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Selon une étude scientifique, les études scientifiques ne sont pas fiables

Des chercheurs américains ont reproduit une centaine d’études pour les vérifier. Résultat, moins de la moitié des contre-études sont arrivées aux mêmes conclusions que les recherches originales.
Des protocoles identiques, des échantillons similaires, mais des résultats différents. Une équipe de 270 chercheurs a tenté de reproduire des études de psychologie. Dans à peine 40% des cas ils sont arrivés aux mêmes résultats que les recherches originales, selon les conclusions de ce projet, baptisé «Reproducibility Project», publiées jeudi dans la revue Science.

Les études en question avaient été publiées initialement en 2008 dans trois revues scientifiques de référence (Psychological Science, the Journal of Personality and Social Psychology, et the Journal of Experimental Psychology), et traitaient aussi bien de comportements sociaux, de la perception ou de la mémoire.

Comment expliquer un tel décalage entre les études originales et leurs reproductions ? Le nombre de publications en plein boom, et la pression qui pèse sur les scientifiques qui cherchent de plus en plus à obtenir des résultats choc, plus susceptibles d’être repris dans les médias grand public, note le New York Times. Les chercheurs remettent en cause depuis quelques années cette course effrénée à la publication et à l’impact factor, indice qui mesure la popularité d’un article par le nombre de ses citations par d’autres chercheurs, expliquait Slate il y a quelques mois.

LA VALIDITÉ DES THÉORIES INITIALES PAS REMISE EN CAUSE

Attention, le «Reproducibility Project» ne conclut pas pour autant que les études concernées sont erronées, simplement que certains résultats sont exagérés. Très peu d’études ont d’ailleurs été contredites. Leurs résultats étaient simplement plus faibles, moins fiables, par exemple parce que les échantillons étaient trop petits.

«Il est important de noter que ces résultats assez décevants ne remettent pas directement en cause la validité des théories initiales», explique Gilbert Chin, psychologue et rédacteur en chef de Sciences, cité par l’AFP. Ce que nous apprenons, c’est que nous devrions moins faire confiance à beaucoup des résultats de ces expériences».

Pour Brian Nosek, co-auteur de l’étude et chercheur à l’université de Virginie, cela montre également que les scientifiques doivent constamment se remettre en question. Surtout que les résultats pourraient être encore moins concluants dans d’autres disciplines, y compris de sciences dites dures, comme la biologie cellulaire, les neurosciences ou la médecine clinique.

«Cette étude montre que nous avons un problème, mais nous pouvons tenter d’y remédier», estime de son côté Dorothy Bishop, professeur de développement neuropsychologique à l’université d’Oxford. Elle invite les chercheurs à travailler sur des échantillons plus représentatifs, à enregistrer obligatoirement leurs méthodes d’enquête en amont, et à publier les données récoltées, afin que leurs expériences puissent être reproduites plus facilement.

Ce type de démarche de vérification ne fait cependant pas l’unanimité dans la communauté scientifique, certains détracteurs pointant le fait que les contre-études, souvent réalisées par de jeunes chercheurs moins expérimentés, ne sont, elles, jamais vérifiées.

TDF

source : http://www.liberation.fr/

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