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Éruption volcanique à Hawaï: Les gaz toxiques plus à craindre encore que les risques d’explosion?

La menace numéro 1 du volcan Kilauea à Hawaï est bien l’émanation de gaz toxiques selon les scientifiques… Le Kilauea, l’un des cinq volcans de l’île d’Hawaï et l’un des plus actifs au monde, est entré en éruption depuis le 4 mai 2018 Dix-sept fissures ont été répertoriées sur le flanc est du volcan à 40 kilomètres du sommet dans une zone où il y a des habitations. La plupart se sont déjà éteintes mais d’autres continuent de déverser laves et gaz toxiques.

Surtout, les autorités locales mettent en garde contre les risques d’explosion au sommet des prochains jours. Mais la principale menace à ce jour, pour les habitants, est bien les émanations de gaz toxiques.

Décidément, le Kilauea n’en finit plus de faire des siennes. Le volcan, l’un des cinq de l’ île d’Hawaï, la plus grande de l’archipel, est entrée en éruption jeudi 3 mai 2018 et répand depuis des coulées de lave et des gaz toxiques via des fissures qui se multiplient sur ses flancs.

Et le pire est peut-être à venir, les scientifiques mettant en garde contre des risques d’explosions dans les prochains jours.

Peut-on parler d’un réveil du Kilauea ?
Non, « réveil » ne peut être un terme approprié quand on évoque l’un des volcans les plus actifs au monde. Avant ce jeudi 3 mai, deux éruptions étaient déjà en cours sur le Kilauea et depuis de longue date, explique à 20 minutes, Aline Peltier, directrice de l’ Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise sur l’ île de la Réunion et spécialiste des volcans dit de point chaud, comme l’est le Kilauea. « L’une a démarré en 1983 sur le flanc oriental du volcan et a donné naissance au cône volcanique Puu Oo, détaille-t-elle. Depuis cette date, cette éruption déversait fréquemment des laves en plus ou moins grande quantité suivant les années. En parallèle, une deuxième éruption est survenue en 2008, cette fois-ci au niveau du cratère au sommet du volcan, soit une quinzaine de kilomètres au-dessus du Puu Oo. Cette nouvelle éruption a formé un lac de lave devenu permanent. Ce lac a débordé à plusieurs reprises, mais toujours à l’intérieur de la caldeira, une vaste zone de dépression inhabitée car identifiée comme à risque.

Le jeudi 3 mai, de nouvelles fissures se sont ouvertes, toujours sur le flanc est du volcan, mais cette fois-ci très en aval dans une zone où il y a des habitations. « Elles sont situées à une quarantaine de kilomètres du cratère sommital et très en dessous également du Puu Oo, précise Aline Peltier. Des petites fissures s’étaient déjà formées ces dernières années sur le Kilauea mais elles restaient proches soit du cratère sommital soit du Puu Oo, si bien qu’elles étaient considérées comme des activités volcaniques secondaires résultantes des éruptions de 1983 et 2008. Cette fois-ci, on peut parler de troisième éruption. »

Le lac de lave au sommet se vide-t-il dans les nouvelles fissures apparues ces derniers jours ?
Le parallèle est tentant. Le 8 mai dernier, l’Observatoire hawaïen des volcans, rattaché à l’Agence américaine de géologie et de sismologie (USGS), notait que la surface du lac de lave [au sommet] a baissé de 128 mètres en quelques jours par rapport au sommet du cratère. En parallèle, depuis le 3 mai, dix-sept fissures sont apparues sur le flanc est du volcan, parfois sur près d’un kilomètre. Certaines de ces fissures se sont depuis éteintes, mais de la lave continue à jaillir d’autres.

Aline Peltier, elle, n’hésite pas à faire le lien. « Dès le 30 avril, l’USGS avait relevé une activité sismique importante au niveau du cratère sommital et au niveau du Puu Oo ainsi qu’une vidange du magma présent dans les deux lacs, raconte-t-elle. Tout porte à penser qu’une nouvelle fracture s’est ouverte en profondeur et que le magma a pu s’y engouffrer sur plusieurs dizaines de kilomètres vers la partie est du volcan et parfois donc remonter à la surface. »

La volcanologue invite d’ailleurs à regarder la position géographique des dix-sept fissures aujourd’hui relevées par l’USGS. Elles se succèdent les unes après les autres le long d’une ligne droite toujours plus basse et toujours plus proche de l’océan.

Faut-il s’attendre à des fortes explosions dans les prochains jours ?
C’est l’une des craintes majeures formulées par l’USGS et relayée par les médias américains. Certains évoquent de possibles explosions accompagnées de jets de projectiles de la taille d’un réfrigérateur. « Le risque existe, indique Aline Peltier. Mais pas au niveau des fissures, mais au sommet du volcan. » On parle d’explosions phréatiques. Elles sont la conséquence de la vidange du lac de lave. D’une part, la paroi du cratère peut se retrouver fragilisée si bien que des blocs de roche peuvent s’en détacher et tomber dans le lac de lave en contrebas. « Or ces blocs de roche sont froids et riches en eau, rappelle Benoît Villemant, professeur de géochimie à l’Université Pierre et Marie Curie. Quand de l’eau entre en contact avec un liquide à 1.100 voire 1.200° comme de la lave, cette vaporisation brutale peut engendrer des explosions. » « Cette activité magmatique intense multiplie aussi les possibilités de rencontre entre la lave du cratère et les nappes phréatiques alentours, ce qui est également une source d’explosion », ajoute Aline Peltier.

Si ces phénomènes sont possibles dans les prochains jours au sommet du Kilauea, « ils ne sont cependant pas aptes à engendrer des explosions de très grande ampleur, reprend Benoît Villemant. Globalement, les explosions catastrophiques de ce type sont très rares concernant les volcans de point chaud comme le Kilauea ou le Piton de la fournaise. »

Qu’est-ce que les Hawaïens ont le plus à craindre avec cette nouvelle éruption du Kilauea ?
Sans doute pas d’une explosion, d’autant plus que si elle survient, ce sera au sommet, loin donc de toute habitation. Ni vraiment des coulées de lave. Certes, les fissures donnent lieu à des images spectaculaires et les coulées de lave font des dégâts. Depuis le début de l’éruption, le 3 mai, elles ont détruit 36 sites dont plus de 20 maisons et poussées à l’évacuation de 2.000 personnes. « Mais ces fissures relâchent finalement assez peu de lave et celle-ci s’écoule relativement lentement, laissant le temps à la population de s’échapper à temps. »

En revanche, des émanations de gaz toxiques, du dioxyde de soufre en particulier, s’échappent de ces fissures. « C’est bien le danger numéro 1 pour la population vivant aux alentours du volcan », relève Aline Peltier. La course aux masques à gaz a déjà commencé sur l’île d’Hawaï, relatait ce lundi CNN. Problème : « Aucun des masques vendus en magasin ne vous protégera des gaz toxiques que rejette l’éruption volcanique actuelle du Kilauea », ont prévenu les autorités locales.

Pour ne rien arranger, « si l’éruption était relativement prévisible, avec la baisse subite du niveau du lac de lave au sommet du volcan, en revanche, il est bien plus difficile de déterminer la fin de cette éruption, indique Aline Peltier. Cela pourrait prendre plusieurs mois ».

source : https://www.20minutes.fr/

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