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L’année 775 où le ciel nous est tombé sur la tête

tempete solaire

tempete solaireCe serait l’année 775 de l’ère chrétienne, d’après une étude qui vient de paraître dans Nature et qui a trouvé une concentration anormalement élevée de carbone-14 dans les cernes de croissance d’arbres anciens (du Japon, d’Europe et d’Amérique du Nord) correspondant à cette année précise.

Le phénomène est enfin résolu…


 

De petites quantités de carbone-14 (aussi noté 14C) sont constamment produites dans la haute atmosphère terrestre, où le bombardement de rayons cosmiques transforme une partie de l’azote-14 — atomes d’azote dont le noyau est constitué de 7 protons (obligatoire pour que ce soit de l’azote) et de 7 neutrons — en carbone-14  — 6 protons et 8 neutrons. Les noyaux de 14C étant instables, un des neutrons finit par se retransformer en proton (50 % de chances après 5700 ans), ce qui ramène l’atome à sa case départ (14N). Comme le bombardement des rayons cosmiques est relativement stable et uniformément distribué, autour de 1 partie par 1000 milliards, la teneur de l’air en carbone-14 l’est aussi, ce qui en fait une excellente «horloge» pour dater les vestiges d’être vivants, car ce carbone radioactif entre dans la chaîne alimentaire en étant capté par les plantes lors de la photosynthèse. Les être vivants renouvellent ainsi constamment leur «stock» en fabricant des sucres ou en mangeant des plantes. En mesurant la radioactivité du 14C restant dans les vestiges d’origine biologique, on peut estimer le moment où l’organisme est mort, et donc a cessé de consommer cet isotope instable.

Or une équipe japonaise a mesuré une hausse de 1,2 % de la teneur des arbres en 14C dans les cernes de croissance correspondant à l’an 775, ce qui est environ 20 fois plus que la variabilité naturelle du carbone-14. Il faut donc, explique ce compte-rendu, qu’une source extraordinaire de cet isotope ait accru la teneur en 14C de tout l’atmosphère terrestre, mais bien malin qui trouvera de quoi il s’agissait. Il aurait fallu un énorme afflux additionnel de rayon gamma (une partie des rayons cosmiques à l’origine du 14C) provenant d’une supernova (une étoile qui meurt) ou d’une éruption solaire gargantuesque, mais ni l’un ni l’autre ne semblait vraisemblable.

Une équipe internationale d’astrophysiciens a repris toute l’enquête. Et leurs travaux, publiés récemment, révèlent qu’il n’y a plus besoin de faire appel à des phénomènes exotiques pour expliquer ce qui s’est passé en l’an 775. Ils ont démontré que les modèles utilisés par les japonnais étaient erronés, ce qui les a conduits à surestimer la puissance du phénomène d’un facteur de 5. A ces niveaux corrigés d’énergie, une tempête solaire redevient possible et s’impose par conséquent comme l’hypothèse de loin la plus probable. Même après réévaluation cette tempête solaire reste la plus violente jamais détectée de toute l’histoire. Si une grande partie de ce mystère est dévoilé, cela conserve tout son intérêt scientifique ». En effet, qu’adviendrait il d’une telle éruption si cela avait lieu aujourd’hui ?

« Un orage magnétique de cette ampleur pourrait nous mettre KO, » affirme Lika Guhathakurta, spécialiste en physique solaire de la NASA. « La société moderne s’appuie sur des systèmes sophistiqués tels que les réseaux électriques intelligents, les GPS, et les communications par satellite, qui sont tous vulnérables aux tempêtes solaires. »

Selon un rapport de 2008 de la National Academy of Sciences, un évènement solaire exceptionnel comme il en est recensé tous les cent ans pourrait avoir un impact économique égal à l’ouragan « Katrina » puissance 20 !Mais à notre époque moderne il en irait bien autrement. Les pannes en cascade des lignes à haute tension et transformateurs électriques intercontinentaux priveraient la Terre d’électricité pendant des semaines, voire des mois avant que les ingénieurs puissent réparer les avaries. La navigation aérienne et par bateau serait privée de GPS, les satellites seraient mis hors services, les réseaux bancaires et financiers s’arrêteraient de fonctionner, avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer pour le commerce, bref : un scénario catastrophe à l’ère du tout informatique.

Et un tel épisode ne serait que peu de chose face à une tempête solaire 20 fois plus puissante, comme celle qui pourrait s’être abattue sur Terre en l’an 775, selon le cosmologiste Adrian Melott, de l’Université de Lawrence (Kansas – Etats-Unis), et Brian Thomas, astrophysicien à l’Université Washburn de Topeka (Kansas – Etats-Unis). A l’époque, l’évènement n’a pas été catastrophique, vu l’absence de technologies, « mais dans notre cas, les victimes se compteraient par centaines de millions et l’Humanité ferait un bond en arrière de 150 ans… » souligne Adrian Melott.

Heureusement, nous avons des moyens d’atténuer les effets d’une tempête solaire majeure grâce à des protections intégrées et des mises hors tension automatiques des réseaux.

sources : Science & Vie / http://blogues.lapresse.ca

http://www.notre-planete.info

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