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Et si l’homme avait foulé le sol de l’Amérique 100 000 ans plus tôt que ce que l’on croyait ?

Selon des scientifiques, des os de mastodonte cassés à l’aide d’outils de pierre laissent penser que des hommes se trouvaient en Californie il y a 130 000 ans, alors que jusqu’ici la présence humaine n’était avérée en Amérique qu’autour de -20 000 avant notre ère.

Le peuplement des Amériques ne s’est peut-être pas passé comme on le pensait jusque-là. Des scientifiques ont daté à 130 000 ans la présence humaine sur le continent américain. Des traces trouvées en Californie « indiquent qu’une espèce du genre homo [le genre auquel appartient l’homme moderne] vivait en Amérique du Nord 115 000 ans plus tôt que ce que nous pensions », explique Judy Gradwohl, présidente du Muséum d’histoire naturelle de San Diego, qui a piloté l’étude, publiée mercredi 26 avril 2017, dans la revue Nature (en anglais).

Si les résultats de cette découverte archéologique étaient confirmés par d’autres recherches, ils révolutionneraient la connaissance que nous avons du développement de l’humanité et de son peuplement de la planète.

Qu’ont trouvé les chercheurs en Californie ?

Il faut remonter au début des années 1990 pour comprendre cette étude. En 1992, avant le chantier d’extension d’une autoroute californienne, des paléontologues du Muséum d’histoire naturelle de San Diego mettent au jour les os fossilisés, des molaires brisées et une défense de mastodonte, un ancêtre de l’éléphant aujourd’hui disparu. A côté, se trouvent « de grosses pierres qui semblent avoir été utilisées comme des marteaux et des enclumes », précise le musée (en anglais).

Mais « les processus géologiques qui avaient déposé peu à peu le limon qui recouvrait les os ne pouvaient pas avoir aussi transporté jusqu’ici des pierres de cette taille », explique Tom Deméré. Leur présence suggère que des humains les ont apportées là.

« Cela ressemblait à un site archéologique, mais ça ne pouvait pas en être un ! », raconte encore le musée. « Des os et plusieurs dents prouvent clairement que des humains les ont volontairement cassés en faisant preuve d’habilité et d’expérience », explique Steve Holen, coauteur de l’étude, dans un communiqué du Muséum d’histoire naturelle de San Diego.

Comment sont-ils parvenus à cette datation ?

Il a fallu attendre 2012 et quelques avancées technologiques pour faire parler ces reliques. Longtemps muettes, elles ont pu livrer leur secret grâce à la méthode de datation par l’uranium-thorium. Au fil des années, l’uranium se désintègre pour se changer lentement en thorium. La méthode consiste donc à mesurer la quantité de ces deux éléments radioactifs présente dans les reliques.

Dans l’étude publiée par la revue Nature, l’équipe de chercheurs affirme avoir ainsi réussi à dater ces outils de pierre et les ossements du mastodonte, qui portent, selon les scientifiques, les traces d’une intervention humaine : « A 9 000 ans près, ces os, qui étaient encore frais quand ils ont été fracturés avec des outils en pierre, ont été enterrés il y a 130 000 ans », affirme l’équipe.

Cette nouvelle étude pourrait donc bouleverser ces théories. Car elle affirme que des humains primitifs ont dégusté un mastodonte en Californie plus de 100 000 ans avant ce que l’on pensait être la date de l’entrée du premier homme sur le continent. Ces hommes ayant laissé ces traces ne sont probablement pas des Homo sapiens, puisque ces derniers ne sont supposés avoir quitté l’Afrique qu’il y a environ 100 000 ans. A moins qu’ils l’aient quitté beaucoup plus tôt… Pour le moment, les chercheurs estiment que les traces retrouvées en Californie seraient plutôt celles de cousins disparus. Des Homo erectus, des Néandertaliens ou même des Denisoviens.

La méthode de datation suscite aussi des interrogations. Si elle a fait ses preuves pour les stalactites et stalagmites, « il est bien plus difficile de dater des os avec de l’uranium, parce que les os sont poreux et que l’uranium peut s’en échapper et y revenir en permanence », écrit le Guardian, citant un spécialiste de la datation à l’uranium, qui, sans nier la possibilité que la datation soit juste, assure qu’il « n’utiliserait jamais uniquement l’uranium pour dater des os, car il faudrait confirmer les résultats avec une autre méthode ». Cette découverte risque donc d’alimenter un débat passionné entre les scientifiques qui sont convaincus par les preuves apportées et ceux qui seront plus sceptiques.

extrait et source : http://www.francetvinfo.fr/

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