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D’étranges dents humaines découvertes dans le nord de la Chine

Ces dents pourraient avoir appartenu à un cousin asiatique de l’homme moderne dont nous ne savons pas grand-chose : l’homme de Denisova.

Ce sont de bien mystérieuses dents qui ont été découvertes à Xujiayao, dans le nord de la Chine. Mis au jour dans les années 70, ce site est riche de nombreux restes humains, dont un maxillaire ayant appartenu à un enfant âgé de 6 ans et demi. Ces dents sont connues depuis plus de trente ans, mais leur analyse récente par des chercheurs chinois et espagnols (Science Advances 16 janvier 2019) révèle d’étranges caractéristiques. Veilles de plus de 100.000 ans, elles se rapprochent des dents de population moderne.

Il y a un peu plus de 100.000 ans, notre ancêtre, Homo sapiens, entame sa marche qui le mènera à la conquête du globe. Les plus vieilles traces hors d’Afrique de nos ancêtres directs datent d’il y a 177.000 ans. 

Au cours de la Préhistoire, nos ancêtres ont cohabité avec d’autres espèces appartenant au genre Homo, dont l’Homme de Néandertal et l’Homme de Denisova. Ces espèces sont aujourd’hui éteintes, mais des indices de métissage entre eux et Homo sapiens subsistent encore dans notre ADN. Ainsi, les populations d’Europe et d’Asie partagent 2 % de leur génome avec Néandertal, tandis que près de 5 % du génome des peuples d’Océanie, en particulier d’Australasie et de Papouasie-Nouvelle-Guinée, vient de Denisova.

Si Homo sapiens n’est sorti d’Afrique que (relativement) récemment, d’autres populations, aujourd’hui disparues, occupaient l’Europe et l’Asie depuis plusieurs centaines de milliers d’années. Dans la plupart des cas, les fossiles sont trop différents pour être confondus avec ceux de nos ancêtres. «Mais dans le cas présent, les auteurs ne ferment aucune porte», analyse Clément Zanolli, paléoanthropologue à l’Université de Bordeaux et spécialiste de l’analyse des dents. «Les datations sont assez imprécises, mais on peut raisonnablement penser que ces dents ont plus de 100.000 ans. Il est vrai qu’en dehors des données sur le développement dentaire publiées dans ce nouvel article, la morphologie des dents de ce spécimen de Xujiayao est assez remarquable. Leur structure est assez complexe, avec de nombreux traits accessoires. Par rapport aux peu d’éléments disponibles, la morphologie des molaires supérieures du spécimen de Xujiayao semble être très similaire à celle des Dénisoviens.»

L’homme de Denisova n’est pas un de nos ancêtres mais, comme Néandertal, plutôt un cousin. De lui on ne sait pas grand-chose. Quelques restes (dont des dents) ont été découverts dans une grotte de l’Altaï en Sibérie. C’est essentiellement l’analyse ADN de ces restes qui a permis de comprendre son existence. Il devait peupler une grande partie du continent asiatique, quand l’homme de Néandertal peuplait l’Europe. «La difficulté c’est qu’il n’y a pas d’information génétique disponible pour les restes de Xujiayao», continue Clément Zanolli. «Pour déterminer l’appartenance d’un individu à un groupe donné avec des dents, il faut pouvoir comparer. Ce qui pour Denisova n’est pas évident, au vu du très faible nombre de restes parvenus jusqu’à nous.» Un manque qui place cette population au cœur d’une bataille entre scientifiques.

Plusieurs publications, menées par des chercheurs chinois, veulent voir dans la présence des nombreux ossements vieux de plus 100.000 ans un argument qui fragiliserait la théorie du out of Africa (nos ancêtres se sont développés en Afrique avant de conquérir les autres continents). Et qui pourrait faire de l’Asie (et de la Chine) un des berceaux, si ce n’est LE berceau de l’humanité.

L’existence de l’homme de Denisova est, elle, démontrée depuis 2010. De récentes études génétiques montrent même qu’une grande partie des populations océaniques et asiatiques modernes conservent dans leur ADN une petite partie de leur patrimoine génétique. Les premières populations d’Homo sapiens arrivées en Asie ont en effet côtoyé les dénisoviens et se sont donc reproduits avec eux. Pourtant peu de publications chinoises y font référence. «Je suis pour ma part persuadé que la quasi-totalité des squelettes découverts dans la région et vieux de 50.000 à 300.000 ans sont des restes de dénisoviens», explique Jean-Jacques Hublin. «Qu’Homo sapiens soit arrivé dans en Extrême-Orient il y a 100.000 ans ou plus reste possible. Mais je pencherais plutôt pour une arrivée précoce dans les zones chaudes du continent qui correspondent plus à ses habitudes de vie de l’époque.»

Autre chose de stupéfiant : La paléogénéticienne Viviane Slon n’en croyait pas ses yeux lorsque les résultats sont tombés. Elle se souvient s’être demandé sur le moment : « Qu’est-ce qui est allé de travers ? ». Elle a immédiatement regardé l’analyse. Avait-elle fait une erreur ? Se pouvait-il que l’échantillon ait été contaminé ?

Selon les données qu’elle avait en mains, le fragment d’os âgé d’environ 90 000 ans qu’elle avait analysé provenait d’une adolescente, dont le père était un homme de Denisova et la mère une femme de Néandertal. Les chercheurs soupçonnaient depuis longtemps que ces deux groupes d’hominidés cousins s’étaient accouplés : l’ADN des Hommes modernes et des hominidés anciens présente en effet des traces de leurs gènes. Mais aucun descendant d’un tel couple n’avait été mis au jour.

Viviane Slon, post-doctorante à l’Institut Max Planck à Leipzig, a alors prélevé un autre échantillon sur l’os. Le résultat était le même. Elle a réitéré l’opération à six reprises. À chaque fois, le résultat disait la même chose : l’ADN renfermé dans l’os provenait à quantité presque égale d’un Homme de Néandertal et d’un Homme de Denisova.

L’Homme de Denisova a intégré l’arbre généalogique de l’espèce humaine il y a peu et cet hominidé reste en grande partie un mystère.

Adaptation la Terre du Futur

sources : http://www.lefigaro.fr/ / https://www.nationalgeographic.fr / https://www.futura-sciences.com/

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