Dernières Infos

L’éruption cataclysmale du volcan Tambora en 1815

Il y a 200 ans, l’éruption cataclysmale du volcan Tambora le 10 avril 1815. Le stratovolcan du Tambora est situé sur la pointe Ouest de l’île de Sumbawa, à l’Est de l’archipel indonésien. C’est un énorme stratovolcan de 60 km de diamètre avec au centre une caldeira de 6 km de diamètre et profonde de 600 m, formée lors de l’éruption cataclysmale de 1815. Le Tambora a eu de nouvelles éruptions en 1819, 1880 et en 1967.

L’éruption du millénaire

Les 10 et 11 avril 1815, après 7 mois de phénomènes précurseurs, une éruption paroxysmale (l’une des plus importantes de ses 10 000 ans) décapite le sommet du volcan. Le Tambora qui avait une altitude de 4 300 m, perd en quelques heures 1 500 m de hauteur (il culmine actuellement à 2 850 m). Des phases d’explosions violentes accompagnées d’émissions de nuages de cendres durent 24 h et le ciel s’assombrit durant 2 jours jusqu’à 600 km de distance de l’éruption. Le bruit des explosions est entendu jusqu’à 1500 km de là.

Selon les estimations c’est un volume de 150 à 175 km3 de pyroclastites (poussières et cendres) qui est émis. Près du volcan, l’épaisseur des dépôts atteint une trentaine de mètres, une superficie d’environ 500 000 km2 – soit la superficie de la France – est recouverte d’au moins 1 cm de cendres. L’extension géographique de ces dépôts est liée aux vents de la mousson qui soufflaient alors d’est en ouest : 550 km vers l’ouest, 400 vers le nord et 100 vers l’est. En mer, des îles de ponce et de cendres agglomérées pouvant atteindre 1 m d’épaisseur et plusieurs kilomètres de développement sont observées et comme pour l’éruption du Krakatau, en 1883, vont gêner pendant plusieurs années la navigation. La lave émise est une shoshonite, dont la caractéristique principale est d’avoir un caractère très potassique K2O = 6 % pour 55 % de SiO2.

Les nuées de cendres et de pyroclastites tuèrent 12 000 personnes. Ultérieurement, suite aux dévastations provoquées par l’éruption, 49 000 habitants des îles de Sumbawa et de Lombok moururent de la famine causées par les cendres qui détruisirent toutes les récoltes.

Les effets de l’éruption du Tambora sur le climat terrestre

Des poussières, des cendres et des aérosols gazeux furent projetés dans la stratosphère (20 – 30 km de hauteur) où ils sont alors transportés par les jets streams de la haute atmosphère. En l’espace quelques mois les poussières et aérosols se répandirent dans l’atmosphère terrestre ce qui provoquera des modifications climatiques pendant plusieurs années à l’échelle planétaire. Les premières observations en Europe sur les effets indirects de cette éruption concernent des phénomènes optiques observés à Londres entre le 28 juin et le 2 juillet, ainsi qu’entre le 3 septembre et le 7 octobre 1815. Durant ces périodes sont signalés des couchers de soleil prolongés et brillamment colorés – oranges ou rouges sur l’horizon, pourpres ou roses au-dessus. Ce phénomène nous est resté par les œuvres du peintre anglais William Turner (1775-1851), ce maître de la couleur fit des aquarelles remarquables de ces couchers et de levers de soleil en 1815 et 1816. Un autre Anglais, poète, Lord Byron écrivit une poésie sur cette éruption, Darkness.

Les nuages de poussière injectés dans la stratosphère (20-30 km d’altitude) eurent surtout, mis à part cette aptitude à sensibiliser les peintres, une influence climatique. En effet, ces aérosols, essentiellement constitués de fines gouttelettes d’un micron de diamètre d’acide sulfurique, vont absorber et disperser dans la stratosphère le rayonnement solaire. Cette diffusion est accentuée quand le soleil se couche ou se lève car le rayonnement solaire parcoure un chemin plus long dans l’atmosphère terrestre. Ces effets furent très bien étudiés suite à l’éruption du El Chichon en 1982 et surtout du Pinatubo en 1991. Des observations avaient déjà été faites lors de l’éruption du Krakatau en 1883.

Ainsi, avec l’éruption du Tambora il y eut un an plus tard, en 1816, une année sans été « The year without a summer ». En effet, cet été fut froid et pluvieux aux Etats-Unis et en Europe, avec pour conséquences des récoltes désastreuses à l’origine de famines. En France, le mois de juillet présenta un déficit de température moyenne mensuelle de 3 °C à Châlons-sur-Marne et à Paris, la pluviosité y atteint 2 à 3 fois la norme mensuelle calculée sur de longues périodes.

Cette éruption titanesque influença grandement le climat, conséquence directe de l’injection en haute atmosphère des 100 millions de tonnes d’aérosols produits. Ces derniers ont notablement modifié l’albédo de notre atmosphère en augmentant sa capacité à renvoyer vers l’espace l’énergie lumineuse du soleil et donc, les infrarouges qui apportent la chaleur.

L’année 1816 est ainsi connu comme « l’année sans été ». Eux Etats-Unis, des chutes de neige furent recensées en juin dans le Maine, vers New York. La glace était observée sur les lacs en plein été en Pennsylvanie. Les récoltes furent détruites avant même d’arriver à maturité sur la Côte Est, notamment en Massachussetts et au New Jersey.

En Europe des températures bien en-dessous des normales et de fortes pluies détruisirent des récoltes.

En Chine, les récoltes de riz furent calamiteuses en raison du froid. Des chutes de neige ont été recensées en plein été.

sources :  http://dominique.decobecq.perso.neuf.fr/ / http://www.meteo-paris.com/

(2070)