers créateurs d’êtres hybrides « mi-homme mi-singe ». Objectif escompté : faire en sorte qu’un jour, il soit possible de produire des organes humains directement dans des élevages d’animaux, afin de pallier la pénurie côté humains.

Tout ceci rappelle étrangement le roman de Pierre Boulle, La Planète des singes, qui a été traduit dans de nombreuses langues et réimprimé très périodiquement depuis sa première édition en 1963. Plusieurs séries de films ont été tournés sur le sujet entre les années 1970 et 2000. Au delà du thème principal du racisme dans ces films, ici c’est toute une éthique qui se pose. Et si jouer aux apprentis sorciers préfigurait une évolution du genre humain ? Vers le transhumanisme…

Adaptation Terra Projects

sources : https://www.letemps.ch/ / https://www.lemonde.fr/ / https://usbeketrica.com/

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