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Feux de forêt à l’origine d’un Tchernobyl 2.0 ?

400 hectares de forêt en flammes près de Tchernobyl – Un gigantesque incendie de forêt s’est déclaré mardi 28 avril 2015 en Ukraine dans la zone d’exclusion de la centrale. Celle-ci n’est pas menacée assurent les autorités, mais… « Le feu est à 15-20 kilomètres », a précisé à l’AFP une porte-parole du site, Maïa Roudenko, ajoutant qu’il n’y a « aucun problème là-bas ». Selon le service d’Etat des situations d’urgence, l’incendie s’est déclaré en début d’après-midi heure locale (vers 11 H15 heure de Paris), se propageant sur plusieurs centaines d’hectares. Plusieurs heures plus tard il n’était toujours pas maîtrisé malgré l’envoi de près de 200 hommes, de plusieurs véhicules d’urgence, un hélicoptère et deux avions An-32.

Néanmoins le chef des services des Situations d’urgence, Zorian Chkiriaka, a affirmé que « la situation est sous contrôle ». Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk s’est rendu dans la journée dans la zone pour rencontrer les pompiers, selon des images de la télévision.

« Je voudrais tout d’abord vous rassurer. La situation est sous contrôle », a-t-il, lui aussi, déclaré, de retour à Kiev, depuis l’aéroport de Jouliany. « Nos services des Situations d’urgence font tout pour arrêter la propagation de l’incendie », a-t-il ajouté. Peu auparavant, le ministre ukrainien de l’Intérieur Arsen Avakov avait souligné que la hauteur des flammes et « de soudaines rafales de vent » créaient une « grave menace de propagation ». Il a souligné que la situation en raison de ces rafales de vent avait « empiré » à partir de 18 H 30 (17 H 30 heure de Paris).

Pas de risque immédiat pour la centrale mais…

Selon lui, l’incendie touche une zone d’environ 400 hectares de forêt. Joint par l’AFP, un représentant de l’inspection d’Etat sur la réglementation nucléaire a déclaré que « le niveau de radiation au niveau de la centrale de Tchernobyl n’avait pas changé ». Toutefois, si cette dernière ne semble pas être directement menacée par les flammes, des questions demeurent quant au risque de remise en suspension des particules radioactives dans l’atmosphère.

En effet, lorsqu’en 1986 l’un des réacteurs de la centrale a explosé, provoquant une catastrophe nucléaire sans précédent, le plus gros de la contamination s’est déposé à proximité immédiate des bâtiments. Mais une quantité très importante de particules radioactives s’est également échappée; Celles-ci sont retombées à plusieurs milliers de kilomètres de là en Europe. Le danger que présente cet incendie est de remettre en suspension de ces particules, en quantité importantes dans les sols et la végétation, dans la zone d’exclusion de la centrale.

Une étude conduite par une équipe internationale de chercheurs et publiée en février 2015 dans la revue ESA (Ecological Society of America) avait conclu, d’après l’utilisation d’un modèle mathématique, que les grands incendies de 2002, 2008, et 2010 qui ont frappé l’Ukraine avaient renvoyé vers l’Europe près de 8% des particules radioactives émises lors de l’accident nucléaire.

À Tchernobyl, une dangereuse radioactivité se cache dans les arbres

Pendant 26 ans les forêts autour de Tchernobyl ont absorbé des éléments radioactifs, mais un incendie les projetterait de nouveau en direction du ciel – inquiétude due à des étés qui durent plus longtemps, qui sont plus chauds et plus secs.

Nikolay Ossienko patrouille presque tous les jours la forêt entourant la centrale nucléaire de Tchernobyl, enlevant des buissons et des arbres morts des traverses coupe-feu qui quadrillent une zone de 2600 km². Mais par les chauds après-midis de juillet, quand apparaissent à l’horizon de sombres nuages d’orage, il grimpe sur une échelle rouillée de 25 mètres pour atteindre un mirador. Quand il localise de la fumée, il envoie un message radio aux six autres tours pour leur préciser l’emplacement puis il se rend en camion sur le lieu de l’incendie.

« Notre travail n°1 est de préserver la forêt du feu », dit Ossienko, un ukrainien baraqué aux yeux bleus et au sourire chaleureux.

C’est un travail aux conséquences internationales. Pendant presque trente ans les forêts autour de la centrale nucléaire ont absorbé la contamination laissée par l’explosion du réacteur en 1986. Aujourd’hui le changement climatique et le manque d’organisation présentent une situation très embarrassante : si ces forêts brûlaient, du strontium 90, du césium 137, du plutonium 238 et autres éléments radioactifs seraient libérés, selon l’analyse des impacts sur la santé humaine d’incendies dans la zone d’exclusion de Tchernobyl menée par des scientifiques d’Allemagne, d’Écosse, d’Ukraine et des États-Unis.

tchernobyl

Cette contamination serait entraînée en altitude par les aérosols de la fumée, qui pourraient être inhalés, concluait cette étude de 2011. L’étude de 2011 a révélé que des jeunes femmes dans la vingtaine vivant juste à l’extérieur de la zone sont exposées au plus fort risque d’exposition à la fumée radioactive : 170 sur 100.000 ont un risque plus élevé de mourir d’un cancer. Pour des hommes plus loin à Kiev, 18 sur 100.000, âgés de 20 ans auraient un risque plus élevé de mourir de cancer. Ces estimations pâlissent en comparaison de celles dues à l’explosion de 1986, qui prédisent entre 4000 et plus d’un million de morts finales par exposition aux radiations.

Les pompiers eux-mêmes sont dévoués et travaillent dur, ajoute Zibtsev, mais ils n’ont pas beaucoup d’entraînement professionnel, de tenues de protection ou d’appareils respiratoires – l’équipement de base pour des pompiers américains ayant affaire à des matériaux dangereux. « Ils ne sont manifestement pas préparés pour une situation d’incendie majeur », dit-il.

Les Nations-Unies ont reconnu récemment la possibilité d’une autre catastrophe à Tchernobyl et ont monté un projet de développement durable de 20 millions de dollars prévu pour faire face à des incendies et autres problèmes d’environnement.

extraits et sources de : http://www.sciencesetavenir.fr/  http://bistrobarblog.blogspot.fr/ http://fortune.fdesouche.com/

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