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Les forêts peuvent-elles se régénérer après un incendie ?

Sur le front des incendies de Gironde, en juillet 2022. — SDIS33/AP/SIPA - https://www.20minutes.fr/

Même après avoir été coupée et même brûlée, la forêt renait généralement de ses cendres. Mais le temps que cela prend est généralement long. Divers facteurs entrent en jeu lors de ce processus. Parmi ces facteurs figurent le climat, la situation géographique mais aussi l’action de l’Homme. 21 000 hectares de forêts ont brulé en Gironde ce mois-ci. Malgré cela, la faune et la flore se reconstruisent tant bien que mal.

LES CONSTATS APRÈS UN AN ET CINQ ANS D’INCENDIE
L’année dernière, un incendie a commencé à Gonfaron dans le Var et il s’est étendu au massif des Maures. Plus de 8 000 hectares ont été dévorés par les flammes dont 70 % font partie de la réserve naturelle de la plaine des Maures. Alain Monavon, chef du service Défense des forêts contre les incendies (DFCI) de l’ONF, explique à Radio France que la forêt s’est régénérée et les lieux sont devenus verts, mais elle n’a pas le même aspect qu’avant. La faune est aussi revenue mais certaines parties sont encore très marquées par l’incendie.

Il y a 5 ans, un incendie identique est déjà survenu dans la région du Var, mais plus au sud. L’incendie a emporté 1 600 hectares de forêt. D’après Alain Monavon, la forêt a depuis repris ses droits. Il est aussi difficile de localiser les passages des flammes puisque la majorité de la forêt est redevenue verdoyante. Mais bien que les arbres se soient régénérés par eux-mêmes, cela prend 20 à 30 ans pour qu’ils arrivent à l’âge adulte. Alain Monavon a aussi affirmé qu’en observant ces forêts, il n’est pas primordial de replanter des arbres après un incendie. Au contraire, il faut laisser le temps au sol de se reposer.

credit https://www.histoiresdepompiers.fr/2017/09/03/soupcons-dincendie-criminel-var/

Oui, mais…

Près de 25 000 hectares de forêts sont déjà partis en fumée depuis le début de l’été en France, dont 20 000 rien qu’en Gironde. Sur leur passage, les flammes détruisent souvent tout ce qu’elles y trouvent. Une forêt ravagée par un incendie repousse-t-elle comme avant ? Pas toujours, on vous explique.

La nature peut-elle reprendre son cours et les forêts se reconstituent-elles seules ? Ce n’est malheureusement pas toujours aussi simple.

« Dans les Landes, la régénération des forêts se fait souvent via des systèmes artificiels de plantation. Alors que dans le Sud-Est ou en Provence, par exemple, c’est beaucoup de la régénération naturelle », distingue Bernard Prévosto, écologue forestier à l’Inrae Aix-en-Provence (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), qui travaille lui-même sur la régénération naturelle des forêts. Suivant la région et le type d’arbres qui s’y trouvent, la méthode de régénération diffère. En cause, l’exploitation que l’on fera du bois ensuite et la résistance au feu de certaines espèces d’arbres et de végétaux.
« Ce processus prend du temps »

Bernard Prévosto souligne que les forêts du Sud-Est sont particulièrement résistantes au feu en raison du type d’arbres qui s’y trouvent. « Les systèmes de forêt que nous avons rejettent des souches, par exemple, qui peuvent se régénérer par les épis. Elles sont donc adaptées au feu, elles peuvent se régénérer naturellement. » C’est le cas, par exemple, du pin d’Alep, un résineux principalement implanté en Méditerranée. Cette essence présente la particularité de produire des cônes relativement résistants aux flammes, qui éclatent sous l’effet de la chaleur et propagent les graines.

Dans les régions où les essences forestières sont moins résistantes au feu, ou dans les exploitations où le type de bois doit être très calibré, la plantation est plutôt privilégiée. Les forêts de pins des Landes comme à La Teste-de-Buch ou Landiras, par exemple, sont majoritairement exploitées pour du bois d’œuvre ou d’industrie.

« Dans le Sud-Ouest, comme dans les Landes, on est plutôt sur des écosystèmes artificialisés. Les interventions humaines, comme la plantation, sont davantage mises en œuvre », précise Bernard Prévosto. Ce système présente un inconvénient, pourtant : la plantation coûte bien plus cher aux exploitants. Pousse en pépinière, transport, manutention… L’investissement peut vite devenir supérieur aux rendements.

« Replanter n’est pas nécessairement ce qu’il y a de plus efficace financièrement. Mais c’est ce vers quoi pousse l’industrie, analyse Minh Cuong Le Quan, le spécialiste de la résilience des forêts. Planter demande beaucoup de travail. Il faut faire pousser les petits plants, les apporter sur place, creuser, les protéger ensuite… »

« Il y a des espèces d’arbres plus ou moins sensibles à la sécheresse et donc l’Inrae fait ce qu’on appelle de la migration assistée, poursuit l’écologue. On implante par exemple des espèces du Sud plus résistantes à la sécheresse dans le Nord, qui commence aussi à subir des sécheresses. Voilà des expérimentations intéressantes. »

sources : https://dailygeekshow.com/ / https://www.ouest-france.fr/

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